Ludovic Magnin, coach du LS
«La force d'une institution se voit dans les moments difficiles»

Ludovic Magnin a le sourire ces temps, son LS venant de remporter sept points en trois matches. Il explique n'avoir jamais eu la tentation de changer de cap et se dit reconnaissant de la stabilité et du soutien du club derrière lui.
Publié: 01.11.2023 à 13:25 heures
Tim Guillemin

Ludovic Magnin était heureux de la prestation de son équipe face à Bâle, que ce soit celle des titulaires ou des entrants, lesquels ont tous amené quelque chose. Voilà donc le LS enfin lancé dans ce championnat de Super League, alors que se profile le double duel face à Lugano en Coupe et en Super League, ce mercredi et ce samedi. Avant cette confrontation excitante, l'entraîneur du LS a pris le temps de faire le point et de rappeler certaines vérités.

Vous comptez désormais douze points en douze matches et vous avez enfin quitté la zone rouge. À quel point est-ce important psychologiquement?
On est le néo-promu, il ne faut jamais l'oublier. On n'est pas entrés dans ce championnat avec le nombre de points que l'on voulait. On le sait. Mais maintenant, ça fait trois matches qu'on les fait, ces points. Les gars commencent à être récompensés pour tout le travail effectué. Quand tu mets en place un plan de match et qu'il fonctionne, que les joueurs l'appliquent sur le terrain et que le match est gagné, ça te fout la banane. On a un groupe de qualité, qui vit bien, mais rien ne remplace les victoires.

Pourtant, vous avez su relever la tête, même lorsqu'elles ne venaient pas.
Oui, mais il fallait qu'elles arrivent. C'est le plus important au niveau psychologique, parce que même quand tu joues bien, que les gars n'ont pas peur de prendre le ballon, tu ne fais pas de points. Ces temps on a le sourire, mais on n'a pas le temps de nous endormir là-dessus, on reçoit deux fois Lugano en quatre jours.

Ludovic Magnin et le LS reçoivent deux fois Lugano en quatre jours cette semaine.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Avez-vous hésité à tout changer, voilà quelques semaines, en constatant que les points ne venaient pas?
Ce n'est pas seulement moi! Il y a toujours cette image au Lausanne-Sport selon laquelle c'est moi qui décide de tout… Ce n'est pas du tout le cas, je le répète! On est vraiment un bon groupe, que ça soit dans la commission des transferts, dans la commission sportive… Et je crois que le plus important, c'est toujours la personne qui est le plus haut dans le club, c'est notre président Leen Heemskerk. Il n'y a actuellement pas plus cool que lui et ça nous donne cette sérénité et le soutien nécessaire. Une victoire 3-0 contre Bâle, elle est aussi pour lui et ça me fait très plaisir. On voit son expérience de manager des hommes, cela fait des années qu'il le fait chez INEOS.

Mais tout de même, on a souvent fait le constat que le LS jouait bien, mais manquait de constance et de réussite. Il y a tout de même eu un déclic contre Lucerne, non?
Il nous fallait du temps. Je le répète, on est un néo-promu, qui avait deux choses à digérer: la montée et le mercato.

C'est fait maintenant?
Le mercato s'est fait en deux temps, avec deux joueurs très importants qui sont partis le dernier jour. Je vous le dis franchement et ce n'est pas un aveu de faiblesse: il fallait surmonter cela. Les joueurs qui sont venus sont des joueurs de qualité, mais qui n'avaient pas joué depuis des mois ou des années. Ils ont donc besoin d'un peu de temps pour se mettre en forme, pour pouvoir faire le nombre de kilomètres nécessaires, pour avoir la caisse physique pour enchaîner les sprints, c'est normal, c'est le football moderne. Aujourd'hui, je suis très content de mon équipe, mais il ne faut surtout pas s'endormir sur nos lauriers.

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«Dans le passé, des entraîneurs sont venus, sont partis… et ce n'était pas tout le temps eux les fautifs!»
Ludovic Magnin, coach du Lausanne-Sport
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Mais vous auriez pu changer de tactique quand les points n'étaient pas là, paniquer, demander un attaquant supplémentaire à votre président… Quelque part, ces sept points en trois matches ne viennent-ils pas valider le fait d'être restés calme?
Bon, pour le 4-3-3, c'est un choix effectué avec le président, parce qu'il est Hollandais, il aime les ailiers (rires)! Au-delà de la blague, tu ne peux rester calme dans un club, en tant que coach, que si tu sens que tout le club est derrière toi. Il faut être clair: dans le passé, des entraîneurs sont venus, sont partis… et ce n'était pas tout le temps eux les fautifs!

Que voulez-vous dire?
Je veux dire que dès qu'il y a eu des difficultés, le club a commencé à trembler. Tu vois la stabilité et la force d'une institution dans les moments difficiles, même en début de saison, quand on n'a pas eu de points, qu'on a reçu des critiques.

Elles étaient normales, non?
On les a acceptées, tant qu'elles étaient centrées sur le football. On voulait jouer avec des ailiers, c'était notre idée, et aussi avec une défense à quatre, puis à trois. L'année passée, on n'avait pas les joueurs pour le faire, donc on a essayé de recruter dans ce sens, pour pouvoir faire un foot un peu plus attractif, marquer un peu plus de but. Alors oui, on a gagné 3-0 contre Bâle, mais il ne faut pas passer non plus tout dans le rose d'un coup!

Rien n'est fait, mais vous avez sorti la tête de l'eau tout de même…
On a encore un long chemin, un très long chemin même. Il y a encore des coups à prendre, il y aura encore des matches de merde, excusez-moi du terme. Il y aura encore des matches où on sera nuls et où ça ne va pas marcher, mais le club est assez stable actuellement pour rester calme dans les moments comme ça. Les comptes, on les fera à la fin, comme je l'ai dit l'année passée. On est montés à la dernière journée… mais on est montés.

Et cette saison, quel est l'objectif, maintenant qu'un tiers environ du championnat est joué?
On doit faire en sorte de nous établir en première division.

Pourquoi les suiveurs de ce club semblent-ils condamnés à la souffrance ces dernières années?
Je comprends la question… C'est vrai, on souffre, mais c'est beau, quelque part, de souffrir de cette attente, de cette histoire magnifique, de ces grandes équipes des Seigneurs de la Nuit, de celle de Stefan Rehn, de toutes les autres… Les gens s'en rappellent, tant mieux, c'était il y a 30 ans, 40 ans, voire plus. Désormais, c'est à nous d'écrire notre histoire, mais cela passe par certains paliers. C'est important.

Vous pensez que l'opinion publique l'oublie parfois, est obnubilée par l'histoire de ce maillot?
Le public, les gens, les suiveurs, tout le monde: il ne faut pas oublier que l'on est en train de franchir ces paliers. J'aime cette histoire, cette attente, cette pression, c'est une richesse, mais la réalité, c'est qu'on est un néo-promu en Super League.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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