Grand spectacle obligatoire
Après le Trump Show de Milwaukee, les démocrates suspendus à Hollywood

La convention démocrate de Chicago, du 19 au 22 août, devra être un grand spectacle capable de rivaliser avec le super show de Trump à Milwaukee. Kamala Harris, si elle est nommée, aura grand besoin du soutien de Hollwyood.
Publié: 22.07.2024 à 14:47 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Elle ne fait pas l’unanimité. Kamala Harris, 59 ans, est pourtant certaine, a priori, de succéder à Joe Biden comme candidate à la présidence des États-Unis. Tout autre candidat serait, de facto, beaucoup plus difficile à «vendre» à l’opinion publique américaine et aux électeurs. Kamala, vice-présidente sortante, a en plus l’atout d’être une femme de couleur dans ce pays qui n’a été présidé que par des hommes.

Bref, son «narratif» peut contrebalancer, voire l’emporter sur celui de Donald Trump, que sa performance lors de la convention républicaine de Milwaukee a transformé en une sorte de «superhéros», à la fois survivant et martyr après la tentative d’assassinat de Pennsylvanie.

Transformer Kamala en icône

La question essentielle est maintenant de savoir comment cette juriste californienne, ex-procureure générale de l’un des États les plus grands et les plus puissants du pays, peut à son tour devenir une icône. Cela veut dire qu’il faut travailler son image. Son slogan de 2020 «Kamala for the people» devra sans doute être révisé. Par qui? Comment?

Selon le «New York Times», l’opération «lifting présidentiel» a déjà commencé au 1, rond-point de l’Observatoire à Washington, la résidence officielle de la vice-présidente. L’acteur Georges Clooney, rouage essentiel de la machinerie démocrate à Hollywood, est dans la boucle depuis plusieurs semaines. Au programme: une montagne d’images d’archives épluchées une par une, pour trouver des pépites capables de transformer Kamala, qui n’a pas d’enfants, en porte-parole des Américaines et des mères de famille de la classe moyenne. Car c’est le vote de ces femmes, les stratèges démocrates en sont convaincus, qui peuvent faire la différence face au bulldozer Trump.

Joe Biden va probablement reconfirmer son soutien à Kamala Harris lors de son intervention attendue cette semaine.
Photo: keystone-sda.ch
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Le rôle de Rahm Emmanuel

Un homme a été beaucoup consulté par Kamala Harris pour préparer cette montée en puissance: Rahm Emmanuel, actuel ambassadeur des États-Unis au Japon et ancien maire de Chicago de 2011 à 2019. Cet ex-chef de cabinet de Barack Obama à la Maison-Blanche s’est vu assigner une mission: mettre la ville qu’il a dirigée au service de la contre-offensive démocrate.

Chicago contre Milwaukee: l’affrontement dit tout. Les deux villes sont dans la région centrale des États-Unis, épine dorsale électorale du pays, où se trouvent la plupart des «swing states» qui feront la différence lors du scrutin (Wisconsin, Michigan, Ohio, Pennsylvanie). Mais elles n’ont rien en commun. Chicago est tournée vers le monde. C’est une plate-forme. Milwaukee est tournée vers les États-Unis. Un résumé de l’affrontement entre Donald Trump et son adversaire.

Le quotidien italien «La Repubblica» a bien résumé le sentiment médiatique général à propos du relais passé entre Joe Biden et Kamala Harris. «Il s’agit d’une décision personnelle que beaucoup de dirigeants et d’élus démocrates ne partagent pas. Et c’est là que commence le plus grand défi pour le parti qui tiendra le 19 août à Chicago la convention la plus risquée depuis celle de 1968 qui avait suivi le désistement de Lyndon Johnson. En effet, ce sont les 4600 délégués qui décideront du candidat qui obtiendra l’investiture. Certains émettent des doutes à l’endroit de Harris, à commencer par Nancy Pelosi, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants, et Chuck Schumer, le chef des démocrates au Sénat, puisque – d’après les sondages de ces dernières semaines – Kamala Harris aurait moins de chance que Biden de battre Trump.»

Défense de l’avortement

Sauf que certains combats de Kamala sont potentiellement des armes puissantes, à commencer par la défense de l’avortement. Le colistier de Donald Trump, JD. Vance, veut par exemple interdire l’interruption volontaire de grossesse pour les femmes violées. Un sujet que les publicistes hollywoodiens comptent bien utiliser pour booster l’image de leur future candidate.

Le recruteur en chef de l’armée de consultants et d’experts électoraux n’est autre que le mari de Kamala Harris, Douglas Emhoff. Autrefois associé dans le plus grand cabinet d’avocat de Los Angeles, celui-ci était spécialisé dans la défense de clients du show-business. Il a été marié à la productrice de cinéma Kerstin Emhoff. Il aurait déjà fait préparer des clips sur le passé judiciaire rigoureux et intransigeant de son épouse. 

Ces clips mettent en avant son métissage, son âge, sa capacité à rester connectée avec les campus où les démocrates doivent recruter de jeunes électeurs. Or voici qu’une suggestion commence à s’imposer, pour que la campagne de Kamala soit la plus performante: la démission de Joe Biden avant la fin de son mandat.

Boulet au pied

«En tant que vice-présidente, elle part dans la course contre Trump avec un boulet au pied, juge un diplomate américain cité par la revue de presse allemande Eurotopics. Elle doit défendre le travail du gouvernement sans bénéficier des avantages revenant d’ordinaire à un chef d’Etat. Et il lui faut également se prononcer sur la question de la capacité de Biden à exercer ou non sa fonction présidentielle dans la mesure où il ne peut plus se présenter. L’idéal serait que Biden démissionne de son poste de président et qu’il laisse Kamala Harris entrer dans le bureau ovale. Il est clair qu’il s’agit là d’une décision difficile à prendre. Mais si tout fonctionnait comme prévu et qu’Harris battait Trump, cette décision le ferait rétrospectivement apparaître comme un président encore meilleur que celui qu’il a été.»

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