Trois exemples concrets
Pourquoi les Genevois ne vont-ils pas au stade?

Luca, Guillaume et Johanna ont deux points communs: ils sont Genevois et ils ne vont presque jamais voir le Servette FC. Pourtant, les trois seront présents au Stade de Genève ce mardi pour la réception des Rangers.
Publié: 15.08.2023 à 10:01 heures
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Matthias DavetJournaliste Blick

Sur les réseaux sociaux, certains supporters servettiens sont en colère. Samedi, ils étaient 6541 (moins les quelques centaines de visiteurs) à encourager l'équipe genevoise lors de la réception de Saint-Gall en Super League. Ce mardi, le stade sera plein pour celle des Rangers en qualifications de la Champions League (27'000 personnes).

Le mot «opportuniste» pour décrire les 20'500 fans non présents en championnat suisse apparaît bien souvent sur le clavier des plus fervents Grenat. Ils sont toutefois compensés par certains avis plus rationnels, qui voient le positif par rapport au Servette - Saint-Gall de l'année dernière à la même période: 4872.

Mais la différence entre Saint-Gall et les Rangers est assez impressionnante. On parle d'une affluence qui va quadrupler. Comment l'expliquer? Blick a posé la question à trois fans qui n'ont pas l'habitude du Stade de Genève, mais qui seront assis sur un de ses sièges lors de la rencontre face aux Ecossais.

Contre Zurich, l'affluence de Servette était de 7103 spectateurs.
Photo: keystone-sda.ch

Le team-building de Johanna

Johanna se présente comme «pas du tout une fana de foot, ni une supportrice ardue». Sa venue au Stade de Genève est en partie professionnelle: «Un collègue a voulu organiser une sortie de groupe», nous explique celle qui travaille dans une agence de communication. Son collègue, lui, apprécie davantage le ballon rond, mais est surtout «fan de la ville de Genève». En résumé, il est intéressé par tout ce qui se passe d'important dans la cité de Calvin.

Mais revenons à Johanna. Mardi, la jeune femme ne va pas découvrir le Stade de Genève. Elle s'y est déjà rendue à une reprise – «c'était à nouveau avec des copains». Elle en garde un bon souvenir. «J'y suis allée sans prétention aucune, juste pour l'ambiance, se souvient-elle. Mais il y avait moins de spectateurs que ce qu'il y aura ce mardi.» Et au niveau de l'atmosphère, elle sera servie contre les Rangers dans un stade qui s'annonce bouillant.

Face à Genk, plus de 18'000 Genevois se sont rendus au stade.
Photo: Pascal Muller/freshfocus

Le football, Johanna suit surtout par procuration, via son père ou ses amis. Et elle n'est pas fermée à l'idée de retourner voir un match de Servette par la suite. Même si elle avoue que cette fois, elle s'y rend majoritairement «pour l'esprit de groupe».

Une invitation pour Guillaume

Tout comme Johanna, Guillaume ne va pas se rendre seul au match de Servette. Et sans un ami, il ne serait sans doute jamais allé à la rencontre contre les Rangers. «Il m'a invité et ça me faisait marrer d'aller, donc j'ai accepté.» Il n'en fallait pas plus pour lui.

De son côté, Guillaume a quand même un passif avec Servette. «Je les ai suivis un tout petit peu quand j'étais plus jeune et que je faisais du foot, mais ça fait très longtemps.» Celui qui a touché le cuir de ses 8 à 16 ans admet qu'ensuite, il est passé à d'autres sports. Tennis, volley, puis course à pied, vélo et natation. Et avec ça, son attachement pour les Grenat s'est amenuisé.

«De moi-même, je ne pense pas que j'y serai allé», avoue-t-il. Cela ne l'empêche toutefois pas de se réjouir de cette rencontre et de l'ambiance qu'elle promet. Pour la suite, il y a «quand même peu de chances» que Guillaume retourne voir un match de Servette cette saison. «Ce n'est pas que je trouve les billets trop chers, mais je suis encore étudiant», précise-t-il. Les fins de mois ne sont pas toujours évidentes et il préfère dépenser cet argent ailleurs.

La recrudescence de Luca

L'amour de Luca pour le SFC est plus grand que celui de Johanna ou Guillaume. «J'ai grandi à Genève et ça a toujours été le grand club de ma ville, nous explique-t-il en préambule. Quand tu fais du foot et que tu es petit, tu rêves de jouer pour eux.» Le Genevois parle de son équipe de cœur avec amour.

Mais les problèmes du club grenat au début du siècle ont refroidi Luca: «J'avoue que j'ai beaucoup moins suivi durant les moments compliqués.» Celui dont les parents ne sont pas du tout fans de foot a quand même repris goût avec la stabilisation des Servettiens en Super League. «Le week-end, je regardais le classement. J'observais les résultats de manière plus consciencieuse.»

Ce mardi, il retrouvera le Stade de Genève, dans lequel il s'est déjà rendu à «trois-quatre reprises» pour Servette. Les raisons? Un tout, nous répond-il. «L'adversaire, ce sont les Rangers, un club avec une énorme histoire. Il y a aussi le contexte, avec une potentielle qualification pour les barrages de la Champions League. Et l'atmosphère, avec un stade plein et une soirée de folie.» Luca avoue que cet engouement lui a donné plus de motivation à suivre les Genevois ardemment. D'ailleurs, il prévoit – s'il est en Suisse – de se rendre à tous les matches d'Europa League (voire de Champions League) à domicile. «Une Coupe d'Europe à Genève, c'est excitant.»

Servette est «sur le bon chemin»

Contacté, Servette sait qu'il fait face à un défi quant à l'affluence durant ses matches de championnat: «Nous connaissons le public genevois qui est friand de grands événements sportifs, nous répond le club. Le Groupe Grenat le sait, la même «problématique» est arrivée lors des finales du GSHC (ndlr: Genève-Servette, le club de hockey) au mois d'avril: nous sommes, à Genève, en concurrence avec de nombreux autres hobbies ou évènements culturels. Les gens répondent présents pour les grandes rencontres, moins lors de matches moins attractifs. Il en a quasiment toujours été ainsi à Genève.»

Pour cette raison, Servette met l'accent sur les rencontres du championnat «que ce soit en termes de communication et marketing mais également en termes d'accueil dans le stade et de fan expérience».

Mais les efforts (et les bons résultats) du club servettien commence à payer: «Nous sommes sur le bon chemin pour combler cette différence entre 'match classique' et 'match évènement': nos ventes d'abonnements ont augmenté de 25% par rapport à la saison dernière, le stade est passé en cashless pour améliorer la fluidité aux buvettes, une fanzone a été inaugurée la saison passée avec des foodtrucks, autant de mesures qui visent à améliorer le confort et l'expérience de notre public.» Afin que les occasionnels deviennent des habitués.

Contacté, Servette sait qu'il fait face à un défi quant à l'affluence durant ses matches de championnat: «Nous connaissons le public genevois qui est friand de grands événements sportifs, nous répond le club. Le Groupe Grenat le sait, la même «problématique» est arrivée lors des finales du GSHC (ndlr: Genève-Servette, le club de hockey) au mois d'avril: nous sommes, à Genève, en concurrence avec de nombreux autres hobbies ou évènements culturels. Les gens répondent présents pour les grandes rencontres, moins lors de matches moins attractifs. Il en a quasiment toujours été ainsi à Genève.»

Pour cette raison, Servette met l'accent sur les rencontres du championnat «que ce soit en termes de communication et marketing mais également en termes d'accueil dans le stade et de fan expérience».

Mais les efforts (et les bons résultats) du club servettien commence à payer: «Nous sommes sur le bon chemin pour combler cette différence entre 'match classique' et 'match évènement': nos ventes d'abonnements ont augmenté de 25% par rapport à la saison dernière, le stade est passé en cashless pour améliorer la fluidité aux buvettes, une fanzone a été inaugurée la saison passée avec des foodtrucks, autant de mesures qui visent à améliorer le confort et l'expérience de notre public.» Afin que les occasionnels deviennent des habitués.

plus

Ce mardi soir, Johanna, Guillaume et Luca auront un souhait commun: voir le Servette FC l'emporter et se qualifier pour les barrages de la Champions League. Et qui sait? Peut-être que si les Grenat mettent des étoiles dans les yeux aux trois nouveaux spectateurs et aux 20'500 non-habitués, ils reviendront au Stade de Genève. Et nul doute que les fans grenat les plus passionnés les accueilleront à bras ouverts.

Credit Suisse Super League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
FC Lugano
FC Lugano
6
4
13
2
Servette FC
Servette FC
6
-3
12
3
FC Zurich
FC Zurich
5
6
11
4
FC Lucerne
FC Lucerne
6
4
11
5
FC Bâle
FC Bâle
6
9
10
6
FC St-Gall
FC St-Gall
5
5
10
7
FC Sion
FC Sion
6
4
10
8
Yverdon Sport FC
Yverdon Sport FC
6
-4
5
9
Grasshopper Club Zurich
Grasshopper Club Zurich
6
-4
4
10
FC Lausanne-Sport
FC Lausanne-Sport
6
-7
4
11
FC Winterthour
FC Winterthour
6
-7
4
12
Young Boys
Young Boys
6
-7
3
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