3ème édition sans liquide
Finalement, un festival sans argent liquide, c'est bien pratique

Paléo 2024, ça sera à nouveau sans cash. Le futur dystopique que certains craignaient s'étant révélé plutôt pratique les années précédentes, cette année, c'est rebelote. Sans liquide, la fête est plus folle!
Publié: 22.07.2024 à 17:02 heures
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Dernière mise à jour: 22.07.2024 à 18:23 heures
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Fabien GoubetJournaliste Blick

«Tout fout le camp», «Une raison de plus de boycotter ce festival», «plus jamais»… Les commentaires des internautes en réaction à l'abandon de l'argent liquide à Paléo étaient largement négatifs. Les cyber-critiques prophétisaient une poussée à la consommation. Une fuite de données personnelles. Une perte de lien social, voire l'avènement d'un futur dystopique. Le point George Orwell n'était pas loin.

Après deux éditions de Paléo avec des moyens de paiement modernes, disons-le tout net: les espèces sonnantes et trébuchantes ne manqueront à personne, bon débarras. Paléo sans cash, c'est mieux pour les organisateurs, c'est mieux pour tout le monde, et ça revient cette année.

C'est quoi la différence entre no cash et cashless?

Reprenons. Alors qu'en Suisse, un gros tiers des dépenses courantes est effectué en liquide, Paléo a décidé l'année dernière de mettre en place, comme bien d'autres événements, une gestion de type «cashless». Enfin, pas vraiment: «On préfère dire 'no cash'», corrige le secrétaire général du festival, Mario Fossati. La différence? «Cashless» impose souvent un ou plusieurs moyens de paiement créés pour l'occasion (jetons, bracelets rechargeables…) tandis que «no cash», «c'est exactement comme dans la vie de tous les jours, lorsque l'on paie avec moyen numérique: la liberté est totale, sauf pour le cash», éclaire le responsable, qui rappelle que «Festi'Neuch en a tiré un bilan satisfaisant».

De 800 à 900 terminaux de paiement numériques ont dû être déployés.
Photo: Timon Bachmann

Concrètement, on paie sa tournée avec son smartphone (Twint, Google Pay, Apple Pay) ou sa carte de paiement habituelle (Maestro, Visa, Mastercard, Postcard). Quant aux festivaliers qui arrivent les poches pleines de billets, ils sont invités à les échanger contre une carte ou un bracelet rechargeables, qui permettent un paiement de type sans contact.

Le no cash a fait disparaître les files d'attente

Expérience faite l'année dernière, sur place, les bancomats et leurs interminables files ont disparu. Les paiements s'enchaînent de manière fluide: bip, merci, au-revoir. Enfin, avec plus ou moins de constance. Carton jaune pour Twint en particulier, dont les paiements étaient poussifs, la validation ayant parfois nécessité des dizaines de secondes. En comparaison, le bracelet prépayé ou le simple paiement sans contact avec sa carte de crédit sont quasi instantanés.

Les remboursements de la consigne exigée pour les assiettes et les gobelets s'opèrent de la même manière, toujours aussi rapidement, et «sans frais administratifs» comme c'est parfois le cas, souligne Mario Fossati qui met également en avant «une meilleure hygiène», sans argent liquide passé entre on ne sait quelles mains.

Logistique complexe

Pour mettre en place ce système, «de 800 à 900 terminaux ont dû être déployés dans tous les stands, estime Mario Fossati. Les appareils doivent être fonctionnels, leur batterie chargée et leur connectivité assurée. «Le réseau est un gros enjeu car en cas de panne, plus rien ne fonctionne, admet le secrétaire. Nous avons mis en place un réseau indépendant et renforcé pour être certains qu'il tienne même en cas de forte affluence.»

Lors d'un passage dans un stand, j'ai pu constater l'importance de ce sujet: plus aucun des terminaux ne semblait être connecté, rendant impossible tout paiement durant de longues minutes. Heureusement, par la magie d'un redémarrage, tout est rapidement revenu en ordre. 

L'ensemble des tenanciers interrogés l'année dernière s'étaient dit satisfaits. «On a un peu appréhendé, après des années à faire avec du cash, confie le responsable d'un bar. Mais tout a très bien fonctionné, mis à part quelques reboots occasionnels, les machines ont été très fiables.»

Big data des consommations

L'abandon du cash se révèle donc bien plus simple que ce que les critiques redoutaient. Quant aux données personnelles, la question est balayée par Mario Fossati: «Nous ne récoltons aucune donnée individuelle, nous n'avons aucun accès aux données bancaires des festivaliers.»

Au contraire, explique-t-il, les données récoltées, de type big data, permettent de faire la lumière sur des choses qui passaient jusqu'ici complètement inaperçues: les lieux et les heures de pointe, par exemple. 

«L'annonce de la numérisation des paiements suscite des craintes, mais après coup on s'aperçoit que ce n'était finalement pas si compliqué», souligne Mario Fossati.

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