La confession de Lara Gut-Behrami
«Avant, je voulais gagner. Maintenant, je veux vivre»

Ce week-end, Lara Gut-Behrami a remporté le slalom géant et le classement général de la Coupe du monde. La Tessinoise confesse désormais être est en paix avec elle-même. Cela n'a pas toujours été le cas.
Publié: 18.03.2024 à 12:34 heures
|
Dernière mise à jour: 18.03.2024 à 12:38 heures
RMS_Portrait_AUTOR_485.JPG
Mathias Germann

Skier. Skier tout simplement. Par plaisir et pour le plaisir. «J'aime ce sport. C'est ce qui me pousse à aller de l'avant», s'enthousiasme Lara Gut-Behrami. Elle a décroché 16 podiums cet hiver, dont huit victoires. Un nombre jamais atteint auparavant. Mais lorsqu'elle se lève dimanche à l'aube, la recette de son succès s'est comme envolée.

Gut-Behrami commence à ruminer. La raisons: ses confortables positions de leader en slalom géant et au classement général de la Coupe du monde lui donnent du fil à retordre. «J'étais nerveuse parce que c'était la première fois que je réalisais à quel point je voulais gagner ces globes de cristal. J'ai dû skier de manière tactique, mais je ne connais pas et ne sais pas vraiment faire ça».

Finalement, tout se passe bien, la 10e place de Gut-Behrami suffit pour remporter les deux trophées. Deux courses avant la fin de la saison, la Tessinoise est déjà assurée d'être la reine du ski de l'hiver. «Cela me rend fière», dit-elle.

Lara Gut-Behrami remporte deux globes de cristal en même temps. Sa mère Gabriella (à droite) et son père Pauli (à côté) sont également présents.
Photo: keystone-sda.ch
1/8

Gut-Behrami a longtemps été sans répit

C'est la toute première fois que Gut-Behrami remporte la Coupe du monde de géant. On comprend vite à quel point cela signifie quelque chose pour elle. La Tessinoise rayonne de bonheur dans l'aire d'arrivée de Saalbach avec le soleil printanier. «Cela m'a toujours dérangée quand on disait que j'étais une skieuse de vitesse. Car le slalom géant est la discipline de base. Cette discipline montre que l'on fait partie des meilleures sur le plan technique».

La skieuse de Comano faisait déjà partie des meilleurs lorsqu'elle était adolescente. Et les succès ne se sont pas fait attendre. À 17 ans, elle a déjà remporté deux médailles d'argent aux championnats du monde. Aujourd'hui, lorsqu'elle se remémore ses débuts dans le monde du ski, elle fait son introspection: «À l'époque, il me manquait le calme pour me développer en tant que personne. Je voulais skier rapidement, c'était le plus important. Je ne connaissais rien d'autre. Et quand je gagnais, je me disais qu'il fallait que je livre à nouveau le lendemain».

«Elle s'est pris un mur à plusieurs reprises».

Pour Walter Reusser, ces paroles sont plus que plausibles. Le CEO de Swiss-Ski n'était certes pas là à l'époque, mais il connaît parfaitement le parcours de Gut-Behrami. Il sait notamment qu'à un moment donné, elle s'est disputée non seulement avec les médias, mais aussi avec la fédération. «Tout le monde a fait des erreurs à l'époque, pas seulement Lara. Elle s'est prix un mur à plusieurs reprises, mais c'est précisément pour cela qu'elle est là où elle est aujourd'hui».

Lara n'est pas seulement une grande skieuse, mais aussi un modèle pour de nombreux enfants. «Aujourd'hui, le nombre de filles et de garçons qui obtiennent une licence de ski n'a jamais été aussi élevé. Cela n'est pas seulement lié à Lara et bien sûr à Marco Odermatt, mais ils aident beaucoup.»

Pas de caméras? C'est encore mieux

Ce qui impressionne particulièrement Reusser, c'est la «saine distance» de Gut-Behrami par rapport au reste des skieuses... bien qu'elle soit un personnage central: «Elle observe beaucoup de choses avec de la hauteur et peut très bien évaluer ce qui se passe».

C'est précisément ce qui est ressorti à Saalbach. Lara Gut-Behrami semblait satisfaite, mais pas euphorique. La présence de sa mère Gabriella et de son père Pauli a-t-elle ajouté encore une couche au bonheur de la Tessinoise? «Bien sûr. Mais les moments où il n'y a pas de caméra sont encore plus importants. Cette semaine, j'ai parlé avec eux de tout ce qu'ils ont fait avec nous, les enfants. Ce sont les souvenirs les plus importants que je garde en moi.»

«Je suis en paix avec moi-même»

Le plus grand tournant dans sa carrière n'a pas été sa première victoire au classement général de la Coupe du monde en 2016, mais sa rupture des ligaments croisés en 2017. «Avant, je pensais que j'étais quelqu'un uniquement parce que je skiais vite. Avec cette blessure, j'ai réalisé que c'est l'humain qui est déterminant.» Elle s'est mariée, a supprimé ses comptes sur les réseaux sociaux et s'est moquée de ce qu'on pensait d'elle. Mais surtout, Lara Gut-Behrami a commencé à profiter de la vie: «Avant, je voulais gagner, maintenant je veux vivre. Je suis en paix avec moi-même»

En attendant, Gut-Behrami ne veut pas entendre parler d'une retraite à l'apogée. Son plan reste de skier encore une saison. «Mais il se peut que je me réveille un jour en été et que je me dise que tout cela n'a plus de sens. Que je préfère rester à la maison».

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la