Des Jeux très gaulois
Cocorico pour les JO: et si on notait les Jeux de Paris 2024?

La fierté française est retrouvée. Alors que la deuxième semaine de compétition démarre ce lundi, Paris est en liesse olympique. Une surprise? Ambiance, organisation, performances, trêve politique… voici nos premières notes des JO 2024.
Publié: 05.08.2024 à 10:22 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Ambiance, performances, organisation, spectacle, ferveur populaire… On s’est repassé en boucle la première semaine des JO de Paris 2024. S’agit-il, comme les médias français le proclament déjà, des meilleurs Jeux olympiques jamais organisés? Cette trêve festive, sportive et athlétique est-elle en train de redonner à la France l’unité et le moral qui lui ont tant fait défaut ces derniers mois? Comme nous l’avions fait pour la cérémonie d’ouverture, on a sorti le carnet de notes. Allez-y vous aussi. Et comparons nos résultats.

Paris, le plus beau stade du monde

Le pari de ces JO était d’utiliser le plus possible le décor incroyable offert par la capitale française. Des Jeux dans la ville. La réussite visuelle est incontestablement au rendez-vous. Pas étonnant, pour qui connaît Paris. Installer des compétitions au pied des Invalides et de la tour Eiffel, ou sur la place de la Concorde, ne pouvait que produire des images sans précédent, comme cela fut le cas le 26 juillet pour la grandiose et provocante cérémonie d’ouverture, malheureusement un peu ternie par la pluie.

Cet atout maître, très peu de villes dans le monde – voire aucune – en disposent. Bravo donc au Comité d’organisation pour ce choix très urbain qui a privilégié les sites temporaires aux infrastructures sportives permanentes? Oui pour l’esthétique. Oui pour le spectacle télévisuel. Oui pour l’effet marketing qui en résulte, à l’image du succès mondialisé de la vasque au-dessus du jardin des Tuileries. Oui pour l'ambiance folle dans les gradins. 

Le judoka français Teddy Riner avait allumé la flamme le 26 juillet. Il a, depuis, mis le feu aux tatamis et au pays.
Photo: imago/AFLOSPORT
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Les concessions demandées aux Parisiens, dans leur ville barricadée, ont en revanche été colossales, sans précédent sans doute pour une capitale qui accueille les JO. Paris a payé au prix fort cette vitrine exceptionnelle. Mais qui s’en soucie, maintenant que les médailles pleuvent?

Notre note: 9/10

La France, enfin enthousiaste

Vrai dans les stades. Vrai aux abords de la course cycliste qui a traversé Paris jusqu’à Montmartre, où une foule énorme a applaudi les coureurs. Vrai au parc de la Villette, transformé en «Club France» durant les JO. Vrai dans les fanzones installées dans les centres sportifs et sur les parvis des mairies d’arrondissement. L’enthousiasme est au rendez-vous alors que, jusqu’au 26 juillet, le pays faisait la grimace, empêtré dans un tunnel politique dont on ne voit toujours pas l’issue. 

Mais attention à l’effet grossissant des médias et des images: l’engouement suscité par les compétitions et les performances des athlètes ne signifie pas que tout a basculé en une semaine. On se souvient des victoires de l’équipe de France de football aux Coupes du monde de 1998 et 2018. Elles avaient nourri l’espoir d’une France qui gagne ensemble et d’un pays capable de surmonter ses fractures. Puis la réalité est revenue au galop. Ces JO sont un produit dopant. Ils boostent le moral tricolore. Mais après?

Notre note: 7/10 

L’organisation et la sécurité, deux prouesses

Le nombre de médailles va bien sûr faire taire les critiques. Et c’est normal. Essayons toutefois, après une semaine de Jeux vécue hors des stades, et sans accréditation, de lister les bonnes et mauvaises surprises. Côté positif: les transports en commun ont été au rendez-vous, même si leur gratuité initialement promise a vite été oubliée, pour aboutir à des tickets de métro à 4 euros par trajet. Les infrastructures construites ou aménagées pour l’occasion, comme l’Arena de la Défense ou celle de Paris Nord, ou le centre aquatique de Saint-Denis (face au Stade de France) ont aussi donné satisfaction. La sécurité est enfin au rendez-vous, grâce à la mobilisation de près de 40'000 policiers et gendarmes

Même la Seine semble avoir rempli son contrat, puisque le fleuve accueille les épreuves de nage libre malgré quelques récriminations. Difficile en revanche d’oublier les multiples «bugs» avant les Jeux et au début. La piscine olympique a été critiquée pour n'être pas assez profonde. La dimension écologique et sociale des Jeux a été largement mise sous le boisseau. Les 45'000 volontaires, enthousiastes aujourd’hui, ont souvent été négligés dans un premier temps. Au point que le camping du bois de Boulogne, où beaucoup sont logés, a été plusieurs fois victime d’attaques. Le gardiennage a dû y être renforcé.

Notre note: 7/10

La France qui gagne, une réalité

Il faut rendre aux athlètes français ce qui leur revient. Ce sont leurs performances qui sont en train de transformer ces Jeux de Paris et de les inscrire dans l’histoire. Plusieurs noms viennent tout de suite en tête, comme ceux du judoka Teddy Riner ou du nageur Léon Marchand, qui ont désormais le statut de héros nationaux. Qui aurait pensé que la tour Montparnasse, unique gratte-ciel du centre de Paris, arborerait sur sa façade le portrait du quadruple champion olympique de natation? 

Emmanuel Macron avait fixé pour objectif aux sportifs tricolores d’être dans le top 5 du classement des médailles. Pour l’heure, les athlètes ont fait mieux puisque la France se place au troisième rang à l’orée de cette seconde semaine de compétition, derrière la Chine et les États-Unis. Record déjà battu avec 44 médailles. Cette France qui gagne vient couronner un programme d’investissements publics dans le sport de haut niveau. Elle montre aussi la face la plus souriante, dynamique et encourageante de la diversité. Elle réhabilite enfin la notion de succès dans un pays où de nombreux intellectuels ont le culte du déclin, et alors que dans le monde réel, la France doit accepter d’être désormais une puissance moyenne ou «partenariale» pour reprendre les mots de son président.

Notre note: 9/10 

Trêve olympique, réussite touristique

Emmanuel Macron l’a plusieurs fois réclamé. La France doit respecter une «trêve olympique» pour vivre pleinement ses Jeux. Vœu exaucé? Non. Le bonheur olympique, réel aux abords de stades, doit être nuancé. Première nuance: beaucoup de Parisiens ont choisi de quitter leur ville plutôt que d’y rester, laissant les «clefs» aux provinciaux et aux étrangers. La population qui met le feu tricolore dans les enceintes sportives, dans le meilleur sens du terme, est celle qui tout au long de l’année se bat dans les associations sportives à travers le pays, et croit aux vertus du sport. 

Tant mieux! Toute une autre partie du pays regarde avec intérêt, conquis par les résultats, mais sans avoir vraiment changé d’opinion sur ces Jeux que seulement 52%, selon un sondage publié en avril 2024 par BFM TV, jugeaient comme une excellente nouvelle. La question de l’impact touristique devra aussi être étudiée de près. Les habitués des JO disent que l’effet olympique se fait sentir l’année suivante, lorsque les touristes du monde entier se ruent vers la ville mise en valeur par les JO. Pour le moment, le record de ventes de billets (près de neuf millions) ne s’accompagne pas d’un boom touristique tant espéré. Beaucoup de professionnels, dans une ville aussi fréquentée que Paris durant l’été, regrettent la profusion de supporters venus s’amuser et fêter les athlètes, mais bien moins dépensiers que la moyenne usuelle des visiteurs.

Notre note: 6/10 

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