Elle a acquis 25 chars en 2019
Une entreprise allemande poursuit Ruag en justice

«Ces 25 chars nous appartiennent!», déclare une entreprise allemande en poursuivant en justice le groupe d'armement suisse Ruag en Italie. Viola Amherd, elle, reste silencieuse.
Publié: 04.02.2024 à 12:01 heures
|
Dernière mise à jour: 04.02.2024 à 12:33 heures
Mitarbeieterportraits_Mai23_20.JPG
Raphael Rauch

Dans le nord de l'Italie se trouvent 96 chars achetés autrefois par la Suisse, mais qui ne sont jamais entrés dans le pays. Désormais, la justice se penche de ces Leopard 1 dont personne ne voulait.

La société allemande Global Logistics Support (GLS) les a acquis en 2019 auprès de Ruag au prix avantageux de 12'500 euros, soit 500 euros chacun. Les véhicules à chenilles ont été rangés dans un entrepôt à Villesse, dans le nord de l'Italie. Ils n'ont jamais été livrés: «Le Covid-19 a tout compliqué en 2020», explique le directeur de GLS Ralf Miethke à Blick. Il n'y avait pas non plus d'acheteurs potentiels à l'époque. «Le contrat de vente prévoyait un stockage gratuit des chars en Italie. Il n'était donc pas nécessaire pour nous de s'alarmer.»

Avec l'attaque de Poutine sur l'Ukraine il y a presque deux ans, la donne a toutefois changé du jour au lendemain: la demande de biens militaires a explosé. Au lieu de 500 euros, un vieux Leopard 1 devrait désormais valoir entre 500'000 et un million d'euros, calcule Ralf Miethke.

L'entreprise allemande GLS dit avoir acheté 25 chars à Ruag.
1/7

Les Pays-Bas voulaient racheter à Ruag les 96 chars du nord de l'Italie. Ils devaient être révisés par le groupe d'armement Rheinmetall, puis mis à la disposition de l'Ukraine. La GLS est alors intervenue: «25 des 96 chars au total nous appartiennent. Nous avons un contrat d'achat valable et nous partons du principe que Ruag est un partenaire commercial fiable qui remplit ses contrats», souligne Ralf Miethke. «Ruag empêche la restitution de ce qui nous appartient en Italie.»

Ces chars atterriront-ils en Ukraine?

Mais Ruag ne veut rien savoir. C'est désormais devant les tribunaux italiens que GLS et Ruag se disputent. Le 7 décembre 2023, le «Tribunale Ordinario di Gorizia» a donné raison à GLS. Ruag veut faire appel du jugement. «Depuis septembre 2023, Ruag tente d'empêcher que les chars nous soient remis», critique Ralf Miethke. «Nous avons écrit deux fois à Mme Amherd pour obtenir une clarification rapide de la situation. Dans sa première réponse, elle a jeté la responsabilité sur Ruag. Nous attendons toujours une réponse à notre deuxième courrier du 22 décembre 2023.»

Ralf Miethke n'exclut pas que les 25 chars atterrissent en Ukraine. Il est d'avis qu'«en 2019, il n'y avait pas encore de guerre entre Moscou et Kiev. Les 25 Léopards ne tombent donc pas sous le coup de l'interdiction d'exportation suisse. De plus, les chars n'auraient plus rien à voir avec la Suisse, mais seraient sur le territoire italien et en possession de l'Allemagne. Ruag ne veut pas s'exprimer sur le litige.

Ruag sous le feu des critiques

Le groupe d'armement est depuis longtemps sous pression. Actuellement, le parquet anti-corruption enquête sur un ancien manager et deux enquêtes externes sont menées en parallèle. L'année dernière, Brigitte Beck, CEO de Ruag, a été licenciée. Son successeur est désormais connu et son nom sera bientôt annoncé. Le CEO intérimaire Christian Priller n'a aucun espoir d'obtenir le poste à 600'000 francs. «En tant qu'Allemand, il n'a pas réussi à franchir l'obstacle suisse», explique un proche du dossier.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la