Le roi du coup-franc
Samuel Kalu: «Comme à la maison dès le premier jour»

Le Nigérian a déjà conquis tout le monde au Lausanne-Sport, alors qu'il n'est pas encore prêt sur le plan physique. Déjà buteur à deux reprises sur coup-franc direct, le Super Eagle dévoile pour Blick les dessous de son arrivée, dont le rôle joué par Noë Dussenne.
Publié: 08.11.2023 à 18:23 heures
|
Dernière mise à jour: 08.11.2023 à 18:30 heures
Tim Guillemin

Le Lausanne-Sport avait besoin d'ailiers? Fousseni Diabaté et Samuel Kalu sont arrivés! Si le Franco-Malien a besoin d'encore un peu de temps pour exprimer ses qualités, le Nigérian (17 sélections avec les Super Eagles) s'est déjà montré décisif, alors qu'il n'est pas encore prêt à 100% physiquement. Prêté par le club londonien de Watford, l'ailier de 26 ans a débuté par un coup-franc direct face à Stade-Lausanne-Ouchy, puis a enchanté la Tuilière contre Lugano, réussissant un improbable «triplé» sur coup-franc direct: poteau, passe décisive et but!

Comment l'ancien attaquant de Bordeaux se sent-il à Lausanne? Quel est son système préféré? Parle-t-il bien le français? Blick l'a rencontré à la Tuilière après l'entraînement du matin, alors que se profile le derby à Yverdon samedi, sur une pelouse potentiellement compliquée.

On savait que tu étais un excellent dribbleur, mais on était passé à côté de l'information que tu étais un maître ès coup-francs. C'était un talent caché?
Tu ne regardes pas assez l'équipe nationale du Nigéria alors (rires). J'en ai tiré quelques-uns avec les Super Eagles, et à Bordeaux aussi de temps en temps. Mais à Watford, c'est vrai que ce n'était pas le cas. Tu ne pouvais pas approcher du ballon, c'était chasse gardée, le coach avait ses tireurs en tête. Je n'ai jamais eu le droit (sourire).

L'ailier nigérian a déjà inscrit deux coup-francs directs en quatre titularisations cette saison.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Watford, justement, où tu arrives en 2022. C'est le rêve de tout jeune Nigérian de découvrir la Premier League, non? Tu devais être comme un fou...
Ah oui, c'est sûr. Chez nous, tout le monde suit le football anglais. Un rêve de gosse, c'est exactement ça. Après, voilà, on a été relégués et on s'est retrouvés tout de suite en Championship, un championnat très dur, très exigeant. On a essayé de remonter tout de suite, mais on n'y est pas arrivé.

Et toi, tu as eu ta blessure, et te voilà à Lausanne pour retrouver tes sensations, on peut le dire ainsi?
Oui, c'est ça. J'ai été très bien accueilli ici, j'ai découvert un très bon club, très bien organisé. Mais au-delà de ça, j'ai senti que Lausanne me considérait comme un joueur important dans le groupe. Ils m'ont fait sentir comme à la maison dès le premier jour.

Tu connaissais qui? Fousseni Diabaté?
On s'était croisés sur les terrains quand j'étais à Bordeaux et lui à Amiens, mais on ne se connaissait pas spécialement. Mon contact dans l'effectif, c'était Noë Dussenne, il a contribué à ma venue, en plus de la direction du club évidemment. Noë et moi on se connaît de La Gantoise, on était coéquipiers et il m'a beaucoup dit cet été que je devais venir à Lausanne. Il m'appelait, il me disait: «Viens, viens, viens!». Je dois dire que sa présence a beaucoup facilité ma venue.

C'était lui le lien, alors?
On peut le dire comme ça, oui.

Tu vois Lausanne comment? Une parenthèse dans ta carrière anglaise? Un tremplin? Tu te vois rester à la fin de ton prêt?
Oh, je ne sais pas, franchement. Aujourd'hui, je ne me pose vraiment pas ce genre de questions, tu sais. Je suis concentré à fond sur le fait de retrouver mes sensations et d'aider le club à atteindre ses objectifs. Ce n'est vraiment pas le moment de penser à autre chose.

Le Super Eagle explique devoir encore s'adapter au synthétique, une surface nouvelle pour lui.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Tiens, au fait, on fait cette interview en anglais, mais tu parles bien français après tes quatre ans à Bordeaux et ton année à La Gantoise?
Oui, oui, pas mal. Mais je l'ai un peu perdu en allant à Watford. Là, je le retrouve petit à petit, je parle français dans le vestiaire avec les copains, ça va revenir!

Avant d'arriver à La Gantoise, tu as débarqué en Slovaquie. À Trencin, un club partenaire de ton académie, où tu as remporté le titre de champion dès ta première saison. Comment as-tu vécu cette arrivée en Europe? Tu avais 19 ans, tu sortais du Nigéria pour la première fois...
Comme première étape, c'était idéal, sincèrement. J'ai marqué tout de suite, je m'y suis senti bien. Je n'ai pas hésité, parce que j'avais des exemples de joueurs nigérians qui y étaient passés avant moi, comme Simon Moses ou d'autres. Pour franchir le pas du football professionnel après mon académie au Nigéria, c'était top.

Le Nigéria est un pays fou de football, qui produit tellement de bons joueurs... Tu as toujours voulu jouer au foot?
Depuis tout petit! Je n'avais rien d'autre en tête. Tu l'as dit, le Nigéria est une immense nation de football.

Tu aurais fait quoi si tu n'étais pas devenu footballeur professionnel?
Honnêtement? Aucune idée (rires)!

Les plus anciens se rappellent de Rashidi Yekini. Il y a eu Nwankwo Kanu ensuite, Victor Ikpeba... Aujourd'hui, Victor Osimhen. L'héritage des attaquants dans ton pays, c'est quelque chose! Pourquoi tous les petits Nigérians veulent-ils jouer devant?
C'est vrai, il y a une très longue tradition. Si on commence à compter les attaquants, on ne va jamais s'arrêter, ce serait beaucoup trop long. C'est comme ça, c'est une longue lignée qui se poursuit. Chaque jeune veut marcher dans les pas de son aîné, les générations se succèdent et cette tradition perdure. Mais je dois te dire que la mentalité a un peu changé quand même.

Comment ça?
Aujourd'hui, les statistiques ont pris une importance trop grande. Elles occultent un peu tout le reste et comment tu joues, ce que tu apportes à l'équipe. Mais cela n'enlève absolument rien au fait qu'il y a tellement de talent en attaque chez nous...

Justement, tu penses encore à la sélection? Ou aujourd'hui, il faut jouer à l'AC Milan ou au Napoli pour être appelé?
Le sélectionneur m'assure qu'il continue à me suivre, même depuis que je suis sorti de l'équipe à cause de ma blessure. Pour répondre à ta question, c'est clair que c'est plus facile d'être appelé en jouant dans une équipe des cinq grands championnats, mais en vrai, je pense que ce n'est pas important où tu joues, ni dans quel pays. Ce qui compte, c'est ce que tu peux apporter à l'équipe.

«
Je sors d'une saison où je n'ai pas beaucoup joué à Watford, donc je dois gagner de la confiance et du rythme.
Samuel Kalu
»

Mais pour la Coupe d'Afrique des Nations en janvier, cela risque d'être un peu juste tout de même pour toi, non?
Ah mais complètement, il faut être réaliste. Je n'y pense d'ailleurs pas du tout, pour tout te dire. Aujourd'hui, je dois enchaîner les matches et rester concentré à 100% sur Lausanne, sans penser à rien d'autre que d'être performant. Tout le reste est très loin de mon esprit.

Tu n'as pas joué en Coupe contre Lugano, c'était ta volonté de te ménager?
Me ménager, ce n'est pas le bon mot. Je sors d'une saison où je n'ai pas beaucoup joué à Watford, donc je dois gagner de la confiance et du rythme. La Coupe c'était important, je le sais bien, mais cela aurait été contre-productif pour moi d'enchaîner sans récupération entre les matches. C'est une question de temps, pas de souci.

Surtout sur synthétique, non? C'est nouveau pour toi?
Oui, mais je m'adapte. Je n'avais jamais connu cette surface, mais je suis là depuis plus d'un moins maintenant, je m'habitue.

Tu as parlé des objectifs du LS, que ton coach définit comme «s'établir en Super League». Tu la vois comment toi, cette équipe du LS?
Oh, pour être franc, on a une très bonne équipe. L'attaque, la défense, le milieu... On est solides partout, je trouve. Après, ce qui manque, à mon avis, c'est la mentalité absolue de vaincre.

Concrètement, ça veut dire quoi?
Il y a des matches durant lesquels on mène au score et on se fait rejoindre... Ça m'énerve (sourire). On doit inculquer cette mentalité victorieuse. Parfois, ce n'est pas assez, tout simplement.

Le top 6, tu y crois?
Oui. À 100%. On peut le faire.

Ludovic Magnin a décidé depuis le début de la saison de jouer en 4-3-3, un système parfaitement adapté à tes qualités d'ailier. C'est le système que tu préfères?
Oh oui. Je suis un ailier, c'est clair, c'est dans ce système que je me sens le mieux, de très loin, mais je peux jouer en tant que deuxième attaquant dans un 4-4-2 par exemple. Je m'adapte, pas de souci. Mais si tu me poses la question, c'est 4-3-3, c'est sûr.

Au fait, Lausanne, la ville, ça te plaît?
Oh oui, c'est joli. C'est différent de Londres, un peu plus tranquille (rires).


Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la