Le mieux, c'est toujours de goûter. Ce n'est pas Angèle Monteleone qui dira le contraire. L'organisatrice de l'Afrik FestiFood, festival gastronomique dont la troisième édition se tiendra à Genève de vendredi à dimanche, voit les choses simplement: «On veut un festival qui permet au public de découvrir les gastronomies et les cultures afro-descendantes. Il faut en faire l'expérience directement, sinon elles resteront méconnues».
Une expérience initiatique, donc. Celle-ci se tiendra dans le Pavillon Sicli, une ancienne usine du quartier industriel de la Praille-Acacias, avec des festivités en deux temps «pour allier la gastronomie de haut niveau et des plats plus accessibles», précise Angèle Monteleone.
«Chefs touche-à-tout»
Il y aura d'abord une soirée de gala vendredi, avec des agapes de haut vol (en sept services et pour 160 francs) plutôt destinées aux entreprises. Les convives pourront ainsi travailler leurs réseaux et leur tour de ceinture tout en dégustant un menu pensé et préparé par quatre chefs, dont deux femmes, autour de produits aussi bien genevois qu'africains. «C'est un menu orienté fusion, qui marie des éléments traditionnels de la gastronomie africaine avec des nouveautés, des techniques ou des ingrédients occidentaux, orientaux ou encore caraïbéens. C'est un élément important, parce qu'il reflète bien l'évolution des nouvelles générations de chefs touche-à-tout qui font émerger de nouvelles saveurs», explique l'organisatrice.
Venu de Madagascar, le renommé Lalaina Ravelomanana — premier chef africain entré en 2010 à la vénérable Académie culinaire de France — évoluera dans une brigade composée notamment de la cheffe et pâtissière parisienne Anissa Chnini, de Clarence Kopogo, Centre-africaine ayant lancé l'Institut gastronomique panafricain, ou encore d'Elis Bond, l'un des candidats prometteurs de Top Chef 2022.
«Donner une impulsion à Genève»
Les samedi et dimanche se veulent davantage ouverts au grand public, avec quelques dizaines de stands d'exposants mettant en avant leur savoir-faire culinaire, artistique ou artisanal. On pourra goûter des petites portions à prix réduit, et il y aura également des ateliers et des sessions de live cooking où l'on pourra notamment voir d'autres chefs à la manoeuvre. Citons ici le Genevois Nasser Jeffane, du restaurant Attar, qui travaillera en direct, ainsi que Jean-Marie Bucumi, bénéficiaire d'une étoile Michelin au Bistro Racine à Bruxelles et qui officie désormais dans un autre établissement de la capitale belge, la Villa Emily.
Précise et informée, Angèle Monteleoni possède une fine connaissance de la gastronomie. La Suisse est, selon elle, en retard sur la scène des gastronomies afro-descendantes: «À Paris, New York ou Londres, l'offre culinaire des gastronomies émergentes est bien plus étoffée qu'à Genève, qui est pourtant une ville internationale. Il faut donner une impulsion».
Les Suisses seraient-ils donc réticents à l'idée de déguster des plats venus d'ailleurs? Non, rassure l'organisatrice: «Au Paléo, l'Afrique de l'Ouest était à l'honneur et j'y ai vu de longues files de gens qui attendaient pour découvrir des plats africains. C'est la preuve qu'il y a un véritable engouement. Mais l'offre reste insuffisante aujourd'hui: si vous voulez manger africain, il n'y a que quelques restaurants, rien de plus — pas beaucoup de snacks ou de vente à emporter, par exemple. Cela ne suffit pas à développer des habitudes, des réflexes pour se dire 'Tiens, je vais manger camerounais' comme on déciderait d'aller manger chinois.»
Pour les curieux et les gourmands qui se rendront sur place, Angèle Monteleone recommande jeter un oeil au stand des cuistots de «Coupés coupés», qui seront pour la première fois en Suisse ce week-end. «C'est du boeuf fumé et coupé en lamelles, quelque chose d'authentique qu'on mange avec un peu de pain au bord de la route au Cameroun et ailleurs». Un barbecue africain en somme? N'en dites pas plus, on fonce!
Afrik Festifood
Du 26 au 28 août
Pavillon Sicli, Genève
Tram 15 ou 17 depuis la gare, arrêt Pictet-Thelusson