Berne en a décidé ainsi
Pas d'accueil d'un grand nombre de réfugiés afghans en Suisse

Après la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, l'accueil des réfugiés se concentrera sur les collaborateurs ayant travaillé dans le bureau de la DDC à Kaboul, soit environ 230 personnes. La suisse ne prévoit pas l'accueil des réfugiés en grand nombre, dit Berne.
Publié: 18.08.2021 à 13:36 heures
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Dernière mise à jour: 18.08.2021 à 15:47 heures
ATS

Seuls les Afghans employés par Berne et leurs familles seront accueillis en Suisse, a expliqué mercredi le gouvernement dans un communiqué. Le Conseil fédéral ne prévoit pas d'accueillir un nombre conséquent de personnes en provenance de ce pays d'Asie, tombé aux mains des talibans.

Il manque encore des informations claires sur la situation sur place. Les éventuels besoins de réinstallation ne peuvent donc pas être définis. Par ailleurs, une telle opération ne serait techniquement pas possible à l'heure actuelle, compte tenu de la situation chaotique en Afghanistan.

Pour le moment, la Suisse a donc prévu de n'accueillir que le personnel local travaillant dans son bureau de coopération de Kaboul, temporairement fermé, et leur famille proche. Il s'agit d'environ 230 personnes au total. Elles seront décomptées du contingent de réinstallation de 800 personnes pour 2021.

Un groupe de réfugiés afghans en Turquie, en juillet dernier.
Photo: DUKAS

Situation trop instable pour accueillir des réfugiés

La situation est trop instable en Afghanistan actuellement pour envisager d'accueillir des réfugiés, selon la ministre de justice et police Karin Keller-Sutter, qui s'est exprimée mercredi devant les médias à l'issue de la séance du Conseil fédéral.

«Je comprends la demande que la Suisse accueille des réfugiés», dit-elle. Mais l'ONU commence à peine à évaluer la situation sur place, a relevé Karin Keller-Sutter. «On ne s'attend en outre pas à de grands flux de réfugiés vers l'Europe ces prochains temps. Le voyage depuis l'Afghanistan est long», a-t-elle ajouté.

Il n'est en revanche pas exclu qu'à terme, la Suisse accueille des réfugiés afghans. La décision dépendra aussi de l'évaluation du HCR.

La Suisse est en outre en contact avec ses partenaires européens. La conseillère fédérale participe d'ailleurs mercredi après-midi à une réunion avec les ministres de l'intérieur de l'Espace Schengen. La question de l'Afghanistan sera certainement au coeur de leur réunion en visioconférence, dit-elle.

En danger après la prise de pouvoir talibane

Les Afghans qui ont travaillé avec des Etats ou des organisations occidentaux sont potentiellement en danger suite à la prise de pouvoir par les talibans, rappelle le Conseil fédéral. Les personnes concernées recevront l'asile dès qu’elles seront arrivées et auront été enregistrées en Suisse. S’agissant d’employés des services de Développement et coopération (DDC), leur identité est connue et des contrôles de sécurité ont été effectués.

L'accueil d'autres personnes devra suivre la procédure habituelle. Une demande de visa pourra être déposée personnellement auprès d'une représentation suisse à l'étranger. Et un visa humanitaire ne sera octroyé que si la personne fait état d'une menace directe et sérieuse contre elle. Selon une pratique constante, elle doit aussi pouvoir se prévaloir d’un lien étroit et actuel avec la Suisse.

Pour les membres de la famille proche, la possibilité existe également d’un regroupement familial selon les dispositions ordinaires. Les demandes d'asile déposées en Suisse seront elles examinées selon la procédure ordinaire. Le Secrétarait d'Etat aux migrations a toutefois suspendu le 11 août, et jusqu’à nouvel ordre, l’exécution des décisions de renvois forcés.

Encore une trentaine de ressortissants sur place

Pour le moment, trois collaborateurs suisses ont quitté Kaboul samedi et sont en Suisse depuis hier. Une trentaine de ressortissants suisses voulant quitter le pays se sont également annoncés. Berne oeuvre sans relâche pour les évacuer, assure le gouvernement qui se dit préoccupé par la gravité de la situation.

Le Conseil fédéral appelle avec insistance tous les acteurs impliqués à respecter le droit international humanitaire et les droits humains. Les droits des minorités, ainsi que ceux des femmes et des filles en particulier, doivent être garantis.

Les ressortissants afghans et étrangers qui souhaitent quitter le pays doivent pouvoir le faire librement et sans obstacle, poursuit-il. Les routes, les aéroports et les postes frontières doivent rester ouverts à cette fin. L’aéroport de Kaboul, en particulier, doit permettre des départs libres et sans discrimination.

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