Cessez-le-feu proposé
Israël-Hezbollah: la guerre totale est-elle évitable avant le 7 octobre?

Israël continue de rejeter, pour l'heure, la proposition d'un cessez-le-feu formulée aux Nations unies. Benyamin Netanyahu, arrivé dans la nuit aux États-Unis, peut-il changer d'avis avant l'anniversaire de l'assaut terroriste du 7 octobre?
Publié: 26.09.2024 à 22:04 heures
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Dernière mise à jour: 27.09.2024 à 14:06 heures
Des roquettes tirées du Liban vers le nord d'Israël sont interceptées par le dôme de fer israélien le 26 septembre 2024 dans le nord d'Israël. Les missiles du Hezbollah ont continué à atterrir dans la région malgré les frappes massives d'Israël sur le Liban.
Photo: Getty Images
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Richard WerlyJournaliste Blick
Des personnes en deuil portent les corps des membres d'une même famille qui ont été tués lors d'une frappe aérienne israélienne qui a visé le village de Jbal el-Botm, dans le sud du Liban, avant leurs funérailles, le 26 septembre 2024.
Photo: AFP

C’est non. Du moins pour le moment. Lorsqu’il prendra la parole devant l’Assemblée générale des Nations unies ce vendredi 27 septembre, Benyamin Netanyahu répétera-t-il, en anglais, ce «no» qui signifie la poursuite des hostilités entre l’armée israélienne et le Hezbollah? C’est le plus probable. Pour l’heure, la proposition d’un cessez-le-feu de 21 jours «le long de la frontière entre le Liban et Israël, afin de laisser la place à la diplomatie en vue de conclure un règlement diplomatique conforme à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies (UNSCR 1701)» reste donc lettre morte.

Que veut dire ce «non» sur le plan des opérations militaires? Trois choses à l’heure d’écrire ces lignes, alors que les pays signataires de l’appel au cessez-le-feu (France, États Unis, Australie, Union européenne, Allemagne, Italie, Japon, Arabie saoudite, Émirats arabes unis et Qatar) espèrent toujours un retournement de situation favorable au démarrage de pourparlers.

La première conséquence du refus israélien est de consolider, à la veille du premier anniversaire de l’assaut terroriste mené le 7 octobre 2023 par le Hamas contre le sud d’Israël (1163 morts, et une centaine d’otages encore aux mains du groupe palestinien), la ligne dure au sein du gouvernement de Benyamin Netanyahu. Le ministre israélien d’extrême droite Itamar Ben Gvir a d’ailleurs menacé de quitter la coalition au pouvoir si l’État hébreu accepte un cessez-le-feu temporaire proposé par les États-Unis et leurs alliés.

Pression meurtrière

La seconde conséquence est d’accroître la pression meurtrière sur la population civile du sud Liban et de Beyrouth. L’armée israélienne a en effet entamé une campagne de frappes sur la capitale libanaise, en ciblant des sanctuaires supposés de la milice chiite dont deux commandants militaires ont été tués ces dernières semaines. L’une des dernières frappes sur la banlieue sud de Beyrouth (à population chiite) visait, selon l’État-major israélien, le commandant de l’unité des drones du Hezbollah, Mohammed Srour, dit Abou Saleh.

La troisième conséquence est de mettre la diplomatie multilatérale le dos au mur. Le Hezbollah continue de frapper le nord d’Israël, entraînant une riposte de plus en plus lourde. L’État Hébreu justifie de son côté ses frappes par sa volonté, un an après le 7 octobre, de réinstaller les populations déplacées israéliennes dans le nord du pays. Face à cela, l’ONU est impuissante, malgré l’appel lancé mercredi. «Israël ne mérite pas d’être membre» de l’ONU, a estimé ce jeudi le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui plaide pour l’adhésion à part entière des Palestiniens à l’organisation. Une option que le président français Emmanuel Macron a de nouveau évoquée lors de son discours.

Deux questions se posent avant la commémoration de l’assaut du Hamas d’il y a un an. La première, qui serait très surprenante à ce stade, est celle sur un revirement possible de Benyamin Netanyahu. Le Premier ministre israélien sait que son armée ne peut guère avancer davantage dans la bande de Gaza sans entraîner des pertes civiles encore plus importantes, alors qu’au moins 40'000 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre 2023, et qu’1,9 million de personnes ont été déplacées, soit 90% de la population du territoire. 

La seule raison qui pourrait pousser «Bibi» à cesser, au moins provisoirement, sa riposte militaire, serait politique. Cela lui permettrait d’apaiser le climat en Israël, où les manifestations de l’opposition demeurent quotidiennes et mobilisent toujours des dizaines de milliers de personnes. Il profiterait ainsi de la supériorité militaire écrasante de Tsahal pour démentir ceux qui le présentent comme un fou de guerre.

Revirement des États-Unis?

La seconde option, qui serait aussi très surprenante dans le contexte électoral américain, est celle qui porte sur un revirement des États-Unis qui pourraient décider de cesser d’approvisionner Israël en armes. C’est ce que réclament les manifestants autour du QG des Nations unies à New York. C’est à cause d’eux que Benyamin Netanyahu a dû reporter son discours à vendredi.

La mise entre parenthèses des combats est-elle envisageable avant le 7 octobre, date désormais ancrée dans la mémoire collective internationale comme le 11 septembre 2001? Au vu de cet énoncé des faits, cela semble malheureusement très peu probable.

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