Aucune trace des 600 morts annoncés
Des Russes en colère contre Poutine après une «fake news»

Selon le Kremlin, les troupes de Poutine auraient lancé une attaque de représailles dimanche, causant la mort de 600 Ukrainiens. Il s'est avéré qu'il s'agissait d'une fake news. De nombreux blogueurs militaires russes sont désormais en colère.
Publié: 09.01.2023 à 18:32 heures
Carla De-Vizzi

Une nouvelle fois, la colère gronde chez les blogueurs militaires russes. La raison? Le Kremlin a faussement indiqué avoir tué des centaines de soldats ennemis lors d'une attaque de représailles contre l'Ukraine.

Comme l'a fait savoir le Ministère russe de la défense dimanche, Moscou a mené des attaques contre deux casernes à Kramatorsk, à Donetsk, en «représailles» à la mort de 89 soldats dans la nuit du Nouvel An. «Plus de 600 soldats ukrainiens» y auraient perdu la vie.

Une vengeance montée de toutes pièces

Auparavant, au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, l'Ukraine avait attaqué une base provisoire de l'armée russe à Makiivka en utilisant des lance-missiles de type HIMARS, fournis par les États-Unis. Démarche inhabituelle, Moscou avait ensuite reconnu la mort de 63 puis de 89 soldats. Divers observateurs estiment que le nombre de victimes était en réalité encore plus élevé.

C'est ici qu'un missile russe aurait tué 600 Ukrainiens. Selon des sources officielles russes, ce bâtiment aurait été détruit.
Photo: Twitter
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Malgré tout, l'action de vengeance annoncée par le Kremlin est un mensonge et de la pure propagande, comme l'a révélé le journaliste finlandais Antti Kuronen. Ce dernier s'est rendu sur place, là où les troupes de Poutine auraient perpétré l'attaque. Mais il n'y a aucune trace de destruction. «Il n'y a même pas d'ambulance ici», écrit-il sur Twitter. Un journaliste italien s'est également rendu sur place. Lui non plus n'a pas trouvé de bâtiments détruits ni de morts. Le missile a apparemment manqué sa cible.

Poutine s'est ridiculisé

Divers blogueurs militaires russes sont donc très remontés contre le chef du Kremlin, relève le think tank (groupe de réflexion) américain Institute for the Study of War (ISW) qui suit notamment leurs profils Telegram. Impossible d'expliquer pourquoi il a été indiqué que 600 soldats ukrainiens étaient morts d'un coup alors que le bâtiment n'a en réalité même pas été touché (le missile est tombé juste à côté), écrit un canal d'informations militaires. Poutine s'est ainsi ridiculisé.

Ce qui fâche surtout les blogueurs, c'est que ce n'est pas la première fois que Moscou diffuse des informations erronées sur de prétendues frappes de représailles. Selon eux, le Kremlin n'hésiterait pas à donner de fausses informations quand l'Ukraine annonce un succès.

Une stratégie qui ne fonctionne pas

Par le passé, le Kremlin a par exemple affirmé s'être vengé d'attaques ukrainiennes contre le pont du détroit de Kertch, en mer Noire, et contre d'autres infrastructures russes.

Le gouvernement russe utiliserait cette stratégie de représailles pour apaiser les partisans de la guerre et donner une meilleure image de son armée. Mais la tactique ne fonctionne pas, surtout lorsque les prétendues vengeances se révèlent comme de pures fake news. Cela a pour seul résultat de renforcer la colère des Russes et de l'armée contre Vladimir Poutine.

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