Une Romande aux Jeux paralympiques
Sofia Gonzalez, la sprinteuse qui a appris à courir à 16 ans

La sprinteuse de 20 ans participera à ses premiers Jeux paralympiques au Japon, la semaine prochaine. Seulement quatre ans après avoir couru pour la première fois avec une prothèse.
Publié: 22.08.2021 à 06:10 heures
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Dernière mise à jour: 22.08.2021 à 06:36 heures
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Ugo CurtyJournaliste Blick

La sprinteuse Sofia Gonzalez sera l’un des visages de la Suisse aux Jeux paralympiques qui débutent mardi à Tokyo. Juste avant son départ pour le Japon, la jeune sprinteuse vaudoise répétait ses gammes au stade de la Saussaz par une chaude après-midi.

L’attraction du jour n’est pas l’équipe de Blick qui s’est déplacée pour elle sur les hauts de Montreux mais le nouveau jouet de «Jacko», son partenaire d’entraînement. Le jeune athlète a reçu par la poste les nouvelles pointes révolutionnaires de Nike, qui ont fait tant parler durant les Jeux olympiques. «Tu vois, moi aussi j’aurai des plaques de carbone aux pieds maintenant», glisse-t-il à son amie qui porte une prothèse en métal sous son genou droit. Le groupe éclate de rire.

Inspirée par Kambundji et Del Ponte

Aucune moquerie mais un rire complice. Son handicap, Sofia Gonzalez l’a transformé en une force grâce au sport. «C’est une source d’inspiration pour nous», s’enthousiasme «Jacko». C’est incroyable de dire que j’ai une amie qui va aux JO. Je la vois à la TV. C’est fou!» En l’écoutant, l’athlète paralympique a les yeux qui s’embuent un peu. «J’ai commencé l’athlétisme il y a quatre ans seulement, dans un groupe avec des athlètes valides, se souvient-elle. Cela n’a pas été facile au début, j’étais dans une position inconfortable. Mes coéquipiers aussi ont été confrontés à ma différence et ma prothèse. Aujourd’hui, nous sommes devenus proches même si j’ai de plus en plus d’entraînement avec l’équipe nationale.»

Sofia Gonzalez va représenter la Suisse aux Jeux paralympiques qui ont lieu à Tokyo du 24 août au 5 septembre.
Photo: Sven Thomann
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À Tokyo, la Vaudoise s’alignera sur le 100 mètres et en saut en longueur. L’athlète de 20 ans n’a pas perdu une miette des courses de Mujinga Kambundji et Ajla del Ponte qui l’ont précédée dans la capitale japonaise. «C’était fantastique de vivre ces moments, même à distance, confie Sofia Gonzalez. J’ai échangé par messages avec Ajla que j’avais rencontrée en camp de préparation en Turquie. C’était la première fois que je la voyais en vrai. Elle m’a dit qu’elle m’admirait pour mon parcours. Cela m’a beaucoup touchée parce que l’inverse est aussi vrai.»

Une nouvelle naissance à 16 ans

La sprinteuse a été amputée à l’âge de trois ans de sa jambe droite à cause d’une malformation. Une décision terrible pour ses parents. «Les athlètes paralympiques sont comme des phénix, image la jeune femme. Chacun a connu un accident, une maladie ou un autre obstacle de vie. Malgré tout, on renaît de nos cendres.» Sofia Gonzalez a découvert cet univers en 2012. Ses parents l’avaient accompagné à Londres pour les JO. «J’étais une petite fille de 11 ans en tribunes. Je m’en souviens très bien. Même si j’étais encore loin de vouloir être une sportive, j’ai été émerveillée par les compétitions.»

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Sa deuxième naissance n’arrivera que cinq ans plus tard, avec une rencontre qui a fait tout basculer. Sa mère l’inscrit de force à un week-end d’essai à Lucerne. «Je ne voulais pas y aller mais elle a bien fait d’insister», s’amuse Sofia Gonzalez qui a alors découvert les prothèses Ottobock, les fameuses lames de carbone. «Jusque-là, je ne pouvais pas vraiment courir. Ce n’est pas rien pour un enfant. Ce jour-là, j’ai découvert la sensation de vitesse, de sprint. J’avais l’impression de voler. Cela a changé ma vie.» Un nouvel allié dont il a fallu apprendre à dompter la force motrice et les rebonds mécaniques.

Une actrice célèbre

Sa prothèse est sûrement l’une des plus célèbres de Suisse romande. Lors de la Fête des Vendanges 2019, dont le spectacle a réuni 340’000 spectateurs à Vevey, Sofia Gonzalez a incarné la descendante du «Messager boiteux». Un personnage mythique – à la barbe fournie et au chapeau tricorne – qui a changé d’appellation et de genre sous les traits de l’athlète.

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«La Messagère ne boitait plus, elle courait, elle sprintait même, se remémore l’apprentie actrice avec émotion. L’idée est venue du metteur en scène, Daniele Finzi Pasca, qui avait organisé la cérémonie d’ouverture des JO de Turin en 2006. C’était vraiment novateur de mettre en avant une femme avec une telle prothèse. Cette Fête a sûrement permis d’ouvrir certaines mentalités, de faire découvrir à un large public le sport paralympique.»

Les exploits de ces athlètes seront diffusés en mondovision à l’occasion des XVIᵉˢ JO adaptés, qui auront lieu du 24 août au 5 septembre à Tokyo. Une chose est d’ores et déjà certaine, les athlètes du CA Riviera vibreront pour leur amie Sofia Gonzalez derrière leur petit écran.

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