Noah Delémont en convalescence
«Cette blessure m'a appris ce que c'était d'avoir mal»

Noah Delémont s'est déchiré les ligaments croisés fin janvier et a dû se soumettre à une opération le 2 février. Au lendemain de sa sortie d'hôpital, il a reçu Blick à la maison pour une interview en toute franchise sur ce qui l'attend désormais.
Publié: 12.02.2024 à 07:06 heures
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Dernière mise à jour: 12.02.2024 à 13:37 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

«Tu as de la chance, aujourd'hui je suis dans un bon jour.» Noah Delémont fait habituellement partie des personnes souriantes aux alentours des patinoires. Mais ces jours, le défenseur du HC Bienne traverse une période difficile. Le premier coup d'arrêt de sa jeune et prometteuse carrière. À 21 ans, l'arrière seelandais s'est déchiré les ligaments croisés du genou gauche lors d'une rencontre face aux Langnau Tigers le 28 janvier dernier.

Une semaine plus tard, il se retrouvait sur la table d'opération. Sorti de l'hôpital le mercredi 7 février, Noah Delémont a reçu Blick dans son salon pour raconter sa mésaventure, forcément, mais aussi (et surtout) pour parler de la suite du chemin qui l'attend. Bien entouré par sa copine et sa famille, il semble n'avoir pas perdu son optimisme. «Je crois beaucoup que ce qui t'arrive n'est jamais anodin, détaille-t-il. Si j'ai eu cette blessure, c'est pour une raison. À moi, désormais, d'utiliser cela pour revenir plus fort.»

Noah, promis on ne va pas parler pendant deux heures de cet accident. Mais tu arrives à m'expliquer ce qui est arrivé ce 28 janvier?
Ce qui me reste de cette soirée, c'est le bruit caractéristique d'une rupture des ligaments croisés. Un 'clac' typique. Sur le moment, je n'arrivais plus à souffler et j'ai enlevé mon protège-dents pour essayer de respirer. J'ai tout de suite crié de douleur. Les gars sur la glace ont rapidement vu qu'il y avait un problème. Personne n'a essayé de chiper le puck qui était sous moi. Je ne sentais plus ma jambe gauche et les médecins ont tant bien que mal essayer de me relever pour m'amener dans la salle pour faire les premiers tests.

Aujourd'hui souriant, Noah Delémont est passé par des moments pénibles.

Tu as su rapidement que c'était les ligaments?
Je n'ai eu la certitude que le lendemain après l'IRM. Mais j'ai vite compris que ça allait être ça. Tu as déjà fait le test de la déchirure des ligaments croisés?

Non, jamais.
C'était une première pour moi aussi. Ils te bloquent une partie de la jambe et lâche d'un coup. Normalement, c'est censé tenir. Sur la droite, pas de problème. À gauche, elle bouge. Je vois que le médecin a jeté un regard à son collègue comme s'il y avait quelque chose de grave à voir. Je me suis dit 'là c'est pas bon' mais j'espérais secrètement que ce n'était pas les croisés. Et ils m'ont dit que c'était ça. Qu'ils étaient désolés, que ma saison était terminée.

Tu le vis comment, ce moment?
Pas simple. Je devais encore passer des examens complémentaires pour savoir si le ménisque ou le cartilage étaient touchés. Mais sur le moment, tu es en colère. Surtout que ça tombait dans un moment difficile dans une saison compliquée.

Photo: Urs Lindt/freshfocus

Tu as l'air d'un naturel toujours positif et de bonne humeur. Il t'a fallu combien de temps pour que la colère du début passe?
Mais étonnamment, assez vite. Je me suis assez rapidement mis dans l'état d'esprit que j'allais tout faire pour revenir le plus vite au jeu. De toute façon, je n'allais pas pleurer sur mon sort pendant trop longtemps. Cela ne servirait à rien. C'est vrai que mon mindset joue un rôle dans la manière d'encaisser cette nouvelle. J'ai parlé avec Joren (ndlr: van Pottelberghe, gardien de Bienne) et 'Hofi' (ndlr: Fabio Hofer, attaquant de Bienne) qui sont aussi passés par là. Ils m'ont encouragé à me faire opérer le plus vite possible et à procéder à la rééducation à Macolin.

Tu retires quoi de leurs expériences?
Un respect immense pour les joueurs qui reviennent de blessure. Il faut se rendre compte d'une chose: avant que tu arrives, je me suis levé pour aller aux toilettes et rapporter une bouteille d'eau. J'ai dû faire trois aller-retours. Au moment de me coucher, j'étais épuisé. Je sais aussi que c'est le moment le plus dur que je vais vivre physiquement durant cette période. Mais cela me permet de comprendre ce par quoi Joren ou 'Hofi' étaient passés.

Cette blessure tombe à un moment où tu ne jouais quasi plus…
Et je suis quelqu'un qui croit beaucoup au destin. Les choses arrivent pour une bonne raison. Ou du moins que cela n'arrive pas pour rien. C'est un moyen d'appréhender la nouvelle. Et puis cette rééducation va me montrer une autre facette de la carrière d'un sportif d'élite. Je n'ai jamais été confronté à une telle blessure. Je ne vais quand même pas te dire que c'est un mal pour un bien, hein. Ça fait clairement ch***. Mais je prends ça avec philosophie.

Et d'un point de vue purement physique, comment ça va?
Des moments mieux qu'à d'autres. Cela ne fait pas deux semaines que c'est arrivé et j'ai appris ce que c'était d'avoir vraiment mal. Mais les conseils de mes coéquipiers m'aident. Ils m'ont dit que les deux premières semaines étaient les plus dures et qu'ensuite cela allait mieux. Alors, je m'accroche à ça… et aux anti-douleurs. En un sens, cela me donne encore plus envie de revenir sur la glace. De reprendre du plaisir à patiner. Cela me permet de prendre du recul par rapport à mon métier. J'ai l'impression que cela m'aidera à revenir plus affamé et plus heureux de jouer au hockey.

Tu disais que tu avais peu joué récemment. Tu penses que ça a joué un rôle dans ta blessure?
Pas vraiment. Ce soir-là, je ne devais pas vraiment jouer. Je m'attendais à passer toute la soirée sur le banc et à aller faire mon programme en salle de force après le match. Quand je vois que Brunner se blesse et que c'est à moi d'aller jouer en attaque, j'y vais pour dépanner les copains. Pour être franc, je ne savais pas trop quoi faire comme ailier, j'y suis allé au feeling et j'ai fait de mon mieux. Cunti et Kessler ont été cools avec moi. Mais la blessure, c'est la faute à pas de chance. Peut-être que si j'avais toujours joué à l'aile, j'aurais appréhendé cette séquence différemment, mais je ne réfléchis pas plus loin.

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C'est vraiment une saison frustrante pour moi, car l'année passée j'avais vraiment fait un gros pas vers l'avant.
Noah Delémont, joueur du HC Bienne
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Tu disais que ce n'était pas un mal pour un bien, mais que tu prenais cette blessure avec philosophie. Est-ce qu'en un sens on pourrait dire que c'est aussi un moyen de tourner la page de cette saison difficile sportivement pour toi avec un temps de jeu qui n'a cessé de baisser?
(Il réfléchit) C'est difficile de répondre à cette question. C'est vraiment une saison frustrante pour moi, car l'année passée j'avais vraiment fait un gros pas vers l'avant. Je pense avoir prouvé que j'étais capable d'appartenir dans le Top 6 d'une équipe de National League et que je suis capable de jouer 14 ou 15 minutes dans toutes les situations. Je ne prétends pas à 25 minutes de glace avec du power-play et du box-play, mais je pense avoir bien progressé. Et c'est ce qui s'est passé au début de saison, si tu regardes. J'avais l'impression d'être à ma place, ce qui rend plus incompréhensible la suite de la saison.

Ce qui m'étonne, c'est l'aspect assez soudain de ce changement.
Oui, exactement. Je l'ai vécu comme ça également. C'est comme si du jour au lendemain je n'entrais plus dans les plans. C'était assez difficile à accepter voire dur et frustrant. Je n'avais pas l'impression d'avoir mérité, mais le coach avait une autre vision et je devais juste l'accepter. Je ne remplissais pas les critères et d'autres oui. Mais ce n'est pas une critique. C'est le monde du hockey. Des entraîneurs ont d'autres vision et je le comprends. Mais à quoi ça tient…

Vous étiez plusieurs dans cette situation. Était-ce du coup un peu moins difficile à vivre?
Chaque situation est différente c’est donc compliqué de comparer. Ce qui est vrai ce qu’il y avait des jours où le moral était un peu plus bas que d’autres. Dans ces moments je pouvais compter sur quelques joueurs pour me faire rire et donc relativiser. Chaque joueur traverse des moments plus compliqués dans une saison. Ce qui est important c’est de se sentir soutenu et que ce moment soit le plus court possible.

Tout comme tu as l'air de l'être actuellement.
J'ai énormément de chance d'être très bien entouré. Je vis avec ma copine et mon frère habite dans l'appartement juste en-dessous. Depuis mon retour de l'hôpital, je suis à l'hôtel (rires). Ce n'est pas facile de toujours devoir être dépendant des autres, mais je vois aussi que tout le monde veut que je revienne le plus vite possible au jeu et dans les meilleures conditions. Cela me motive, moi aussi, à garder ce bon état d'esprit. Nous sommes des gens globalement positifs et nous cultivons cet aspect.

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J'ai énormément de chance d'être très bien entouré. Je vis avec ma copine et mon frère habite dans l'appartement juste en-dessous.
Noah Delémont, joueur du HC Bienne.
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Tu penses que cette mésaventure va t'apporter quelque chose?
Absolument. J'en suis convaincu. Tout ce que tu vis peut t'apporter quelque chose si tu sais l'utiliser à ton avantage. Même la saison que j'ai vécue avec le HC Bienne m'a beaucoup appris. J'ai découvert des choses sur moi, tout comme je suis au-devant d'une période qui va beaucoup m'apprendre. Je suis sûr que je vais être une meilleure personne hors-glace, mais également un meilleur hockeyeur.

J'imagine qu'avec ta personnalité ouverte et enjouée, tu as dû recevoir énormément de soutiens, non?
Oui et cela m'a fait chaud au cœur de ne pas se sentir seul. Sur les réseaux sociaux, j'ai eu beaucoup de messages. Et de voir que tout le monde veut me revoir le plus vite sur les patins, c'est très encourageant de savoir que je ne fais pas ça que pour moi. Mon retour sur la glace n'en sera que plus beau. Je sais que je pourrai profiter vraiment de ce moment.

Tu as déjà pu mettre une échéance pour ce «très vite»?
Tout va dépendre comment mon corps réagira à l'opération. On parle de 7 à 9 mois pour une telle blessure. Le début du championnat est 7 mois et demi après ma blessure. Aujourd'hui, cela m'a l'air jouable. Je ne sais pas si je jouerai le premier match de la saison prochaine, mais j'aimerais bien revenir à cette période. Mais je sais également que je ne vais pas me précipiter. Des études disent que plus tu attends et plus ton ligament va se solidifier. Ce sera mon ressenti qui dictera à quel moment je serai prêt.

Tu arrives à regarder les matches du HC Bienne depuis ta blessure?
Oui. Bon si j'avais une visite à l'hôpital, j'éteignais la télé quand même (rires). Mais cela ne me fait pas de mal de voir l'équipe jouer. Au fond, ce sont des copains qui jouent et je suis content de les soutenir, surtout que la course pour le Top 6 est relancée.

Joren van Pottelberghe (No 36) a beaucoup soutenu Noah Delmont (au centre)
Photo: Pius Koller

Et tu les vis comment ces matches?
Je me suis transformé en fan No 1 du HC Bienne. Je ne peux plus aider l'équipe physiquement, alors je le fais mentalement. J'espère que cela se passe bien.

Et tu arrives à garder contact avec eux?
Oui, tous m'ont écrit. Cela me montre aussi que je suis quelqu'un d'apprécié dans cette équipe. J'ai également eu de nombreuses visites à l'hôpital. Ils m'ont à peu près tous apporté du chocolat. Mike (ndlr: Künzle) et Fabio (ndlr: Hofer) sont venus ensemble et ont averti les suivants que j'avais trop de sucreries. Alors Burren et Christen sont venus avec… une boîte de thon et de la sauce tomate. C'est ce qu'ils avaient trouvé en action au centre commercial. Je n'étais pas bien dans mon lit d'hôpital et de les voir déconner et amener un peu de bonne humeur dans ma chambre, c'était une petite chose mais qui avait son importance. Même dans un moment dur, il ne faut pas changer qui on est.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
1
3
3
2
SC Berne
SC Berne
1
2
3
2
ZSC Lions
ZSC Lions
1
2
3
4
EV Zoug
EV Zoug
1
1
3
4
Lausanne HC
Lausanne HC
1
1
3
6
HC Lugano
HC Lugano
2
1
3
7
EHC Kloten
EHC Kloten
1
1
2
7
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
1
1
2
9
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
1
-1
1
10
HC Davos
HC Davos
2
-3
1
11
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
1
-1
0
12
EHC Bienne
EHC Bienne
1
-2
0
12
SCL Tigers
SCL Tigers
1
-2
0
14
HC Ajoie
HC Ajoie
1
-3
0
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