«Conséquences terribles» pour tout le «peuple afghan»
L'ONU demande de mettre fin aux «restrictions inimaginables» imposées aux femmes en Afghanistan

Le Haut-Commissaire des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, a enjoint mardi les talibans afghans à lever les «restrictions inimaginables» imposées aux femmes. Il met en garde contre des «conséquences terribles» pour «tout le peuple afghan».
Publié: 27.12.2022 à 15:34 heures

«Ces restrictions inimaginables imposées aux femmes et aux filles vont non seulement augmenter les souffrances de tous les Afghans mais, je le crains, poser un risque au-delà des frontières de l'Afghanistan», écrit Volker Türk, Haut-Commissaire des droits de l'homme de l'ONU, dans un communiqué. Il met en garde les talibans: «Aucun pays ne peut se développer - voire survivre - socialement et économiquement si la moitié de sa population est exclue.»

Les talibans, qui ont pris le pouvoir à Kaboul à la mi-août 2021 et dont l'autorité n'est pas reconnue par l'essentiel de la communauté internationale, ont interdit à quelques jours d'intervalle aux femmes et aux filles de poursuivre des études universitaires et, depuis le 24 décembre, de travailler dans des ONG nationales ou internationales. «Ce dernier décret des autorités de facto aura des conséquences terribles pour les femmes et pour tout le peuple afghan», a souligné le Haut-Commissaire. «Interdire aux femmes de travailler dans les ONG les privera, elles et leurs familles, de leurs revenus, et de leur droit de contribuer positivement au développement de leur pays et au bien-être de leurs concitoyens», a souligné Volker Türk, joignant sa voix à un concert de réprobations du monde entier.

La moitié de la population dépend de l'aide humanitaire

De très nombreuses ONG dépendent de leur personnel féminin et ne seront pas en mesure de fonctionner sans lui. Lundi, une demi-douzaine d'entre elles avaient suspendu leur activité, les talibans ayant menacé de révoquer les autorisations des organisations qui ne respecteraient pas le décret.

À quelques jours d'intervalle, les talibans ont interdit aux femmes et aux filles de poursuivre des études universitaires et, depuis le 24 décembre, de travailler dans des ONG nationales ou internationales.
Photo: Keystone/AP

«L'interdiction compromettra considérablement, voire détruira, la capacité de ces ONG à fournir les services essentiels dont dépendent tant d'Afghans vulnérables», prédit le chef des droits humains à l'ONU. Plus de la moitié de la population – soit environ 24 millions de personnes – dépend d'une manière ou d'une autre de l'aide humanitaire.

En dépit de leurs promesses de se montrer plus souples, les talibans sont revenus à l'interprétation ultra-rigoriste de l'islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. Depuis leur retour à la tête de l'État, les mesures liberticides se sont multipliées en particulier à l'encontre des femmes qui ont été progressivement écartées de la vie publique et exclues des collèges et lycées.

(ATS)

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