Brésil, Iran, Laos...
Ces États en crise qui se rapprochent de Vladimir Poutine

De nombreux pays en crise se tournent petit à petit vers la Russie, malgré les sanctions occidentales en cours. Le Brésil ou l'Iran, par exemple, n'hésitent pas à conclure des affaires avec le pays en guerre.
Publié: 15.07.2022 à 06:05 heures
Guido Felder

Depuis le début de la guerre en Ukraine, il n'est pas étonnant de voir la Chine, la Syrie, la Corée du Nord ou encore la Biélorussie ne pas suivre les sanctions internationales contre la Russie. Mais le fait que le Brésil souhaite désormais conclure un accord avec Moscou attire l'attention.

Car le géant d'Amérique du sud est sur le point de faire un deal avec la Russie concernant l'achat de diesel à très bas prix. Le président, Jair Bolsonaro, a annoncé que le carburant arriverait au Brésil dans deux mois. Le ministre des Affaires étrangères, Carlos Alberto França, a ajouté que son pays voulait acheter «autant qu'il le pouvait». Des engrais en provenance de Russie ont également été commandés.

Bolsonaro estime que les sanctions imposées par l'Occident sont exagérées. Il mène donc une «politique d'équilibre». Selon lui, «les barrières économiques des États-Unis et de l'Europe contre la Russie n'ont pas fonctionné». Il a ainsi tenu exactement le même discours que Vladimir Poutine.

Une semaine avant l'invasion de l'Ukraine, le président russe, Vladimir Poutine (à droite), a reçu son homologue brésilien, Jair Bolsonaro.
Photo: imago images/Russian Look
1/7

Le Brésil comme partenaire économique

Une alliance entre Bolsonaro et Poutine s'explique par plusieurs éléments. Ulrich Schmid, spécialiste de la Russie à l'université de Saint-Gall, explique: «Bolsonaro s'est isolé au niveau international à la suite de sa gestion désastreuse du Covid et de sa politique environnementale.»

D'après l'expert, le président brésilien admirerait beaucoup le leadership autoritaire de son homologue russe. «Il pense pouvoir profiter des sanctions pour placer le Brésil comme nouveau partenaire économique», analyse Ulrich Schmid.

Du point de vue russe, les avances brésiliennes sont les bienvenues, poursuit-il: «Même si on sait que Bolsonaro peut être une épine dans le pied.»

Des centaines de drones en provenance d'Iran

Mais le Brésil n'est pas le seul état à avoir tissé des liens plus étroits avec la Russie. L'Inde importe ainsi 50 fois plus de pétrole brut qu'avant la guerre en Ukraine. À l'avenir, le commerce de produits agricoles, d'engrais et de produits pharmaceutiques devrait être encouragé entre les deux pays. De son côté, l'Iran veut également livrer des centaines de drones à Moscou pour le front ukrainien.

Le Sri Lanka et le Laos, au bord de la faillite, frappent également à la porte de Moscou. Le premier a demandé une aide sous forme de crédit pour l'importation de carburant ainsi que la reprise des liaisons aériennes entre les deux pays, interrompues en juin. Le Laos, lui, espère recevoir des livraisons de pétrole russe salvatrices.

Pénurie d'énergie en Europe à cause des sanctions

Vladimir Poutine doit se frotter les mains: alors que le carburant exporté vers ces différents pays lui ouvre un nouveau marché et remplit ses caisses, l'Europe, elle, souffre d'une pénurie d'énergie à cause des sanctions qu'elle a elle-même imposées.

Le président russe n'hésitera pas à accroître son influence dans les pays quémandeurs. Ulrich Schmid conclut: «Poutine pourrait exploiter sa position de fournisseur de pétrole bon marché en se créant un nouveau réseau de partenaires avec un agenda anti-américain et anti-occidental. Il poursuit ainsi son but de faire de la Russie une nouvelle puissance dominante mondiale.»

(Adaptation par Thibault Gilgen)

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la