Seul Sandro Schärer l'est
Les arbitres suisses veulent devenir professionnels

Les arbitres en ont marre de devoir travailler, même à 50%, à côté de leur passion, alors que la pression n'en finit pas de grandir autour d'eux. «Le citron est pressé», alerte Dani Wermelinger, chef des arbitres de l'élite.
Publié: 28.05.2024 à 09:17 heures
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Dernière mise à jour: 28.05.2024 à 09:24 heures
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Tim GuilleminResponsable du pôle Sport

En six mois, un arbitre de Challenge League a été impliqué lors de... 32 matches! Une situation problématique, puisque les arbitres travaillent à 100% à ce niveau de jeu, et que la charge est donc énorme. Voilà l'un des chiffres chocs dévoilés ce lundi par Dani Wermelinger, chef des arbitres d'élite en Suisse, alors qu'il ne reste que deux matches à disputer, tous deux d'extrême importance, lors de cette saison 2023/24: le barrage retour entre Thoune et Grasshopper et la finale de la Coupe de Suisse. L'heure est donc au bilan, mais aussi aux revendications. Et la principale, pour ne pas dire la seule, est claire: les arbitres suisses réclament plus de professionnalisme. De manière concrète. 

La VAR, comme surveiller le trafic aérien

En clair, les directeurs de jeu et leurs instances ont l'impression d'être arrivés au maximum de leurs capacités. «Le citron est pressé», image Dani Wermelinger, lequel rappelle que l'introduction de la VAR a fait exploser les convocations, puisqu'en plus des quatre officiels sur le terrain, il faut envoyer du monde à Volketswil, dans le studio vidéo. Et qu'il n'est pas possible d'y arriver en dilettante. «On peut comparer l'arbitre VAR à un contrôleur du trafic aérien. Il faut avoir l'oeil partout. C'est mentalement très astreignant», explique-t-il.

Et vu que le nombre d'arbitres est limité, alors très souvent, pour ne pas dire tout le temps, un officiel est sur le terrain le samedi et en studio le dimanche, ou l'inverse. Lionel Tschudi, l'un des arbitres suisses les plus prometteurs, n'a ainsi pas hésité à détailler une semaine «normale» pour illustrer le propos de son chef.

Sandro Schärer est l'unique arbitre professionnel aujourd'hui en Suisse.
Photo: Getty Images

Un programme plus que chargé

«Le samedi, j'arbitre un match. Le lendemain, VAR ou repos. Si j'arbitre le jeudi en compétition européenne, je pars le mercredi et je reviens le vendredi. Et à côté de cela, je dois placer mes entraînements, mon travail à 50% et ma famille. Sans parler de la récupération, qui est indispensable pour arriver l'esprit libre, et frais, sur mon match du week-end. Cela me paraîtrait logique, avec ce programme, d'être professionnel à 100%», estime le Neuchâtelois.

Dani Wermelinger adresse donc un message clair aux instances dirigeantes du football suisse: il faut plus d'arbitres professionnels. «La ligue l'est. Elle a besoin d'arbitres qui le sont aussi.» Les directeurs de jeu, en Suisse, sont payés par l'ASF. Pour l'heure, seul Sandro Schärer est professionnel à 100%. Pour gagner leur vie, tous les autres sont obligés de travailler à côté. «On doit faire un pas en avant en 2025. Il y a des discussions, nous devons améliorer la situation», assure le chef des arbitres de l'élite, qui sait bien que tout ceci a un coût financier non négligeable et qu'il faudra arriver à un accord entre l'ASF et la SFL pour que sa demande soit viable.

Le bilan de la saison est très positif

Pour revendiquer plus de moyens, Dani Wermelinger s'appuie sur le bilan jugé très satisfaisant des arbitres de Swiss Football League cette saison. «Il y a de quoi être heureux», assure-t-il, estimant que la qualité des prises de décision s'est largement améliorée par rapport à l'exercice 2022/2023, bien moins satisfaisant de ce point de vue.

«Nous avons analysé comment nous pourrions être meilleurs et avons mis en oeuvre les moyens d'y arriver, notamment à Volketswil. Nous pouvons dire que nous y sommes arrivés», estime Dani Wermelinger, lequel est également satisfait de l'évolution de l'arbitrage en Challenge League. «Nous avons eu des problèmes par le passé, mais le niveau a été très stable cette saison. Nous avons mis beaucoup d'énergie, nous avons multiplié les échanges avec les arbitres de Challenge League et ces efforts ont été payants. Les arbitres de ce niveau ont désormais plus d'expérience, plus de confiance en leurs capacités et leurs performances sont meilleures», se réjouit-il.

Moins de VAR, moins de problèmes

Brent Reiber «elite referee manager» a lui utilisé le terme de «fierté» pour tirer le bilan de la saison en cours. «Nous avons eu beaucoup moins d'interventions VAR que nous ne voulions pas.»

Alors qu’il y a eu au total 80 interventions de la VAR lors de 182 matchs en 2022/2023, on compte actuellement 73 interventions, en attendant le match retour du barrage. Et cela malgré le fait que plus de matches ont été joués cette saison, le nombre d'équipes étant passé de 10 à 12. Volketwsil a ainsi été bien moins pointilleux que par le passé. «Nous avons fait en sorte que la VAR n'intervienne que lorsque l'arbitre prend une décision clairement erronée.»

Mais tout n’est pas encore parfait, bien sûr. Dani Wermelinger voit encore des possibilités d'amélioration dans les «soft penalty», c'est-à-dire les décisions qui ne sont pas claires à 100%, ainsi que dans le domaine des fautes précédant un but. «Nous pouvons faire mieux. Mais nous parlons là de quelques pourcent uniquement, contrairement à la saison dernière.»

Les arbitres suisses sont plus demandés à l'international

Pour imager l'amélioration qualitative dont parle Dani Wermelinger, des chiffres objectifs: les arbitres suisses ont eu droit à 206 convocations internationales à l'automne (30 de plus que la saison dernière) et 101 au printemps (89 de plus). Un signal très fort, tout comme le fait que Sandro Schärer et ses assistants Stéphane de Almeida et Bekim Zoqaj aient été sélectionnés pour l'Euro à venir. «La critique disant que nous n'avions aucun arbitre dans les grandes compétitions ne sera plus d'actualité dans deux semaines».

Désirée Grundbacher sur la grande scène

Esther Staubli et Susanne Küng ont elle participé à la Coupe du monde féminine, ce qui est également une grande responsabilité, l'ASF se réjouissant de plus que la relève féminine d'Esther Staubli soit assurée, puisque la Thounoise a pris sa retraite. Désirée Grundbacher a en effet effectué ses débuts en Super League et d'autres arbitres féminines arrivent, assure Brent Reiber. Les récents déboires arbitraux en finale de la Coupe de Suisse et en finale des play-off de LNA laissent toutefois suggérer qu'il existe une marge d'amélioration pour ce qui est des matches féminins à proprement parler. «Nous tendons à l'égalité. L'ASF s'engage pour que les conditions soient les mêmes pour les femmes et les hommes, mais cela prend du temps», tempère Dani Wermelinger.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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