Bertschy quittera le Lausanne HC
Une sanction contre la politique de Petr Svoboda, co-propriétaire du club

Le départ de Christoph Bertschy du Lausanne HC au terme du présent championnat vient mettre en lumière plusieurs problèmes du côté de la Vaudoise aréna. Le dénominateur commun? Petr Svoboda, l'un des trois actionnaires ayant repris le club en 2020.
Publié: 13.09.2021 à 14:51 heures
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Dernière mise à jour: 13.09.2021 à 17:50 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Au moment d’analyser le départ de Christoph Bertschy du LHC, ne commettons pas une erreur fondamentale: il serait erroné de dire que le Lausanne HC n’aurait rien pu faire pour conserver le Fribourgeois sous prétexte que son club formateur voulait le faire revenir.

Non, si l’attaquant international et meilleur joueur du Lausanne HC quitte le club, c’est le résultat d’une politique de la terre brûlée instaurée par Petr Svoboda depuis sa prise de pouvoir. Concrètement, l’insécurité qui règne tant sur la glace que dans l’entourage du club est une conséquence de sa gestion et de ses réactions épidermiques. De nombreuses personnes à l’interne nous ont confirmé cet état de fait.

En moins de deux ans, deux entraîneurs respectables et respectés — Ville Peltonen et Craig MacTavish — ont intenté des actions contre le club et de longs procès semblent à l’horizon à la suite de leurs licenciements respectifs. Trois CEO se sont succédé à la tête du club. De nombreuses poursuites se sont accumulées. Les bureaux de la Vaudoise aréna ont connu une rotation record au cours de ces douze derniers mois.

Depuis le rachat du club, Petr Svoboda pêche par omniprésence.
Photo: freshfocus

Nombreux départs

Il suffit de faire un tour sur le site du club pour se rendre compte de l’étendue des changements organisationnels. Alors que la page ne date que de la fin 2020, la moitié du personnel n’est plus en poste à l’heure actuelle. Viennent s’y ajouter le départ de quatre membres du conseil d’administration.

Peut-on tout imputer à Petr Svoboda? Bien sûr que non. Mais le problème, lorsque l’on a la mainmise sur une organisation, c’est que les bons et les mauvais points sont tous affectés aux mêmes personnes. Et depuis son arrivée, Petr Svoboda a fait table rase du passé à la Vaudoise aréna.

Ce n’est pas un hasard si le communiqué annonçant la nomination de Chris Wolf comme nouveau CEO a lourdement insisté sur le caractère local de celui qui a pris la succession d’Alexandre Aellig, le furtif homme fort du club. Au LHC, l’ancrage local, c’est comme la confiture. Moins on en a, plus on l’étale.

Quand les micros sont éteints…

Cela fait désormais une quinzaine de mois que le triumvirat Grégory Finger, Zdenek Bakala et Petr Svoboda a racheté le club. Les deux premiers brillent par leur absence, tandis que le dernier pêche par omniprésence. Comment le LHC peut-il inspirer la confiance lorsque ses deux riches actionnaires majoritaires ne sont que des fantômes pour le grand public? En signant pour Fribourg Gottéron, Christoph Bertschy a forcément fait le choix de rejouer dans le club de son cœur. Mais selon nos informations, le Lausanne HC n’était pas l’option No 2 sur sa liste.

Depuis le changement d’actionnariat, il y a une systématique avec le Lausanne HC. Toutes les personnes quittant le club s’épanchent sur les méthodes internes avec, toujours, Petr Svoboda comme focale. Certains devant les micros (Craig MacTavish et Robin Grossmann) et tous les autres ou presque entre quatre yeux. Et ce n’est pas un hasard si, finalement, le club semble perdre en attractivité. Même les joueurs sous contrat, sur le ton de la confidence, se plaignent du comportement des dirigeants.

Quid de Finger et Bakala?

La signature de Christoph Bertschy à Fribourg Gottéron n’est finalement qu’un point de plus à ajouter au dossier de Petr Svoboda. Il serait malhonnête de dire que l’ancienne gloire de NHL fait tout faux depuis sa prise de pouvoir. Par contre, les doutes émis à de nombreuses reprises depuis 12 mois semblent peu à peu se matérialiser.

Un connaisseur du milieu me confiait un jour que le LHC avait tout pour devenir une organisation à succès. Une patinoire ultramoderne, de fervents supporters et la possibilité de diversifier son business grâce à l’événementiel. Mais tant que Petr Svoboda est à ce point le plénipotentiaire dirigeant, le club fera au mieux du surplace. Les événements de ces derniers mois semblent lui donner raison.

Reste à savoir à quel moment Grégory Finger et Zdenek Bakala mettront un terme à ce one-man-show. Le directoire précédent a mis une décennie à placer le Lausanne HC sur la carte du hockey suisse grâce à une gestion solide et de jolis coups sur le marché (Joel Vermin, Christoph Bertschy ou Ronalds Kenins). En combien de temps ce travail remarquable pourrait-il être annihilé?

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