Nouvelle attaque au couteau dans la capitale française
A Paris, une violence qui ne faiblit pas

Une nouvelle attaque au couteau ce mercredi 11 janvier à la gare du Nord à Paris a fait six blessés. Après l'attentat contre la communauté kurde en décembre et huit ans après les attentats de 2015, la capitale française s'interroge.
Publié: 11.01.2023 à 12:35 heures
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Dernière mise à jour: 11.01.2023 à 16:45 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Paris, de nouveau visé par une attaque au couteau. Ce qui s’est passé ce mercredi matin 11 janvier vers 6h45 gare du Nord, dans la capitale française, montre malheureusement que celle-ci reste une cible. Attaque d’un désaxé? Nouvel attentat commis par un islamiste radicalisé, huit ans après les tueries de janvier 2015 contre la rédaction de Charlie Hebdo et le supermarché juif Hyper cacher. A l’heure d’écrire ces lignes, le parquet antiterroriste n’a pas été saisi. Mais une évidence s’impose: Paris ne parvient pas à juguler ce type de violences. Pourquoi? Voici quelques explications.

Paris, toujours visé par l’islamisme violent

A ce stade, l’identité de l’assaillant de la gare du Nord n’est pas encore connue. L’homme a été interpellé par les policiers après avoir attaqué au couteau six personnes, dont une est en urgence absolue. Trois éléments plaident toutefois pour la thèse d’un possible attentat. Le premier est le lieu choisi: la gare du Nord est la plus fréquentée d’Europe.

Elle dessert Bruxelles, la capitale de l’Union européenne. C’est à la fois un lieu symbolique et proche de quartiers connus pour abriter des associations islamiques plusieurs fois mises en cause dans les enquêtes sur les milieux salafistes. Un lieu fréquenté aussi par de nombreux migrants, qui cherchent à transiter vers le nord de la France d’où certains espèrent partir vers le Royaume-Uni, grâce à des réseaux de passeurs. Le déroulement de la scène, à savoir une attaque à l’arme blanche, rappelle aussi des attentats précédents comme celui perpétré à la basilique Notre-Dame-de-Nice en octobre 2020 (trois morts).

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est rendu mercredi matin 11 janvier sur les lieux de l'attaque au couteau perpétrée à la gare du Nord. A la mi-décembre, celui avait affirmé que 39 attentats islamistes et neuf attentats d'ultra-droite ont été déjoués depuis 2017.
Photo: keystone-sda.ch
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Ce qui s’est passé gare du Nord ce mercredi 11 janvier

Deuxième élément: le moment choisi. Cela fait exactement huit ans que l’année 2015 avait démarré dans le sang, avec le massacre d’une partie de la rédaction de Charlie Hebdo (le 7 janvier) puis l’attentat contre le supermarché juif Hyper cacher (le 9 janvier). Autre coïncidence: c’est le 11 janvier 2015 qu’avait eu lieu la grande manifestation de soutien parisienne «Je suis Charlie» contre l’islamisme. Ces anniversaires sont redoutés par la police. Il est difficile de ne pas y penser dans ces circonstances.

Troisième élément: l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo vient à nouveau de défrayer la chronique avec son concours de caricatures sur les Ayatollahs iraniens. Ce choix s’explique par la répression terrible qui s’abat en Iran. Mais à chaque fois que Charlie Hebdo a recommencé à publier des caricatures sur l’Islam ou ses dignitaires, ou à se retrouver sur le devant de la scène médiatique, la violence a été au rendez-vous. Le 25 septembre 2020, le journal avait de nouveau fait l’objet d’une attaque au couteau à Paris, au début du procès des complices des frères Kouachi, auteurs du massacre de janvier 2015 tués par la police. Cette attaque, perpétrée par un ressortissant pakistanais, avait fait deux blessés.

Paris, d’un attentat à l’autre

Difficile de ne pas relier l’attaque au couteau commise gare du Nord avec la dernière attaque en date qui a secoué la capitale française juste avant Noël. Vendredi 23 décembre, William M., un Français de 69 ans, a tué trois personnes avec une arme à feu. Les victimes étaient toutes kurdes, familières d’un centre culturel kurde connu à Paris. La qualification terroriste n’a pas été reconnue pour cette attaque, mais les motifs racistes sont clairement établis, au vu de l’itinéraire de l’agresseur. Lequel venait d’être libéré de prison, après avoir purgé une peine de près d’un an pour avoir attaqué en décembre 2021 un campement parisien de migrants avec un sabre.

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Ce que l’on sait de l’interpellation du suspect

La communauté kurde française s’est mobilisée contre cette attaque, qu’elle continue d’attribuer à une manipulation de la Turquie, même si aucun élément n’est venu étayer cette thèse jusque-là. Ce dimanche 7 janvier, des milliers de Kurdes venus de toute l’Europe ont manifesté à Paris pour protester contre ce qu’ils considèrent comme un attentat.

Paris, capitale symbolique

La capitale française n’est pas la seule métropole européenne, tant s’en faut, à être le théâtre d’attaques violentes. Londres, la capitale britannique, a connu plusieurs épisodes violents similaires. La dernière en date est une attaque survenue en octobre 2022 dans le centre de la ville, suite à un vol qui avait mal tourné. On pense aussi à l’attentat à la voiture lancée contre des passants, perpétrée à proximité du parlement de Westminster le 22 mars 2017. En Allemagne, plusieurs attaques au couteau ont eu lieu en 2021, dont une en Bavière qui a fait trois morts en janvier.

Pourquoi Paris est-elle néanmoins particulièrement visée? Au moins deux raisons viennent à l’esprit. La première est la position particulière de la France face à l’islamisme radical. La laïcité républicaine, et la défense du droit au «blasphème» revient toujours dans le débat public, comme l’ont encore prouvé ces jours-ci la couverture de Charlie Hebdo, où l’écho donné au débat entre l’écrivain Michel Houellebecq et le philosophe Michel Onfray, publié dans la revue «Front Populaire».

La seconde est le niveau de violence préoccupant à Paris, où l’insécurité de façon générale s’est aggravée ces dernières années. La présence de campements insalubres de toxicomanes aux abords de la capitale, mais aussi celle de campements de migrants, a rendu de plus en plus compliqué le débat sur la criminalité, malgré le déploiement d’effectifs policiers toujours plus nombreux.

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