Elle les réduira plus tard
La Réserve fédérale américaine maintient ses taux élevés inchangés

La Réserve fédérale américaine (Fed) a choisi mercredi de ne pas toucher à ses taux. Le projet de les réduire par trois fois cette année reste toutefois de mise
Publié: 20.03.2024 à 21:15 heures
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Dernière mise à jour: 21.03.2024 à 12:33 heures

La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi inchangés ses taux, qui demeurent au plus haut depuis plus de vingt ans. Elle conserve en revanche le projet de les réduire par trois fois cette année. Les taux au jour le jour restent entre 5,25% et 5,50%, a annoncé la Fed dans un communiqué, après une décision unanime des membres du Comité monétaire (FOMC). Les membres de la Fed, qui ont relevé nettement leur projection de croissance du PIB des Etats-Unis à +2,1% cette année, au lieu de +1,4% précédemment, prévoient toujours trois baisses de taux d'un quart de point de pourcentage en 2024.

Pour 2025, néanmoins, le Comité est moins optimiste, ne prévoyant plus que trois autres baisses de taux pour les descendre à 3,9%, au lieu de quatre projetées précédemment. Les marchés s'attendaient à ce statu quo. Wall Street, qui était en timide baisse en première partie de séance, a viré au vert lorsque les traders ont été rassurés par les perspectives de baisses des taux destinées à soutenir l'économie une fois que l'inflation sera jugulée. Le Dow Jones gagnait 0,72% vers 21h00 (suisses) et le Nasdaq quasiment 1%.

Jerome Powell, le président de la Fed, a estimé lors d'une conférence de presse que l'inflation restait «encore élevée» (à 3,2% selon l'indice CPI) mais il a répété être persuadé qu'elle parviendrait «sur la durée» à l'objectif de 2%. «Nous sommes fermement déterminés à ramener l'inflation à 2% au fil du temps. C'est notre objectif et nous atteindrons cet objectif. Les marchés croient que nous y parviendrons et nous devons le croire», a-t-il martelé. Plus tôt, le patron de la Fed a aussi insisté sur «l'incertitude» de la réussite en la matière.

La Fed maintient ses taux inchangés (Photo d'illustration).
Photo: Andrew Harnik

Une économie «solide»

Dans son communiqué, quasi identique à celui de la précédente réunion de janvier, la Réserve fédérale juge l'économie américaine «solide», avec «de forts gains d'emplois», alors que le taux de chômage demeure à 3,9%. Une forte croissance du marché de l'emploi n'est pas en soi «une raison d'inquiétude pour l'inflation», a assuré M. Powell indiquant que la croissance des salaires s'était apaisée.

Dans ses nouvelles prévisions économiques, la Fed anticipe, comme il y a trois mois lors de ses dernières projections, une inflation à 2,4% en 2024, qui a du mal à descendre sous son niveau actuel, selon l'indice PCE. Le taux de chômage va progresser moins qu'elle ne le craignait, à 4% cette année et 4,1% l'année prochaine. Le Comité redit «ne pas s'attendre à ce qu'il soit approprié de baisser la cible des taux avant d'être davantage confiant dans la trajectoire durable de l'inflation vers l'objectif de 2%».

Des perspectives incertaines

Pour juguler une forte inflation née des massifs soutiens monétaires apportés après la crise sanitaire et économique mondiale provoquée par l'épidémie Covid 19, la banque centrale américaine avait relevé ses taux de 5 points de mars 2022 à juillet 2023, un rythme inédit, les portant jusqu'à 5,25%-5,50%. La Fed est ainsi parvenue à réduire l'inflation des deux tiers depuis son sommet à 9,1% en juin 2022, sans provoquer jusqu'ici de récession, espérant conclure avec un «atterrissage en douceur» en domptant l'inflation sans créer trop de chômage.

En janvier, elle avait reculé sur un an, à 2,4% contre 2,6%, mais avait accéléré sur un mois, à 0,3% contre 0,1%. Jerome Powell a par ailleurs indiqué que la Fed allait «très bientôt» ralentir la réduction du volume de ses actifs à son bilan jusqu'à ne conserver que des bons du Trésor dans ces réserves et non plus également des titres hypothécaires. Ces cessions de titres qui ont réduit le portefeuille de la Fed de 1.500 milliards de dollars ont été un autre outil de resserrement de la politique monétaire puisque ce puissant acheteur d'obligations qu'était la Fed va prendre du recul.

(ATS)

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