Un test dans le football féminin
«Les play-off sont une mauvaise solution»

Les play-off ont été instaurés cette année dans le football féminin suisse. Blick s'est rendu au dernier match de la saison régulière de Servette pour voir ce qu'en pensent l'entraîneur, une joueuse et le directeur sportif du club.
Publié: 25.04.2022 à 06:09 heures
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Matthias DavetJournaliste Blick

«Ramenez la coupe à la maison», le célèbre titre de Vegedream, résonne dans le stade de la Fontenette quelques minutes avant le coup d’envoi de la dernière journée de la saison régulière entre Servette et Lucerne. Cette même chanson, elle n’aurait pas pu être jouée à la fin de la rencontre. Malgré la victoire genevoise et la première place acquise au bout des 18 journées de championnat, les Servettiennes ne sont pas championnes.

Alors que le débat fait rage chez les hommes, le football féminin va expérimenter pour la première fois des play-off en Suisse. Mais qu’en pense le monde servettien? Réponses ci-dessous.

Richard Feuz: «Aucun format n’est parfait»

Photo: Urs Lindt/freshfocus

Richard Feuz est le premier à s’approcher pour donner son avis. Le directeur sportif de Servette Chênois voit du positif dans ces play-off:

Eric Sévérac remobilise ses troupes à la fin du match. La saison n'est pas finie pour Servette.
Photo: keystone-sda.ch

«Je pense qu’il n’y a aucun format qui est parfait. En Suisse, on est dans une phase de développement du football féminin avec des partenariats, la télévision. Si on nous avait dit il y a 4-5 ans qu’il y aurait autant de monde pour un dernier match de football féminin en Suisse, ça aurait été juste inconcevable. Je pense que ça fait partie de ce développement.

L’ASF a fait le choix de mettre les play-off et on connaît depuis le début du championnat la manière d’aller au bout. J’espère que ça va amener du suspense – je pense que c’est ce qui est recherché. Des matches à élimination directe (ndlr: en format aller-retour en quarts et en demi-finales) pour intéresser les gens et pour que la télévision nationale prenne part à cela. Le but est de créer un engouement.

Je pense que si j’enlève ma casquette sportive-servettienne, le but est de créer un engouement autour du football féminin. On le voit en Europe avec des matches comme à Barcelone, où cet engouement est en train de se créer. En Suisse c’est aussi le cas avec les 13’000 personnes qui sont venues lors de notre rencontre de Champions League. On connaît les règles, à nous d’aller au bout maintenant.»

Sandy Maendly: «Je trouve ça frustrant»

Photo: keystone-sda.ch

Pour Sandy Maendly, cette première fois sera la dernière. À la fin de la saison, la milieu de 34 ans raccrochera les crampons. Celle qui est allée jouer à l’étranger (Espagne, Italie) durant sa carrière n’est pas aussi tolérante que son directeur sportif:

«En tant que joueuse, je trouve ça frustrant. Un championnat, ça doit se jouer sur la constance pendant toute une saison et des mois de travail. Jouer tout un championnat sur un seul match, c’est un petit peu dur. C’est ce que l’ASF a voulu pour donner plus d’attrait à ce championnat. On verra qui sera champion à la fin de la saison.»

Eric Sévérac: «On doit les jouer»

Photo: keystone-sda.ch

L’entraîneur de Sandy Maendly rejoint sa numéro 8. La frustration du vestiaire servettien se fait ressentir. Après s’être battu toute la saison, Servette pourrait tout perdre en deux matches:

«Les play-off sont une mauvaise solution de l’ASF. Mais on doit les jouer et on le fera pour les gagner. C’est un petit peu dommage car un champion c’est celui qui est le plus régulier. C’est ce qu’on a encore montré cette année.

Avec un championnat avec seulement 18 matches, la différence n’est pas énorme au classement. On ne peut pas faire une grosse différence. On a été jusqu’au bout au duel avec les deux équipes zurichoises (ndlr: Zurich et Grasshopper) et Bâle. On aurait préféré que ça se termine comme ça, sur un titre de champion au bout d’une saison normale. On va jouer ces play-off pour aller chercher quelque chose. On sait qu’on peut battre Zurich, Grasshopper et Bâle. On va aller le plus loin possible.»

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