Stéphanie Mérillat, une coprésidente heureuse
«On me reconnaît plus pour le HC Bienne que pour les Beaux Parleurs»

Depuis quatre ans, Stéphanie Mérillat est la coprésidente du HC Bienne. Aujourd’hui, elle vit un rêve éveillé avec son club qui dispute la finale. Interview.
Publié: 21.04.2023 à 13:29 heures
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Dernière mise à jour: 22.04.2023 à 16:14 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Restaurant La Péniche à Nidau, 13h15. Stéphanie Mérillat arrive à l'étage et s'installe. Pile à l'heure. «Pour la première fois de ma vie, j'ai un programme médias concocté par le responsable presse du club», rigole-t-elle. Pour l'occasion, Blick avait envoyé un photographe et deux journalistes. Un Romand et un Alémanique.

L'interview se passe «à la Biennoise». Questions en français, réponses en allemand. Questions en allemand, réponses en français. La coprésidente est à l'aise et tout aussi loquace dans les deux langues. Durant près de 45 minutes, elle a refait le monde, le HC Bienne et son histoire autour d'un thé noir avant de prendre la pose au bord du lac. Entre deux averses, la pluie a cessé le temps de prendre trois clichés. Avec le sourire. Toujours.

Stéphanie, merci de trouver un peu de temps pour nous recevoir. Ça ne doit pas être si facile non?
Mais étonnamment ça va. Mon agenda professionnel est totalement vide actuellement. J’ai tout enlevé. De toute façon pendant les play-off, je ne suis pas des plus productives avec les matches tous les deux jours. J’ai la tête totalement prise par le hockey. Mais c’est tellement beau d’avoir la chance de vivre cela. C’est une belle période. Personne n’aurait cru que nous allions vivre une saison pareille.

Stéphanie Mérillat a attrapé très tôt le «virus» du HCB.
Photo: Pius Koller
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Surtout après avoir perdu tous les matches de préparation…
Exactement (rires). À ce moment, on se dit que ça pourrait être une drôle de saison… Et finalement, c'est vrai. Nous vivons une drôle de saison. Mais dans le bon sens du terme.

Tu as senti un moment où le vent a tourné?
Je ne sais pas… Je ne crois pas non. Durant toute la saison en tout cas, je n’ai rien senti de tel. Mais ensuite, il y a eu la série contre Berne en quarts de finale. Là, c'est clair qu’il s’est passé quelque chose. On a tant entendu de chose. «Bienne est une équipe qui ne joue que lorsque tout va bien» ou «Il n’y a que des Schönwetterspieler incapables d’être bons en play-off.» C’était difficile. Et tout à coup, nous avons trouvé un moyen de battre le SCB et cela a soulagé tout le monde. Mais pour tout dire, jamais je n’aurais imaginé une victoire 4-0 contre Zurich en demi-finale.

Le score c’est une chose… Mais que dire de la manière?
J’ai rarement vu une équipe de Bienne jouer de cette manière avec autant de confiance en elle. C’était vraiment sensationnel pour nous. Et nous voilà désormais dans cette série de finale face à Genève avec des émotions en haut, en bas et encore en haut. C’est passionnant à suivre.

Et justement cette passion, tu as l’impression qu’elle a pris une dimension supplémentaire désormais avec la finale?
Oui, on voit tout de même qu’il y a une montée en puissance qui a eu lieu. Il y a tellement de gens qui me demandent des billets. Les matches sont diffusés sur écran géant au cinéma, dans les bars et même dans l’enceinte de la patinoire lors de matches à l’extérieur. J’ai le sentiment que tout le monde ne pense qu’au hockey dans la ville et ça fait du bien, car j’ai toujours pensé que Bienne était une ville de hockey et on le voit clairement maintenant.

Après la qualification contre Zurich on a vu des membres du club pleurer. Tu as vécu ça comment?
Exactement pareil (rires). J’étais dans les tribunes et tout le monde avait les larmes aux yeux. La manière était belle, mais il y a surtout eu l’annonce de la maladie d’Antti qui nous a tous beaucoup touchés. L’équipe et lui-même ont décidé qu’on allait tous se focaliser sur le jeu et ne plus parler de cela. Contre Zurich, tout le monde était en mission et cela s’est remarqué sur la glace. Tout le monde a remarqué que l’équipe avait envie de gagner pour Antti également. Cela a rendu ces victoires si émotionnelles. Mais il n’y avait pas vraiment d’euphorie non plus. Tout le monde savait que ce n’était pas terminé.

Comment vis-tu cette finale?
Une catastrophe (rires). Pour tout dire, il m’arrive de ne pas regarder tout le match quand c’est trop tendu. Je quitte la loge et je vais prendre quelque chose à boire pour les gens avec qui je suis. Je suis très émotionnelle et très bruyante durant un match. Je peux aussi être très incorrecte, notamment avec les arbitres. Et ce n’est pas prêt de changer. C’est trop tard. Mais cela dépend aussi des gens avec qui je partage ma loge. S’il y a le président d’un autre club, je fais un peu gaffe.

Tu dors bien, ces temps?
Pas toujours (rires). Quand je rentre du match, je le regarde une nouvelle fois. Je lis tous les commentaires en français et en allemand et ensuite seulement je vais me coucher. C’est probablement 4h du matin après avait tout débriefé avec mon mari qui, lui, va aux places debout. Je respecte énormément les gens qui mettent l’ambiance et je les trouve terriblement importants pour notre hockey. Mais ce n’est pas mon truc et cela ne l’a jamais été.

Quels sont tes premiers souvenirs liés au HC Bienne?
Le meilleur, pour moi, c’est ma grand-maman. C’était une femme qui avait gardé son âme d’enfant. Même à 60 ou 70 ans. Nous étions dans la vieille patinoire et il y avait des journalistes qui tapaient sur leur machine à écrire derrière nous. Ils faisaient beaucoup de bruit avec les touches durant un match très serré et tout à coup, elle s’est retournée et les a menacés avec son parapluie. «Je ne peux pas me concentrer sur le match!» Elle leur criait dessus, c'était surréaliste. Et ce jour-là, j’ai compris à quel point le sport pouvait importer aux gens. Depuis, cette passion ne m’a jamais quittée.

Tu as donc continué à suivre le club?
Oui et je me souviens que durant mon adolescence, j'avais des posters dans ma chambre et j’étais amoureuse de certains joueurs. Mais depuis toujours, j'ai eu un préféré dans chacune des équipes.

C’est qui cette année?
Je ne peux pas te dire.

Allez…
Bon d’accord. Luca Hischier. Je trouve que c’est un joueur très élégant. Mais mon choix n’a jamais été rationnel (rires).

Et au moment où tu supportais l’équipe, tu aurais imaginé devenir un jour coprésidente de ce club?
Non, jamais de la vie. À 12 ou 13 ans, ça n’a jamais été une question. Mais c’est venu petit à petit avec mon papa qui était un sponsor. J’ai rencontré les anciens dirigeants. Et lorsqu’il est décédé, nous avons réfléchi avec mon frère et nous nous sommes demandés ce que nous allions faire. Papa était plutôt discret et ne voulait pas trop apparaître en public. Nous avons décidé avec mon frère. C’était le moment où le club avait un déficit structurel avant l’arrivée dans la nouvelle patinoire. Et nous avons décidé de continuer d’investir, tout comme le reste du Conseil d’administration.

Genève se relance
8:05
Pouliot voit double:Genève se relance

Mais contrairement à ton papa, tu es davantage en vue.
Oui, nous voulions par contre avoir notre mot à dire, c’est vrai. Mon frère m’a dit que c’était à moi de me mettre en avant, il n’avait pas envie de ça.

Avec l'émission «Les Beaux Parleurs» un dimanche par mois à la Radio Suisse romande, tu es également reconnue non?
C'est vrai que je me suis surprise à être arrêtée pas plus tard que mardi à Genève par une personne qui m'a immédiatement dit «Salut Stéphanie» parce qu'elle m'avait vue et entendue dans cette émission. Mais à Bienne, on me reconnaît plus pour le HCB (rires). C'est une petite ville, tout le monde connaît tout le monde.

Tu aimes ce rôle de figure du club?
C’est quelque chose que j’ai toujours fait naturellement. J’ai toujours eu du plaisir à me trouver sur le devant de la scène. Lorsque tu travailles au Club Med, tu n’as pas vraiment le choix. Et lors de mon arrivée, cela faisait sens d’avoir une figure plus romande au club. Il y avait eu Kevin Schläpfer avant qui était très présent en Suisse allemande. Il n’y avait pas de pendant en Romandie. Cela s’est fait très naturellement que les médias francophones sont spontanément venus davantage vers moi. Je n’ai pas fait exprès, mais c’était une volonté d’être plus ouvert sur la partie francophone, notamment avec le Jura bernois qui est une région francophone avec un fort potentiel pour le club.

Parce qu’on ne va pas se mentir, Bienne a longtemps eu une étiquette de club suisse-allemand.
Oui et lors de la promotion, j'ai parlé avec un ancien dirigeant en étant fatiguée ou un peu éméchée (rires). Sur la place Guisan, le président des Donateurs était là et je lui ai dit que ce club ne faisait rien pour les Romands. Il m’a dit qu’au lieu de râler, je n’avais qu’à aider.

Il y a une différence quant à cet aspect transfrontalier depuis ton arrivée?
Oui, vraiment. Le développement est énorme. Et pas uniquement grâce à moi, mais également avec Sébastien Meyer, qui s’occupe des sponsors. Il est plutôt romand, mais totalement bilingue. Il a énormément développé le réseau. Et nous sommes soutenus dans toute la région. C’est très important pour nous, car Berne n’est pas loin. Ajoie non plus. Il est important de pouvoir compter sur tout le monde autour de Bienne.

Et la question que tout le monde se pose. Bienne, c’est romand ou pas?
C’est une très belle discussion. Mais cela ne m’intéresse pas du tout. On change de l’allemand au français comme dans cette discussion. Cet aspect bilingue est en nous et nous ne voyons pas la différence. Bienne, c'est Bienne.

Alors c’est qui le dernier romand champion?
C’est nous évidemment. On est autant romand que suisse-allemand. Je n’ai pas le droit de répondre autre chose non? (Rires)

Ta présence en tant que femme a-t-elle aidé à rendre le hockey moins masculin à Bienne?
Je pense qu’il y a eu une évolution, oui. Mais je l’associe surtout à la nouvelle patinoire qui est plus confortable. Avant, on venait au match pour le match. Maintenant, on peut venir pour voir des gens, réseauter et boire un verre. Cela amène un autre public qui n’est pas uniquement là pour voir du hockey, mais pour l’aspect social de l’événement. Plus il y a de gens au match, mieux c’est.

Tu as dit au moment d’arriver au club que tu serais là pour dix ans avec comme objectif de gagner un titre. Ce serait presque dommage que ce soit déjà le cas après quatre ans non?
Non, on trouverait le moyen de faire un autre plan sur les dix prochaines années (rires). Ce serait ce qui peut nous arriver de plus beau. Mais bon, rien ne dit que nous allons gagner cette année. Et nous sommes des protestants. Nous savons aussi que notre budget de 17 millions n’est peut-être pas suffisant pour gagner régulièrement le titre ou atteindre la finale chaque saison. Nous devons déjà nous assurer d’être chaque année dans le haut du classement. Il reste de grands projets devant nous quoi qu’il arrive. Mais une chose est sûre, je n’ai pas l’impression d’avoir fait le tour avec ce club.

Et avec cette saison.
Non en effet. J’ai déjà bloqué une semaine complète de vacances du 7 au 12 mai. Je ne sais pas encore où je vais et ce que je vais faire. Je ne sais pas non plus si je serai seule ou accompagnée. Mais par contre je pourrai me reposer un peu de toutes ces émotions.

National League 24/25
Équipe
J.
DB.
PT.
1
HC Fribourg-Gottéron
HC Fribourg-Gottéron
1
3
3
2
SC Berne
SC Berne
1
2
3
2
ZSC Lions
ZSC Lions
1
2
3
4
EV Zoug
EV Zoug
1
1
3
4
Lausanne HC
Lausanne HC
1
1
3
6
HC Lugano
HC Lugano
2
1
3
7
EHC Kloten
EHC Kloten
1
1
2
7
Rapperswil-Jona Lakers
Rapperswil-Jona Lakers
1
1
2
9
HC Ambri-Piotta
HC Ambri-Piotta
1
-1
1
10
HC Davos
HC Davos
2
-3
1
11
Genève-Servette HC
Genève-Servette HC
1
-1
0
12
EHC Bienne
EHC Bienne
1
-2
0
12
SCL Tigers
SCL Tigers
1
-2
0
14
HC Ajoie
HC Ajoie
1
-3
0
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