Blick fait le point
Les États-Unis veulent interdire Tiktok: quid de la Suisse?

L'interdiction de Tik Tok est – une fois de plus – discutée outre-Atlantique. Mais un changement émaille cette fois le débat. Et pas des moindres: les utilisateurs ont décidé de monter au créneau.
Publié: 15.03.2024 à 09:03 heures
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Dernière mise à jour: 15.03.2024 à 09:18 heures
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Tobias Bolzern

Que s'est-il passé avec Tiktok?

Aux États-Unis, il est question d'interdire la célèbre application Tiktok. Une commission parlementaire vient de présenter un projet de loi qui pourrait conduire à une interdiction nationale de Tiktok sur tous les appareils. Et cela pourrait aller vite. L'ensemble de la Chambre des représentants doit voter sur le projet mardi ou mercredi de cette semaine. Ensuite, le texte devra encore passer au Sénat. Le président Joe Biden a déclaré qu'il soutiendrait la nouvelle loi: «S'ils l'adoptent, je la signerai.» Le républicain Mike Gallagher (Wisconsin) et le démocrate Raja Krishnamoorthi (Illinois), entre autres, ont d'ores et déjà apporté leur soutien au projet. Tous deux sont membres d'une commission spéciale qui s'occupe de la Chine.

Une sécession forcée dans un délai de 165 jours

Les Etats-Unis craignent que Tiktok soit en fait un instrument d'espionnage qui collecterait des données sur la population américaine, menacerait les processus démocratiques et créerait en outre une dépendance. Les républicains ont un jour qualifié l'application de «fentanyl numérique». C'est sur tous ces points que ladite loi doit intervenir: elle bannirait complètement Tiktok des magasins d'applications américains, à moins que la plateforme utilisée par environ 170 millions d'Américains ne soit séparée de «sa» société mère Bytedance, basée en Chine. Cette sécession reviendrait à une vente forcée. L'entreprise disposerait pour cela de 165 jours. Plusieurs parties auraient annoncé leur intérêt pour Tiktok. Le «Wall Street Journal» parle d'un montant d'achat possible de plusieurs centaines de milliards de dollars. Si un rachat était réalisé, cela ne devrait pas changer grand-chose pour les utilisateurs.

Comment a réagi Tiktok? Et ses utilisateurs?

«Ce projet de loi est une interdiction totale de Tiktok, quels que soient les efforts de ses auteurs pour le dissimuler», indique l'entreprise dans une prise de position. Tiktok a d'ailleurs mobilisé ses utilisateurs américains. Un bouton apparaissait dans l'application, permettant d'appeler directement les députés des circonscriptions concernées. Une ruée a ainsi été déclenchée. Theinformation.com écrit qu'un bureau de députés a été tellement submergé d'appels que les employés n'ont pas eu d'autre choix que de couper les téléphones.

La célèbre application Tiktok est sur le point d'être vendue de force aux Etats-Unis. Ou de disparaître.
Photo: keystone-sda.ch
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Bytedance a souligné à plusieurs reprises par le passé qu'elle n'avait aucune proximité avec le parti communiste chinois. L'année dernière, le PDG Shou Zi Chew a déclaré sous serment devant le Congrès américain que l'application ne représentait aucun danger pour l'Amérique. Récemment, il a assuré que des mesures avaient été prises pour protéger les données des utilisateurs.

L'allié inattendu

Les démocrates de Joe Biden sont divisés sur le sujet de Tiktok: d'une part, le président veut adopter une position ferme vis-à-vis de la Chine, d'autre part, l'application est populaire auprès des jeunes utilisateurs, dont il a besoin pour être réélu en novembre. Les fans de Tiktok ont en outre trouvé un allié inattendu en la personne de Donald Trump. Il s'est récemment prononcé contre une interdiction. Il a justifié sa décision par le fait qu'une interdiction de Tiktok profiterait en fin de compte à Meta. Ce qu'il ne souhaite pas. Le portail businessinsider.com évoque une autre raison possible: il y a quelques jours Trump a rencontré Jeff Yass, investisseur chez Tiktok et... important financier du Parti républicain. On ne sait toutefois pas de quoi il a été question lors de cette rencontre.

Tiktok est déjà interdit par endroit

En Inde, Tiktok et quelques autres applications chinoises seront interdites dans tout le pays à partir de 2020. Le gouvernement indien a justifié cette décision par des risques pour la sécurité nationale. Dans d'autres pays, Tiktok est tabou sur certains téléphones portables professionnels. Il s'agit notamment des États-Unis, du Canada, de l'Allemagne, de la France, de la Belgique, de Taïwan, de la Nouvelle-Zélande et de l'Australie. Les collaborateurs de la Commission européenne ne peuvent pas non plus utiliser Tiktok sur leur smartphone de service.

Et qu'en est-il en Suisse?

Il n'est pas prévu pour l'instant d'interdire Tiktok sur les téléphones portables professionnels. L'application a toutefois été examinée par l'Institut national de test pour la cybersécurité (NTC). Ceci après que la Commission européenne a interdit l'utilisation de Tiktok sur les téléphones portables professionnels en février 2023. Cette analyse de sécurité n'a pas révélé de points faibles ou de surveillance des utilisateurs, comme l'a indiqué la Chancellerie fédérale à la demande de Blick. Des clarifications avec l'UE n'ont pas non plus révélé d'indices concrets de problèmes de sécurité à ce sujet. «Sur la base de ces résultats et du fait que les données professionnelles sont traitées sur les téléphones portables de service dans un environnement isolé et protégé, l'application n'a pas été interdite sur les téléphones portables de service», explique Serge Kuhn, porte-parole de la Chancellerie fédérale. Elle recommande toutefois de faire preuve de retenue dans l'utilisation des réseaux sociaux sur les téléphones portables de l'administration fédérale.

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