Le président du LS fixe le cap
Leen Heemskerk: «L'objectif sportif est clair: le top 6»

Avec quelles ambitions le Lausanne-Sport entame-t-il la nouvelle saison de Super League? Comment ne pas répéter les erreurs du passé? Blick a posé ces questions, et bien d'autres, en exclusivité à Leen Heemskerk, le président néerlandais du club de la Tuilière.
Publié: 10.07.2024 à 15:57 heures
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Dernière mise à jour: 11.07.2024 à 10:52 heures
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Bastien FellerJournaliste Blick

Où en est le Lausanne-Sport, à l'aube de la nouvelle saison de Super League? Quels sont les objectifs, quelle est la vision stratégique? Quel rôle jouera Stéphane Henchoz? Comment améliorer la culture de la gagne? Quel mercato cet été? Alvyn Sanches va-t-il partir? Donat Rrudhani va-t-il rester? Quel rôle joue la prise de pouvoir partielle d'INEOS à Manchester United pour le LS?

Les supporters du Lausanne-Sport attendent ces réponses avec impatience et, alors que les Pays-Bas disputent leur demi-finale de l'Euro ce mercredi, le président Leen Heemskerk a pris le temps, pour Blick, d'y répondre et d'aborder tous les sujets chauds. Le Hollandais le dit clairement: objectif top 6!

Le prochain volet médiatique de cette avant-saison aura lieu vendredi avec la présentation à la presse de Stéphane Henchoz et une rencontre avec Ludovic Magnin. Blick sera évidemment présent.

Leen Heemskerk ne veut pas que le LS se cache à l'heure d'entamer la nouvelle saison: objectif top 6, sans discussion.
Photo: Getty Images

Les ambitions du Lausanne-Sport pour la nouvelle saison

«On ne va pas se cacher et on le dit clairement: l'objectif est le top 6. Nous en avons parlé à l'équipe, nous le disons publiquement. On veut marquer des points d'entrée, s'installer dans ce top 6. C’est la place du Lausanne-Sport. Ce n’est qu’en étant régulièrement dans le top 6 que nous pourrons un jour lutter pour une place européenne. Et nous pouvons aussi y arriver en remportant la Coupe de Suisse.»

La saison écoulée et le maintien obtenu en fin de championnat

«Il y a eu plusieurs phases. Nous avions parlé d'un maintien confortable et c'est vrai que la température est un peu montée en fin de championnat! Je ne dis pas qu'il a fait très chaud, mais... En fait, avec du recul, nous avons bien débuté la saison, mais les points n'étaient pas au rendez-vous. Ensuite, il y a eu un creux, puis à nouveau des bonnes performances, qui ont failli nous amener dans le top 6. Nous l'avons manqué de peu! Ensuite, nous avons peut-être pris les choses un peu trop facilement lors des derniers matches et nous avons eu chaud. Mais globalement, le bilan est positif.

L'équipe avait le sentiment que nous pouvions faire mieux et ce sentiment est le bon. Nous l'emportons avec nous dans cette nouvelle saison avec un avantage: un grand nombre de joueurs, l’ossature de l’équipe, étaient déjà avec nous l’an dernier. Et honnêtement, si vous regardez notre effectif de la saison dernière et les performances, la plupart des joueurs, presque tous, peuvent encore s'améliorer. Ils le savent. C'est assez excitant pour nous. C'est une bonne base.»

Ce que le club doit encore améliorer

«Le côté mental. Il n'y a rien de mal à perdre un match, mais il faut gagner le suivant. On ne veut pas bien jouer et ne pas gagner. Peut-être devons-nous apprendre à jouer mal et à gagner, être plus concentré sur les points. Si vous voulez être dans les six premiers, vous devez évidemment prendre plus de points. Mais aussi plus régulièrement. La saison dernière, nous avons par moment su jouer plus bas, même si c'était un peu moche.

Cela tient aussi pour l'académie. Nos M17 ont perdu 8-0 après prolongations à l'extérieur en demi-finale retour après avoir gagné 4-0 à domicile face à Zurich. Je me suis dit 'Bon sang! Si vous menez 4-0 et que vous jouez à l'extérieur, garez le bus et ramenez la qualification à la maison!'. Idem pour nos M21 qui ratent les finales lors de la dernière minute du dernier match à Echallens. Je ne veux pas grossir le trait, mais ce club n'a rien gagné depuis 25 ans. Nous voulons donc gagner et apprendre à le faire. Ludovic Magnin est tout à fait sur cette longueur d'onde. Stéphane Henchoz aussi et, avec sa carrière de joueur, il doit aider le club dans ce sens. Je pense que Massimo Ceccaroni, qui fait maintenant partie de l'académie peut aussi apporter cette culture de la gagne avec son expérience à Bâle. C'est donc le grand objectif de cette année.»

Ludovic Magnin entame sa troisième saison à la tête du LS après avoir atteint les objectifs tant en 2023 (promotion) qu'en 2024 (maintien le plus confortable possible).
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Les relations avec Manchester United

«C'est encore très frais et pour l'heure, nous n'avons pas développé de relations professionnelle directe, je dirais, contrairement à Nice. Nous bénéficions des données de recrutement de Nice, qui nous indique lorsqu'un joueur pourrait être intéressant pour nous, mais pas de Manchester United. Mais nous pouvons leur demander des joueurs. Même si nous ne sommes pas intéressés par faire venir Antony ou Van de Beek (rires). Pour les jeunes, il pourrait y avoir des opportunités, mais nous ne pouvons pas offrir du temps de jeu à n’importe quel joueur. C'est quelque chose qui ne va pas de soi à Lausanne. Il faut être un très bon joueur pour obtenir une place de titulaire dans notre équipe. Il n'y a donc rien de concret là non plus. Mais peut-être plus tard.»

L'arrivée tardive d'un directeur sportif

«Cela fonctionnait très bien entre Tony Chauvat, Ludovic Magnin, Matteo Vanetta et moi. Nous cherchions donc quelqu'un qui puisse ajouter de la valeur et de la qualité tout en laissant à ces gars l'espace pour opérer dans leur dicastère respectif. Bizarrement, il a été difficile de trouver la bonne combinaison, quelqu'un qui aurait pu dire 'Je veux vraiment amener Lausanne à un niveau supérieur et travailler avec ces personnes-là'. Stéphane Henchoz est venu en tant que conseiller, dans un premier temps, et voulait voir comment cela fonctionnait. Il n'avait pas de lien hiérarchique direct. Cela a très bien fonctionné avec Ludo, Tony et maintenant avec Massimo pour l'académie. C'est un homme très avenant, ouvert, réfléchi, bien informé, très compétent. Nous avons fini par lui proposer le poste et il nous a dit qu'il aimerait rester à Lausanne. C'est une très bonne nouvelle. Il peut aussi apporter quelque chose aux joueurs. Pour un Gabor Szalai par exemple, qui vient d'arriver en Suisse, cela doit être agréable de pouvoir parler avec Stéphane à propos de son poste de défenseur central.»

L'entraîneur Ludovic Magnin, le responsable du recrutement Tony Chauvat et le directeur sportif Stéphane Henchoz. Les trois hommes ont été rejoints par Massimo Ceccaroni, nouveau directeur de l'académie.
Photo: Pius Koller

Le mercato d'été

«Nous avons déjà été actifs et nous sommes contents de ce que nous avons fait. Je pense que nos mercatos sont très bons, pour différentes raisons: nous savons très clairement ce que nous voulons et Ludo sait ce dont il a besoin pour l'équipe. Je pense que Tony Chauvat fait un excellent travail. Il peut compter sur le partage de données que nous avons avec Nice. Nous sommes donc bien informés sur ce qu'il y a sur le marché. Et le Lausanne-Sport reste très attractif pour beaucoup de joueurs. Ils aiment le championnat suisse, ils sont séduits par notre stade, nos infrastructures, etc. Ils voient aussi, bien sûr, les parcours des Archie Brown, Cameron Puertas, Dan Ndoye, Zeki Amdouni... En l'espace de six mois, Aliou Balde a décroché un énorme contrat avec Nice. Ils voient donc aussi cette opportunité. Lausanne peut leur permettre de grandir et est une bonne adresse pour un joueur aujourd'hui.

L'effectif est déjà bien garni, Ludovic Magnin est content des joueurs qu'il a à disposition. Mais nous regardons encore l'une ou l'autre position, bien sûr. Ne vous attendez pas à des annonces cette semaine, mais ce n'est peut-être pas tout à fait terminé. A l’image de Simone Pafundi, on nous propose aussi désormais des joueurs intéressants en prêt. Et puis, vous allez peut-être être surpris par l'intégration de jeunes joueurs très prometteurs venus de notre académie. Ils font partie du projet et je suis persuadé qu'il y a de quoi être satisfait à court terme.»

Le cas Alvyn Sanches

«C'est possible qu'il parte. Mais il n'y a aucune panique ou aucune urgence de notre côté, ni du sien d'ailleurs. C'est en quelque sorte le prolongement de ce que j'ai dit tout à l'heure. Beaucoup de joueurs ont encore un beau potentiel pour grandir avec cette équipe. Et dans le football, cela signifie aussi une augmentation de la valeur. Beaucoup de jeunes joueurs ont de longs contrats, comme Alvyn.

S'il part, cela doit être du win-win. Les conditions doivent lui convenir sur le plan personnel, et le championnat doit également lui donner envie. Le joueur doit laisser parler ses sentiments et dire qu'il veut vraiment partir ou pas. Et bien sûr, cela doit aussi être bon pour le Lausanne-Sport. Je ne vais pas dire combien nous en attendons, mais la réponse est: 'beaucoup de millions'. C'est un joueur très talentueux que j'aime beaucoup. Je pense qu'il mérite de jouer dans un grand championnat.»

Alvyn Sanches (21 ans) sera-t-il encore Lausannois dans les prochaines semaines? Pas sûr.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Les prêts de Simone Pafundi, de Donat Rrudhani et de Rares Ilie

«Simone Pafundi reste à Lausanne, il a signé un contrat pour 12 mois. Il n'est pas avec l'équipe actuellement, car il prépare l'Euro M19 avec l'Italie, mais il la réintégrera par la suite. Concernant Donat Rrudhani, nous avions la possibilité de le transférer de manière définitive à l'issue de son prêt, mais le prix demandé par Young Boys était un peu trop élevé. YB a dit qu'il devrait commencer la saison avec eux. Mais nous l'aimons beaucoup et il s'est beaucoup plu ici. Je suis certain que s'il ne trouve pas sa place là-bas en début de championnat, les discussions reprendront. Mais c'est un bon joueur, donc il aura aussi d'autres offres. En tout cas, si notre téléphone sonne dans les prochaines semaines à son sujet, nous décrocherons. Rares Ilie restera à Nice.»

La nécessité pour le LS de vendre à chaque mercato

«Je sais que nous ne sommes pas le seul club suisse qui doit avoir une balance commerciale positive à presque tous les mercatos. Nous avons une restriction: nos revenus ne sont pas suffisants pour couvrir nos coûts. Nous devons donc gagner quelques millions à chaque mercato. Nous y sommes déjà parvenus, même lorsque nous sommes descendus en Challenge League avec le départ de Zeki Amdouni par exemple. Je pense que tous les mercatos dans lesquels j'ai été impliqué ont dégagé un solde positif. Et nous devrons le faire à nouveau lors de cet été, que nous le voulions ou non, parce que les revenus ne sont pas assez importants pour l'instant. Aliou Baldé et Archie Brown sont partis en fin de mercato l'année dernière et cela nous a un peu fragilisé, mais cette année, nous serons mieux préparés en cas de grosses offres pour un de nos joueurs. Nous avons des plans A et des plans B. Nous avons appris de cette situation. Si une offre impossible à refuser arrive le dernier jour du mercato, et qu'elle convient au joueur, nous l'accepterons. Mais cette fois nous pourrons réagir immédiatement. De manière générale, nous ne devons pas nous laisser troubler à l’intérieur et à l’extérieur du club pour un départ de joueur.»

L'académie du Lausanne-Sport

«Il y a deux ans, nous avons élaboré un plan: nous devions intégrer davantage de nos propres joueurs dans l'équipe première. La structure Team Vaud est devenue à 100% la Lausanne-Sport académie. Nous avons donc procédé à quelques changements organisationnels. Cela a apporté beaucoup plus de clarté à tout le monde et je pense que c'est dans l'intérêt de tout le monde, même des autres clubs de la région. Il existe ainsi maintenant une académie très solide à Lausanne. Là où déjà l'année dernière, avec Matteo Vanetta, nous avons essayé de devenir l'une des meilleures de Suisse. Nous allons maintenant continuer avec Massimo Ceccaroni.»

Les affluences à la Tuilière

«Sincèrement, je ne comprends pas pourquoi n'arrivons pas à avoir plus de monde au stade malgré nos efforts. Je suis un peu surpris par la saison dernière, je le dis en toute honnêteté. Nous n'avons besoin que de 12'000 personnes à la Tuilière et nous sommes pleins. Donc je suis un peu surpris quand nous n'avons que 4000 ou 5000 personnes pour un match contre Lugano puis, une semaine plus tard, 12'000 face à Yverdon. Dans une ville en Hollande ou en Allemagne avec ces infrastructures, les matches seraient probablement pleins, avec 6000 abonnés. Nos billets de match coûtent pourtant le même prix qu'un apéro à Ouchy... Servette a aussi ce problème. Nous pourrions faire mieux en Suisse romande, nous avons un bon produit et ce sera encore une fois l'un des axes de travail cette saison. Le championnat est spectaculaire, nos matches aussi, et je suis persuadé que l'on peut faire mieux en termes d'affluence. Il y a un potentiel.»

Leen Heemskerk veut voir plus de monde à la Tuilière la saison prochaine.
Photo: keystone-sda.ch

Les fans de football en Suisse

«J'ai trois choses à dire à ce sujet. La première, c'est que j'aime beaucoup nos fans, dont les ultras. Ils apportent une belle ambiance dans le stade, c'est super de les avoir avec nous, ils font partie intégrante de notre club. La communication avec eux se passe bien.

La deuxième, c'est que je n'aime pas les torches, d'un point de vue sécuritaire. Quelqu'un perdra un jour un oeil ou une main et cela n'en vaut pas la peine pour du football. En Angleterre, ils ne peuvent pas faire ça, sinon ils se font arrêter immédiatement.

La troisième, c'est que nous devons être prêts au pire et que nous devons apprendre à gérer la violence, qui est inexcusable et inacceptable, mais parfois réelle. Il faudrait qu'il y ait plus de dialogue et moins de décisions irrationnelles prises par les autorités, comme celles prises après le match face à Servette. Nous avons été pénalisés face à Saint-Gall, en nous retrouvant dans une situation vraiment décevante et contre-productive avec une billetterie fermée et le manque du soutien de nos fans, alors que ceux de Saint-Gall ont pu venir. Nous devons trouver un chemin pour parler avec tout le monde et prendre de bonnes décisions, basées sur la réalité.»

L’engagement d’Ineos au LS

«Je comprends que les gens se posent la question, c’est normal quand un privé détient un club et peut partir à tout moment. Mais aujourd’hui, je peux affirmer que ce n’est pas d’actualité et il y a une chose dont je suis sûr, c’est que Jim Ratcliffe ne décidera pas de vendre un matin et de partir le soir en laissant tout en plan. Ce n’est pas sa philosophie, pas sa mentalité. On construit l’avenir et une partie de mon travail est de faire en sorte que le club se porte bien et que, le cas échéant, il soit dans un bon état au moment du départ, avec la possibilité de se pérenniser. Mais je le redis, ce n’est pas d’actualité. Jim aurait pu tout lâcher lorsque le LS est descendu en Challenge League, cela aurait été très simple. Il ne l’a pas fait.»

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
2
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
3
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
4
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
5
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
6
FC Sion
FC Sion
6
4
10
7
FC Lugano
FC Lugano
5
3
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
5
-6
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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