Le maire de Kiev au front
Vitali Klitschko, l'ancienne star de la boxe mène le combat de sa vie

Le champion du monde de boxe Vitali Klitschko est l'un des visages de cette guerre en Ukraine. Son frère Vladimir est à ses côtés. Ils veulent se battre. Au péril de leur vie.
Publié: 27.02.2022 à 16:19 heures
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Dernière mise à jour: 28.02.2022 à 10:17 heures
Felix Bingesser

Œil pour œil, dent pour dent. Le monde de la boxe n’est pas fait pour les âmes sensibles. Le quinquagénaire Vitali Klitschko le sait bien. L’ancien poids lourd s’est aguerri au fil d’innombrables batailles sur le ring. Son palmarès est édifiant: 45 victoires en carrière pour deux défaites seulement. Avec son frère Vladimir, de cinq ans son cadet, les deux frères ukrainiens ont collectionné les ceintures de champions du monde comme des perles.

Issu d'un quartier défavorisé, Vitali Klitschko n’était pas un boxeur violent. C’est un stratège et un homme éduqué, passé par l'Université. Fils d’un général ukrainien, l’athlète a obtenu un diplôme de professeur de sport.

Laisser rebondir les adversaires pour mieux les frapper

Les frères Klitschko ont été des athlètes modèles. Vitali, par exemple, est un géant de deux mètres de haut pour 112 kilos. À ses heures de gloire, il laissait les adversaires lui rebondir dessus pour mieux les frapper.

Vitali Klitschko est maire de Kiev, une métropole de 3 millions d'habitants, depuis 2014.
Photo: AFP
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En 2014, le boxeur retraité est devenu maire de Kiev. Une métropole de trois millions d’habitants qui porte le visage de cette guerre ukrainienne. Vitali Klitschko se trouve au cœur du combat de sa vie. Le politicien est depuis longtemps une figure de proue de cette lutte, un porteur d’espoir.

Il y a douze ans, l’ancien sportif prend la tête de l’Alliance démocratique ukrainienne pour la réforme, un parti nouvellement créé. Ses initiales UDAR signifient «coup de poing» en ukrainien.

Le parcours de Vitali Klitschko était soutenu par la chancelière allemande de l’époque, Angela Merkel. Il y a des années déjà, le magazine «Spiegel» voyait en lui «le nouvel homme fort de l’Ukraine, celui qui doit contrer l’influence croissante du Kremlin».

Dans le bunker ou sur le front?

Alors que sa ville est attaquée, l’ancienne star de la boxe mondiale reste-t-elle les bras croisés dans son bureau de la mairie? Ou gouverne-t-il sa ville attaquée depuis son bunker? Vitali Klitschko compte mener par l’exemple, avec détermination.

«Je vais prendre un fusil d’assaut et me battre pour l’Ukraine. Je n’ai pas d’autre choix, je dois le faire. Nous voulons être un pays ouvert et démocratique, ne pas être sous l’influence de Poutine. Nous ferons tout pour défendre cela.» L'ancien sportif n'en est pas à son premier fait d'arme: en 2014, il s'était rendu en tenue de combat dans la rue lors de la révolte du Maïdan.

«Le sang se mêlera aux larmes»

Son frère Vladimir, qui s’est déjà engagé dans l’armée ukrainienne comme réserviste au début du mois, est lui aussi à ses côtés à Kiev. Il est intervenu dans les colonnes de la «Frankfurter Allgemeine Zeitung» dans une lettre ouverte à la population allemande. «Je vous écris depuis Kiev, la capitale d’un pays en guerre, attaqué et envahi de toutes parts. Ce n’est pas 'la guerre d’Ukraine', c’est la guerre de Poutine. […] Fini le brouillard et les fausses ouvertures diplomatiques. Le président russe utilise désormais une rhétorique guerrière dans la plus pure tradition bolchevique et réécrit l’histoire pour justifier son redécoupage des frontières. Il indique clairement qu’il veut détruire l’État ukrainien et la souveraineté de son peuple. Aux mots succèdent désormais les missiles et les chars. La destruction et la mort s’abattent sur nous. Ainsi, le sang se mêlera aux larmes.»

Vladimir se tient lui aussi aux côtés de Vitali dans leur combat le plus difficile, troquant les gants de boxe pour un fusil d’assaut. Ce sont des heures terriblement difficiles pour ces deux frères habitués au succès. Avec une issue incertaine et au péril de leur vie.

(Adaptation par Ugo Curty)

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