Rivaux mais amis
Federer-Nadal, un duel qui restera dans l'histoire

Pendant quinze ans, Roger Federer et Rafael Nadal ont écrit le feuilleton le plus passionnant de l'histoire du tennis, un duel entre deux joueurs aux styles totalement opposés que l'Espagnol a finalement dominé grâce à sa suprématie sur terre battue.
Publié: 15.09.2022 à 17:17 heures

Nadal est l'incontestable vainqueur aux points (24-16) de ce combat du siècle en 40 rounds qui s'est étendu de 2004 à 2019. Soit depuis que le tout jeune Majorquin, alors âgé de 17 ans, avait créé la surprise en battant le Suisse, nouveau numéro 1 mondial de cinq ans son aîné, jusqu'à la demi-finale de Wimbledon gagnée par Federer en 2019.

Son point d'orgue a été l'extraordinaire finale de 2008 sur le gazon anglais, quand Nadal, battu l'année précédente dans un match déjà mémorable, a détrôné le quintuple tenant du titre à la nuit tombante après presque cinq heures d'un tennis de rêve des deux côtés. Cette rencontre est considérée comme la plus célèbre de l'histoire du tennis avec le Borg-McEnroe de 1980, au même endroit.

Il y a eu d'autres sommets, comme la finale de l'Open d'Australie 2009 à l'issue de laquelle le Suisse, vaincu, n'a pu retenir ses larmes, ou celle qu'il a remportée huit ans plus tard, signant un époustouflant retour au premier plan en Grand Chelem après six ans de disette.

Roger Federer, ici vainqueur de l'Espagnol Rafael Nadal en demi-finales de Wimbledon, le 12 juillet 2019 à Londres.
Photo: ADRIAN DENNIS
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Les chiffres pour le Majorquin

Nadal a eu le dessus dans les finales en Grand Chelem (6 à 3), dans les matchs disputés dans ces Majeurs quel que soit le tour (10-4) et aussi dans les finales tous tournois confondus (14-10). Ce bilan s'explique par sa supériorité écrasante sur l'ocre: 14 victoires à 2, dont quatre en finale de Roland-Garros. Federer est en revanche en tête sur herbe (3-1) et sur dur (10-9) mais pas sur dur en extérieur (8-6 pour Nadal).

L'affiche Federer-Nadal, vue neuf fois, a été la plus fréquente de l'histoire en finale des épreuves du Grand Chelem, devant les sept Nadal-Djokovic et les sept Djokovic-Murray. Ce n'est pas le nombre mais l'opposition de styles, comme dans les quatre Borg-McEnroe, qui a enthousiasmé le public: légèreté et offensive côté suisse, puissance et défense côté espagnol, même si évidemment Federer avait aussi d'excellentes jambes et Nadal des coups d'attaque dévastateurs, surtout en coup droit.

Le Majorquin a adopté une tactique simple pour mettre en échec les assauts du Suisse: pilonner son revers, son coup le moins fort, avec ses grands coups droits liftés de gaucher. «Avec Federer, la seule chose à faire est de ne pas lâcher son revers, l'obliger à frapper la balle haut, la raquette à hauteur du cou, le mettre sous pression, le miner, chercher ainsi la faille et miner son moral», explique-t-il dans son autobiographie («Rafa»).

Rivaux mais amis

Federer a fini par trouver la parade, à la fin de sa carrière, et a réduit l'écart au bilan total en gagnant leurs sept derniers duels hors terre battue. En revanche, sur l'ocre, il a oscillé entre plusieurs variantes de sa stratégie offensive, sans jamais aboutir. C'est l'année où Nadal, blessé au genou, avait été éliminé prématurément que le Bâlois avait réussi à gagner son seul Roland-Garros, en 2009.

Au fil des saisons, Nadal a fait évoluer sa panoplie, lui ajoutant un service efficace sur herbe et sur dur et un revers (à deux mains) redoutable pour bousculer son rival sur toutes les surfaces.

Les deux champions ont été l'un pour l'autre (et Novak Djokovic pour les deux) le principal obstacle à une domination totale sur le circuit. Pourtant, il n'y a jamais eu la moindre animosité, mais au contraire une amitié jamais démentie entre ces deux hommes qui se sont invités l'un chez l'autre et ont participé ensemble à des événements de promotion comme la «bataille des surfaces» (moitié terre battue, moitié gazon) en 2007.

L'Espagnol, en particulier, n'a jamais caché son admiration pour son rival. Admettant dans son livre «un décalage de talent» avec le Suisse, il se disait «sidéré par la qualité de son jeu» et avouait qu'il «n'en revenait pas d'avoir réussi à le battre», en partie parce que «Federer n'était pas tout à fait Federer quand il jouait contre» lui.

Le Suisse, lui, a souligné que c'était Nadal, un joueur «qui a des coups que personne d'autre n'a», qui l'avait poussé à remettre en question son jeu pour devenir un plus grand champion encore.

(AFP)

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