Un conflit toujours ouvert
«C'est fou que cela dure depuis deux ans»

Le Mondial 2022 se déroule dans la patinoire du IFK Helsinki, «chez» Ville Peltonen, donc. L'ancien entraîneur du Lausanne HC est d'ailleurs toujours en conflit avec la formation vaudoise: les premières audiences auront lieu en juin prochain. Blick l'a rencontré.
Publié: 25.05.2022 à 12:09 heures
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Dernière mise à jour: 08.01.2023 à 15:20 heures
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Grégory BeaudJournaliste Blick

Le 27 février 2020, Ville Peltonen était licencié par le Lausanne HC, à quelques jours des play-off. Le même jour que le coach, Jan Alston, directeur sportif, vidait également son bureau. Il s’agissait alors de la première décision prise par le nouvel actionnariat du club incarné par Petr Svoboda. L’accord n’était pas encore rendu public, mais la formation vaudoise allait entamer une période de changements.

Deux ans après ce départ brutal, Ville Peltonen a su rebondir. Il est aujourd’hui entraîneur principal du IFK Helsinki, son club de toujours. C’est dans la patinoire de cette formation historique de la ville que se dispute le Championnat du monde de hockey 2022. L’occasion de faire le point avec le Finlandais, qui est toujours dans l’attente de fermer l'aspect juridique de son chapitre lausannois.

Ville Peltonen, question toute bête pour commencer. Comment allez-vous?
Je vais bien, même si la saison dernière ne s’est pas aussi bien terminée que souhaité. Nous avons été passablement impactés par le Covid. J’ai raté cinq matches de play-off cette année et plusieurs éléments clés n’étaient pas présents. Mais c’est comme ça, cela fait partie de notre nouvelle réalité. En espérant que nous puissions désormais avoir une saison normale dès septembre.

L'ex-coach du LHC Ville Peltonen officie désormais dans son club de coeur, IFK Helsinki. Blick l'a rencontré dans la capitale finlandaise.
Photo: IFK Helsinki, Instagram

Vous avez dû attendre une année avant de retrouver un banc. C’était long?
Oui, c’était une période particulière. Surtout en temps de pandémie. Mais je ne suis pas resté les bras croisés à attendre. J’ai participé à de nombreux séminaires en ligne. C’était important de savoir utiliser ce temps pour poursuivre ma formation. D’un point de vue tactique, évidemment, mais également psychologique et en termes de management.

Qu’avez-vous appris durant cette année de transition?
Je pars du principe qu’on n’arrête jamais d’apprendre des choses. Donc ce n’était pas spécial durant cette année. Mais je me suis plus spécifiquement investi dans la gestion des gens et la communication. Je pense que c’est un aspect capital. Avec mon club, nous faisons désormais énormément de meetings afin de suivre au mieux l’évolution de chacun. Je suis quelqu'un qui prend énormément de notes pour structurer ma pensée, et cela me prend un temps fou. Ma prochaine étape, c'est de toujours être aussi organisé mais en n'ayant pas autant de choses à écrire (rires).

Vous êtes entraîneur principal du club pour lequel vous avez été junior, puis joueur de la première équipe et capitaine. Peut-on dire que c’est ce qui pouvait vous arriver de mieux?
C’est vraiment magnifique d’entraîner ce club, en effet. Je m’estime vraiment chanceux. Ce que j’aime tout particulièrement ici, c’est la culture de l’organisation. Du sommet de la pyramide au junior qui arrive dans au club, il y a un but précis. Ce leadership est important pour qu’une équipe ait du succès. J’aime cette patinoire où la Suisse dispute ses matches. C’est une vraie arène de hockey sur glace. Nous construisons quelque chose sur le long terme et il n’y a pas de secret, c’est ainsi que tu as du succès. Il ne faut pas croire que tu peux tout changer d’un coup et espérer que cela va marcher directement. Cela ne fonctionne pas ainsi. À IFK, les dirigeants l’ont bien compris.

On ne peut s’empêcher de rebondir sur ce que vous venez de dire afin d'aborder votre licenciement à Lausanne. On ne vous a plus parlé en Suisse depuis ce 27 février 2020.
C’était brutal. Un choc. Pourquoi j’ai été choqué? Parce que deux jours plus tôt, je faisais un meeting avec Petr Svoboda et Sacha Weibel durant lequel nous évoquions la saison suivante. Quels joueurs engager et quelle stratégie nous allions adopter. Dans ces conditions, tu ne peux pas t’attendre à une telle issue. Lorsque tu es coach, tu n’es pas naïf. Si un licenciement est sur le point d’arriver, tu le sens, normalement. Mais là, il n’avait aucun moyen de le voir venir.

D’autant plus qu’il y a eu une table rase, avec également le départ du directeur sportif, Jan Alston...
Oui et je pense que c’est dommage, car il avait fait un travail remarquable pour améliorer l’équipe petit à petit. Lorsque tu es promu de deuxième division, il faut du temps pour t’établir. Et il faut aussi payer un peu plus les joueurs. C’est obligatoire dans un premier temps. Mais je trouvais que la base était bonne. Nous jouions un style plutôt défensif, mais c’était logique. Le but était de partir la saison suivante avec une ou l’autre pièce de meilleure qualité afin de changer un peu de style de jeu. C’était le plan lors de ce meeting deux jours avant mon licenciement (rires).

Où en êtes-vous dans votre litige avec le club?
Cela fait plus de deux ans que cela dure. Et il n’y a toujours rien qui a bougé. Je trouve cela complètement fou! Mais il y a tout de même un peu de concret pour ces prochains temps. Je vais revenir en Suisse pour une audience préliminaire en juin. Cela fait six mois que cette date est prévue. Au début, ça paraissait être si loin. On approche enfin. J’ai envie de passer à autre chose, mais cela semble impossible. Ce n’est pourtant pas rare qu’un coach soit licencié. Ça arrive tout le temps. En général, tu trouves rapidement un accord. Mais là… Je ne sais pas ce qui se passe. On verra bien.

Que retenez-vous de votre passage à Lausanne?
Énormément de positif, malgré la déception de cette fin de mandat. C’est une ville qui vit pour le hockey et qui mérite d’avoir une équipe de haut de classement. Tout devrait être réuni pour que cela fonctionne. Les infrastructures sont de qualité et le public aime son club.

Mais?
Non, il n’y a pas de 'mais'. J’ai évidemment suivi les deux dernières saisons en Suisse et le LHC a livré de belles batailles en play-off, tant contre Zurich que face à Fribourg. Comme je l’ai dit précédemment, le succès ne se construit pas en une année. Il faut du temps et de la patience. Je suis parti avant d’avoir pu constater concrètement les changements structurels au club. Je ne peux donc pas en parler. Mais lorsque l'on voit où se trouve le club de foot et celui de hockey, on peut se dire qu'il y a mieux à faire. Dans tous les pays, sauf la Suède récemment, les pôles économiques ont du succès en sport. C'est logique. Lausanne est un pôle et c'est pour cela que je pense qu'il y a un potentiel immense.

Avez-vous encore des contacts au club?
Oui, je suis resté une année dans votre pays après mon licenciement. J’ai gardé d’excellents rapports avec beaucoup de monde. Nous nous écrivons encore avec certains joueurs. C’était une belle période à Lausanne, mais aujourd’hui c’est terminé et je suis très heureux d’être l’entraîneur du IFK Helsinki. Le LHC, c’est du passé. Sauf pour cette histoire qui est toujours devant les tribunaux…

Peut-on dire que le licenciement était une bonne chose - avec du recul - pour la suite de votre carrière?
Moi, je le vois plutôt comme un gâchis. J’ai l’impression qu’il y aurait eu de quoi faire quelque chose de bien. Je ne suis pas amer et n’ai aucun mauvais sentiment contre ce club, bien au contraire. J’ai ensuite perdu une année. Et lorsque tu es un jeune entraîneur comme moi, tu as envie de travailler et non d’attendre à la maison (rires).

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