«C'est terrible de voir ce qui se passe ici»
Ces Suisses veulent quitter le Liban, mais le DFAE ne propose aucune aide

La situation au Proche-Orient devient chaque jour plus dangereuse. Les 1200 Suisses vivant au Liban en sont également conscients. Beaucoup d'entre eux veulent rentrer chez eux, mais ils ne reçoivent aucune aide du DFAE.
Publié: 08:03 heures
La famille Khaled veut quitter le Liban, mais le DFAE ne l'aide pas.
Photo: SRF
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Natalie Zumkeller

Depuis quelques jours, le conflit au Proche-Orient prend une tournure inquiétante: attaque de missiles iraniens sur Israël, multiplication des attaques israéliennes sur Beyrouth et premières troupes au sol au Liban, la guerre menace de s'étendre. Au milieu de tout cela, environ 1200 Suisses et Suissesses vivent au Liban.

Souraya Khaled en fait partie. Cette jeune femme de 30 ans est architecte et vit à Beyrouth avec son mari et ses deux jeunes enfants. Elle explique à la SRF la situation actuelle dans la capitale: «Depuis environ une semaine, c'est terrible. Il y a des explosions jour et nuit.» Pour elle, l'affaire est entendue: si elle veut offrir un avenir sûr à ses enfants, elle doit fuir.

«Nous avons peur»

Il ne s'agit toutefois pas d'une entreprise facile. Alors que l'Allemagne, l'Espagne et la Grande-Bretagne s'efforcent de rapatrier leurs citoyens, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) souligne que les vols d'évacuation pour les personnes privées n'ont lieu qu'en cas de crise imprévisible. Il ne s'agit pas d'une telle situation au Liban.

En outre, le DFAE avait déjà appelé en août les citoyens suisses à quitter le pays – à leurs risques et périls et à leurs frais. Souraya Khaled avait alors décidé de rester et d'évaluer la situation au jour le jour. Selon elle, il n'est pas facile de quitter son pays. Le fait que le Liban ait déjà été un pays instable auparavant ne l'a pas dérangée. La vie n'a jamais été simple sur place, parfois l'électricité manquait ou l'eau ne coulait pas, mais elle a toujours réussi à s'en contenter. Jusqu'à présent, la sécurité était assurée, surtout à Beyrouth.

Récemment, son fils a fêté ses trois ans. Aujourd'hui, lorsqu'il demande ce qui fait tant de bruit dehors, Souraya lui explique que c'est un match de foot. Mais la trentenaire sait à quel point la situation s'aggrave. «C'est terrible de voir ce qui se passe ici. Il y a déjà eu deux explosions en plein centre de Beyrouth. Nous avons peur.»

Via la Turquie ou en bateau vers Chypre

Désormais, la jeune mère se demande si son foyer sera le prochain à être touché. Souraya, dont les parents ont vécu plus de 30 ans en Argovie et à Zurich, est née en Suisse et est retournée au Liban avec sa famille à l'âge de dix ans. En 2006, elle s'est réfugiée en Suisse après l'invasion israélienne du Liban, avant d'y retourner quelques années plus tard.

Aujourd'hui, face à l'imminence du danger, elle souhaite revenir en Suisse. Il n'existe toutefois pas de vols directs pour le moment. Une possibilité serait de passer par la Turquie, arriver en bateau à Chypre et de prendre l'avion pour la Suisse depuis là. Malgré le manque d'aide, elle ne veut pas abandonner. «Si nous ne pouvons pas offrir un avenir sûr à nos enfants ici, alors nous fuirons. De toute façon, même sans l'aide de la Suisse.»

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