Deux descentes à Wengen?
«C'est néfaste pour notre sport!»

Certaines anciennes gloires du ski alpin n'apprécient pas que les classiques de la Coupe du monde se présentent de plus en plus souvent en format XXL avec deux courses sur des tracés mythiques.
Publié: 12.12.2023 à 09:37 heures
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Marcel W. Perren

Après la vague d'annulations du premier tiers de cet hiver de Coupe du monde (sur neuf courses masculines, seules deux ont été terminées), un programme monstre se dessine pour les classiques de vitesse en janvier.

À Wengen, une descente, un slalom et un super-G étaient initialement prévus. Selon toute vraisemblance, le comité d'organisation du Lauberhorn prendra encore en charge une descente qui a dû être annulée à Beaver Creek la semaine dernière. Les 19 et 20 janvier, deux nouvelles descentes sont prévues sur la fameuse «Streif» de Kitzbühel.

Feuz n'aime pas ça

Le champion olympique Beat Feuz a de très bons souvenirs des courses doubles sur les «classiques». En 2021, l'Emmentalois s'est assuré le doublé au Hahnenkamm. Néanmoins, le skieur de 36 ans, qui a disputé la dernière course de sa carrière il y a onze mois à Kitzbühel, se prononce contre ce format: «Une victoire lors d'une classique devrait rester quelque chose de très particulier. Mais si Wengen et Kitzbühel comptent chaque année deux descentes, nous aurons dans dix ans tellement de vainqueurs du Lauberhorn et de la Streif que ces titres n'auront justement plus rien d'exceptionnel».

Après les annulations à Zermatt et Beaver Creek, Marco Odermatt (photo) et ses coéquipiers disputeront une descente supplémentaire à Wengen. Une double descente est également prévue à Kitzbühel.
Photo: Getty Images
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Le pape du ski alpin allemand, Felix Neureuther, abonde dans le sens de son ami suisse: «De telles doubles courses sur ces pistes sont néfastes pour notre sport. Si la Coupe du monde de football est un événement aussi gigantesque, c'est notamment parce qu'elle n'a lieu que tous les quatre ans. En revanche, une médaille de championnat du monde de biathlon a moins de valeur parce qu'il y a un championnat du monde de biathlon chaque année. Et c'est pourquoi nous, les skieurs alpins, devrions accorder plus d'importance à l'exclusivité».

«Je ne comprends absolument pas»

Il ne sera toutefois pas question d'exclusivité dans les jours à venir lors des classiques alpines dans le Tyrol du Sud. Sur la «Saslong» de Val Gardena, outre le super-G (vendredi) et la descente originale (samedi) initialement prévus, une descente sera organisée jeudi sous une forme raccourcie pour remplacer celle de Zermatt-Cervinia. Et sur la «Gran Risa» d'Alta Badia, deux slaloms géants sont au programme dimanche et lundi.

Au grand dam de l'Autrichien Hans Knauss (52 ans, vice-champion du monde de slalom géant en 2003). «Je ne comprends absolument pas que l'on ait programmé dès le début deux géants sur cette pente sélective et chargée d'histoire. Pour les spécialistes du slalom géant, Alta Badia représente, avec Adelboden, la plus grande classique. Et ici, il ne devrait y avoir qu'un seul vainqueur par an. En Formule 1, on ne court qu'une fois par an à Monaco».

Faux départ de la saison

Même si des dates de rattrapage ont été trouvées pour deux descentes annulées, cette saison reste le pire départ dans l'histoire de la Coupe du monde de ski alpin, qui dure depuis bientôt 57 ans: sur les neuf courses masculines, seules deux ont pu être organisées jusqu'à présent cette saison - le géant de Val-d'Isère, avec le vainqueur Marco Odermatt, et le slalom de Gurgl, avec un triplé autrichien. 

En revanche, pas moins de sept courses ont été annulées: après les courses de vitesse à Zermatt-Cervinia (2) ainsi qu'à Beaver Creek (3) et le slalom géant à Sölden, le slalom de Val-d'Isère a également été victime de la météo dimanche.

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