Comment réagir face aux coronasceptiques?
Ce que la Suisse peut apprendre des États-Unis

La Suisse est le seul pays d'Europe à afficher un taux de vaccination plus bas que les États-Unis. Fabienne Kinzelmann, correspondante Blick à Washington D.C., défend que la motivation de la population à se faire vacciner passe avant tout par... la peur.
Publié: 08.08.2021 à 21:29 heures
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Dernière mise à jour: 08.08.2021 à 21:47 heures
Fabienne Kinzelmann (Washington, D.C), dg (traduction)

Alors que je sortais de chez moi dans le simple but d'acheter des flocons d'avoine, j'ai failli me faire vacciner une troisième fois. «FREE COVID-19 VACCINE HERE», clamait le panneau qui ornait la devanture de mon nouveau supermarché de quartier «Safeway», à Washington. Panneau agrémenté d'une photo de banane avec un pansement.

Mais qu'est-ce qui ne va pas chez les gens, me suis-je demandée...

La science conseille de ne pas attendre trop longtemps avec le vaccin de rappel, mais les Yankees n'en veulent manifestement plus. Il a fallu un mois au président américain Joe Biden pour atteindre son objectif de vacciner 50 % de la population - même l'Union européenne a été plus rapide d'une semaine, bien que le vaccin soit disponible pour tous aux États-Unis depuis avril.

La journaliste Fabienne Kinzelmann est en reportage aux Etats-Unis jusqu'à fin octobre.
Photo: Thomas Meier

Au final, je me suis dit qu'il était pervers de m'offrir un rappel de vaccin aux frais de l'État à l'âge de 29 ans - entre le poulet frit et les Pop-Tarts - alors qu'en Afrique, à peine plus de 2 % de la population a été vaccinée.

Le fait que des personnes refusent volontairement les deux piqûres me met en colère. Et je ne suis pas la seule à perdre peu à peu patience.

Le sénateur républicain Lindsey Graham a été testé positif lundi - une infection rare, qui se déclare malgré une vaccination complète. Il a tweeté «Je serais bien plus mal en point sans cela!», et n'a depuis cessé de se déchaîner contre les opposants à la vaccination de son propre camp.

À ce stade, se faire vacciner n'est plus une décision individuelle, du moins depuis l'apparition du variant Delta. Ne pas tendre le bras, c'est tout simplement manquer de solidarité. Si ce n'est pas pour soi-même, c'est pour les enfants, qui ne peuvent être vaccinés et ne sont pas à risque, mais tout de même susceptibles d'attraper le Covid long. Et pour les personnes âgées et malades, qui pourraient manquer de lits d'hôpitaux gratuits.

Le virologue américain Anthony Fauci prévoit jusqu'à 200'000 nouveaux cas d'infection par jour à l'automne, et craint l'émergence de nouveaux variants en raison du grand nombre de personnes non vaccinées et des taux d'infection élevés.

Une histoire en provenance de mon pays natal, l'Allemagne, m'a amusé la semaine dernière. Dans une petite ville des Monts Métallifères, la perspective d'une bratwurst gratuite a incité 150 personnes à se faire vacciner... en une journée seulement. «Des petits joueurs», me dit un collègue. Il venait de parler à un Américain qui dépense des millions en bons d'achat et en billets de stade pour faire vacciner les gens.

Cela peut en convaincre certains. Mais au final, la chose la plus efficace est probablement la peur. Depuis que les hôpitaux des États-Unis se remplissent à nouveau, la volonté de se faire vacciner est à nouveau en hausse.

La Suisse est d'ailleurs le seul pays d'Europe occidentale et méridionale à être en retard sur les États-Unis en matière de vaccination. Nous n'avons même pas encore atteint les 50 %.

J'espère seulement que la Suisse ne devra pas voir sa situation empirer à nouveau avant qu'elle ne s'améliore.

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