Guerre d'information
L'influenceuse Marianna Vichemirskaïa probablement enlevée par les Russes

Alors qu'un hôpital de Marioupol était bombardé, une influenceuse enceinte a été prise en photo en pleine fuite. Les Russes ont parlé de propagande ukrainienne. Aujourd'hui, la blogueuse soutient les Russes dans une vidéo. On craint qu'elle ait été enlevée.
Publié: 03.04.2022 à 10:26 heures
L'image de l'influenceuse Marianna Vichemirskaïa, enceinte jusqu'aux dents, s'échappant d'un hôpital pour enfants, a fait le tour du monde.
Photo: keystone-sda.ch
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Fabian Vogt

Elle est devenu le visage de la guerre. Marianna Vichemirskaïa s’est échappée de l’hôpital de Marioupol le 9 mars, alors que celui-ci était bombardé par les Russes. Le visage en sang et tuméfié, vêtue d’un pyjama blanc à pois, des sacs violets en bandoulière et visiblement enceinte depuis de nombreux mois, elle dévalait les escaliers de l’hôpital – c’est là que des photographes ont capturé cette image déchirante.

Elle est ainsi devenue le symbole de tous les innocents qui ont été victimes de la guerre de Poutine. Trois jours plus tard, la blogueuse donnait naissance à son enfant. Comme un signe d’espoir pour le peuple ukrainien.

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Un enlèvement présumé

Or, il semblerait que Marianna Vichemirskaïa ait été enlevée à la suite de cette photo. C’est ce qu’a rapporté le journal ukrainien Obozrevatel. Les journalistes d’investigation de Bellingcat ont confirmé l’incident. Selon eux, la femme a été emmenée à Donetsk.

Car entre-temps, elle est apparue dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux contrôlés par la Russie. Elle y affirme qu’il n’y a pas eu d’attaque aérienne contre l’hôpital, mais seulement des explosions de nature indéterminée. En sept minutes à peine, elle explique qu’elle était certes à l’hôpital, mais qu’on lui avait demandé de le quitter depuis quelques jours déjà, car il était désormais utilisé par l’armée. Ses photos auraient en outre été prises sans son consentement par un journaliste de l’agence de presse AP.

Propagande russe

C’est exactement l’histoire que la Russie a voulu vendre à l’Occident à la suite de l’attaque. Après le bombardement de l’hôpital, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a rejeté les accusations selon lesquelles des femmes enceintes et des enfants s’y trouvaient. Selon lui, la Russie avait déjà informé les Nations unies le 7 mars que l’ancienne clinique n’abritait plus de personnel médical, mais un camp de combattants ultra-radicaux du bataillon ukrainien Azov. Il a parlé d’une «manipulation» du monde entier pour faire croire à des atrocités commises par l’armée russe.

Peu après, l’ambassade de Russie en Suisse a même annoncé que les images étaient celles d’acteurs. On ne sait actuellement pas comment se portent Marianna Vichemirskaïa et son enfant.

(Adaptation par Lliana Doudot)

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