Kim Jong Un a coupé les liens avec la Corée du Sud
Le risque de guerre en Corée n'a jamais été aussi élevé depuis 70 ans

Cette semaine, la Corée du Nord a annulé plusieurs contrats économiques avec la Corée du Sud. L'espoir d'une réunification semble être anéanti. Le dictateur nord-coréen Kim Jong Un va-t-il déclencher une guerre? Analyse.
Publié: 09.02.2024 à 06:08 heures
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Dernière mise à jour: 09.02.2024 à 07:23 heures
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Guido Felder

En arrière-plan des guerres en Ukraine et au Proche-Orient, la Corée du Nord pourrait bien se préparer à suivre le mouvement. Le dictateur nord-coréen Kim Jong Un travaille dans l'ombre sur de sombres projets. Depuis le début de l'année, la Corée du Nord a déjà tiré quatre missiles de croisière à des fins de test de frappe nucléaire, selon les dires de son dirigeant.

Mais jeudi, les tensions entre les deux pays se sont concrétisées politiquement. L'Assemblée populaire suprême nord coréenne a décidé de mettre fin à la coopération économique avec la Corée du Sud. Les derniers liens entre les deux États sont désormais rompus. 

Kim Jong Un préfère dorénavant se tourner vers la Russie: Pyongyang soutient Moscou en lui fournissant des missiles et des munitions pour la guerre en Ukraine. En contrepartie, la Corée du Nord reçoit un soutien en matière de technologie et de construction de satellites de Poutine. En Corée du Sud, la peur de voir une grande guerre se déclencher grandit. Que prépare réellement Kim Jong Un? Blick analyse la situation.

Actuellement, le moment serait idéal pour une attaque surprise: l'Occident est occupé par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient. De plus, la Corée du Nord a trouvé un allié en Russie et progresse dans son réarmement.
Photo: AFP
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La fin de la coopération économique?

La dissolution du traité marque la fin de la tentative de réunification des deux pays coréens. Le 15 janvier, Kim Jong Un avait annoncé qu'il n'envisageait pas de réunification et qu'il souhaitait que son pays reste indépendant. Il a qualifié la Corée du Sud d'«ennemi principal immuable». Le mot «réunification» a été supprimé de la Constitution et l'arc de réunification de Pyongyang a été détruit. Jusqu'à présent, la division de la Corée de 1945 avait toujours été considérée comme un état temporaire.

Mais cette semaine, la loi sur les relations économiques intercoréennes de 2005 a été annulée, de même que la loi sur la zone spéciale du mont Kumgang de 2011, qui réglementait les investissements touristiques des entreprises sud-coréennes et étrangères dans cette région. 

Pendant plusieurs années, le Sud a principalement fourni des engrais au Nord pour atténuer la famine. En 2018, un sommet avait même eu lieu entre les deux États. Mais depuis que la Corée du Nord procède à des tests de missiles, les relations entre les deux pays se sont à nouveau massivement détériorées.

La Corée du Sud est sous le choc

Le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a qualifié le changement de la politique intercoréenne de la Corée du Nord de «changement extraordinaire» lors d'une interview télévisée. Difficile de comprendre ce qui se cache derrière cette déclaration. 

Bien que le président adopte une ligne dure vis-à-vis de la Corée du Nord, il ne demeure pas moins prêt à faire un pas vers son ennemi. Un sommet avec Kim Jong Un serait même envisageable, si celui-ci pouvait favoriser la situation économique de la Corée du Nord, a-t-il ajouté.

Un fonctionnaire du ministère de l'Unification a déclaré aux médias sud-coréens que ces décisions ne signifiaient pas une annulation des accords pour le Sud, dans la mesure où il s'agit d'une décision unilatérale de la Corée du Nord. «Le ministère estime toutefois que la récente décision de la Corée du Nord ne fera qu'isoler davantage le pays.»

Le moment est idéal pour une attaque surprise

Mais les experts n'excluent pas une guerre. Dans une contribution pour le groupe de réflexion Stimson Center de Washington, Robert L. Carlin et Siegfried S. Hecker, tous deux spécialistes de la Corée du Nord et du nucléaire, ont exprimé leur inquiétude. Après l'échec du deuxième sommet avec le président américain Donald Trump en 2019 et la perte de face qui en résulterait, Kim Jong Un pourrait se sentir contraint de déclencher une guerre, faute de sanctions réalisables par des moyens pacifiques.

«La situation dans la péninsule coréenne n'a jamais été aussi dangereuse depuis début juin 1950», écrivent les spécialistes. La guerre de Corée a débuté en juin 1950 et s'est terminée trois ans plus tard par un armistice, mais aucun traité de paix n'a été signé. Selon les estimations, plus de quatre millions de personnes ont perdu la vie lors de ce conflit.

Actuellement, le moment serait idéal pour une attaque surprise: l'Occident est occupé par les guerres en Ukraine et au Proche-Orient. De plus, la Corée du Nord s'est trouvé un allié avec la Russie et progresse dans son réarmement. 

Mais si la Corée du Nord veut véritablement déclencher elle-même une guerre, vendre des missiles et des munitions à la Russie ne semble pas être une stratégie très judicieuse. Dans ce contexte, les malentendus sont très dangereux. Une manœuvre qui tourne mal peut rapidement être interprétée comme une déclaration de guerre par l'autre partie. 

La Corée du Nord dispose de bombes nucléaires

Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), la Corée du Nord a récemment mis en service un deuxième réacteur nucléaire. Fin décembre, le directeur de l'AIEA Rafael Grossi avait qualifié ce fait de «motif d'inquiétude».

Apparemment, la Corée du Nord dispose déjà de plusieurs bombes nucléaires. Les estimations vont de quelques dizaines à plus de 100 missiles. Dans le «Frankfurter Rundschau», Ramon Pacheco Pardo du King's College de Londres, suppose que Pyongyang travaille à la réduction de la taille ces derniers afin de pouvoir les monter sur des missiles intercontinentaux. Mais il est également possible que Kim Jong Un veuille construire et tester une bombe atomique encore plus grande.

Selon Ramon Pacheco Pardo, le dictateur nord-coréen suit un objectif clair avec son programme nucléaire: «Un test montrerait une fois de plus à la communauté internationale que la Corée du Nord est une puissance nucléaire, et que cette réalité ne peut plus être remise en cause.»

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