Il lutte contre le cancer
Antti Törmänen: «Ce troisième round est le plus difficile»

Ex-entraîneur du HC Bienne, Antti Törmänen suit un traitement contre son cancer de la vésicule biliaire au CHUV de Lausanne. Il a accepté que nous l'accompagnions lors d'une de ses séances.
Publié: 09:05 heures
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Dernière mise à jour: 09:13 heures
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Matthias DavetJournaliste Blick
Début juillet, Antti Törmänen nous a reçus au CHUV, à Lausanne.
Photo: GABRIEL MONNET

Quand Antti Törmänen débarque, il a un sac de sport. L'ancien entraîneur du HC Bienne est sur le point de disputer un nouveau round du combat le plus important de sa vie: celui contre son cancer de la vésicule biliaire. Duel qu'il est en train de gagner, mais lors duquel il ne peut rien lâcher.

Début juillet, nous avons rendez-vous avec lui au CHUV, avant une nouvelle séance. La première question, la plus évidente, concerne son état de forme actuel. «Disons que je me suis déjà senti mieux, avoue le Finlandais. Ce troisième round est le plus difficile car j'ai eu beaucoup de nausée et c'est la première fois que je n'ai pas pu faire du sport – ce qui est dur pour moi.» Et on voit à son visage qu'Antti Törmänen semble effectivement marqué.

Surtout qu'en mars 2023, alors qu'il était en rémission et en pleine finale de play-off face à Genève-Servette, il a appris la terrible nouvelle: son cancer était de retour. «J'étais extrêmement déçu, souffle-t-il. Le point positif, mais négatif en même temps, c'est que l'on sait vers quoi on se dirige. Mon passé d'athlète m'a appris qu'il ne fallait pas trop regarder vers l'avant.»

Une communication très honnête

Lorsqu'il parle de déception, Antti Törmänen fait-il référence aux personnes qui sont dans la pièce avec lui, à savoir les docteurs qui le suivent? «Non, du tout, coupe-t-il. J'ai totalement confiance en eux. Sur ce long chemin, j'ai toujours eu des réponses à mes questions.» La Dre Antonia Digklia, qui est à la tête de l'équipe soignante, confirme la bonne relation avec son patient: «Nous avons une communication très honnête. On se bat avec lui et c'est un patient unique.»

D'ailleurs, un vrai lien s'est créé entre l'ancien coach de Bienne et son équipe soignante. «Je suis grecque d'origine et je dois vous avouer que je ne connaissais pas le métier d'Antti avant d'échanger avec lui», sourit la Dre Digklia. Ce n'était pas le cas de tout le monde dans l'équipe soignante. La Dre Emilie Uldry, qui a opéré Antti Törmänen, a reçu un message deux ans après l'intervention: «Salut, c'est Antti, on vient à Lausanne et j'ai des billets. Ça vous dit de venir?» «C'était vraiment très chou», appuie la doctoresse, qui a laissé les places à son fils et à son mari.

«Comme mes coéquipiers»

Le hockey, pour le moment, est en parenthèses dans la vie d'Antti Törmänen. Son combat principal se fait contre la maladie et un retour dans les patinoires n'est pas d'actualité. Surtout que certaines périodes peuvent être plus compliquées pour le Finlandais. «Une fois, mon frère est venu me rendre visite et nous avions décidé d'aller faire des tours à vélo, se souvient-il. Toute la semaine, j'avais des nausées et on n'avait aucune chance de le faire. Après 11 jours, j'ai décidé de faire un peu de sport et le lendemain, je me suis retrouvé à l'hôpital. Quand j'ai vu les valeurs si basses de mes examens, je m'en suis voulu.» La patience est aussi de mise pour lui.

Antti Törmänen suit son traitement au CHUV de Lausanne. Le Finlandais est entouré de son équipe médicale: la Dre Emilie Uldry, la Dre Antonia Digklia et le Dr Giovanni Dei Tos (de gauche à droite).
Photo: GABRIEL MONNET

Heureusement, son passé de joueur et d'entraîneur lui a appris des choses pour vivre cette situation. «Les gens qui me soignent, je les vois un peu comme mes coéquipiers qui font de leur mieux, compare-t-il. Et je me dis que, comme au hockey: plus je sors d'une séance avec des contusions, le mieux j'ai joué.»

Et la suite?

Et la peur dans tout ça? Celle de mourir, principalement. «Je pense rarement à ça, répond Antti Törmänen. Je mets les choses en perspective et dans ce monde, on peut vivre de manière heureuse et deux jours plus tard décéder dans un accident de voiture. Je pense qu'avoir ce genre de pensées n'aide pas vraiment.»

Alors, parlons plutôt de perspectives plus réjouissantes. Et du futur. Est-il possible et facile de se projeter, alors qu'une maladie attaque encore son corps? «Je dois être intelligent, tempère le Finlandais. J'aimerais recommencer légèrement à travailler – car j'avais l'habitude de le faire six jours par semaine et c'est désormais un énorme changement. Mais il faut que ce soit facile et que ça aille de pair avec mes problèmes.» Car il sait que sa santé est primordiale et il ne va pas prendre de risque. Avec un diplôme universitaire en poche et un CV long comme le bras, Antti Törmänen aura sans doute de nombreuses offres – en hockey sur glace ou ailleurs. «Maintenant que le vieil arbre est coupé, il y a de la place pour de nouvelles plantes», philosophe-t-il.

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