Le candidat de la troisième voie?
Robert F. Kennedy Jr, le trouble-fête de la campagne électorale américaine

Robert F. Kennedy Jr est le faiseur de roi inattendu des élections présidentielles américaines. Avec son pot-pourri de thèmes de campagne et l'héritage politique de Kennedy, il devient dangereux pour Joe Biden et Donald Trump.
Publié: 25.05.2024 à 06:01 heures
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Chiara Schlenz

Peu de candidats à ces présidentielles américaines sont aussi prédestinés à devenir des politiciens de premier plan que Robert Francis Kennedy Jr. Il est membre de l'une des familles politiques les plus célèbres des États-Unis: c'est le neveu du président John F. Kennedy et du sénateur Tod Kennedy, qui s'est également présenté aux présidentielles en 1980. Et maintenant, c'est à son tour de se présenter.

Il y a toutefois une différence de taille entre lui et ses ancêtres : Kennedy n'est pas démocrate, mais président du parti «We The People» nouvellement créé. Et c'est comme ça que Kennedy – avocat de l'environnement, auteur et opposant à la vaccination – pourrait être un faiseur de roi pour l'élection de novembre.

Kennedy trahit son héritage familial

Kennedy n'a aucune chance de devenir président des Etats-Unis. Mais le fait qu'il représente une troisième voie est dangereux pour Trump, comme pour Biden. Car le peuple américain en a assez de ce bis repetita entre les deux éléphants. Kennedy attire ainsi de nombreux Américains lassés. Un «produit d'électeurs mécontents», comme le qualifie le journal télévisé allemand «Tagesschau». Un sondage du «New York Times» de mi-mai le confirme: la moitié des électeurs de Kennedy ont indiqué que leur soutien était principalement un signe de protestation contre Trump et Biden.

Et si Robert F. Kennedy Jr. décidait du sort des élections américaines cet automne?
Photo: Getty Images

Le fait que Kennedy se présente contre Joe Biden, le candidat du parti démocrate, est presque un scandale en soi. «Presque tous les Kennedy soutiennent Joe Biden», a par exemple déclaré Kerry Kennedy, la sœur cadette de Robert Kennedy, lors d'un événement. «La famille Kennedy veut voir Joe Biden président-»

Le frère Christopher Kennedy a déclaré au «New York Times»: «Les gens viennent vers moi au supermarché avec la question: 'Pourquoi laissez-vous votre frère s'en tirer? Je pense que nous serons tous tenus pour responsables si Bobby parvient à ce résultat.»

Les jambes de Biden et de Trump doivent trembler

Ce résultat? Il faut entendre par là la crainte des démocrates que Kennedy empêche Biden de remporter les élections. Selon les derniers sondages de «FiveThirtyEight», Kennedy bénéficie d'un soutien d'environ 10% dans les swing states – c'est-à-dire les Etats américains qui ne sont ni traditionnellement démocrates ni républicains. Or, ce sont précisément ces états pivots qui décident de l'issue des élections.

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Et jusqu'à récemment, il semblait que Kennedy, qui avait d'abord annoncé sa candidature à la présidence en tant que démocrate, pouvait surtout rallier à sa cause les indépendants et les électeurs de Biden. Deux des catégories de population auprès desquelles Kennedy a obtenu les meilleurs résultats dans les sondages – les électeurs de moins de 30 ans (18% de soutien) et les Latinos (14%) – constituent une base électorale traditionnellement forte pour les démocrates. D'où leur crainte de voir Kennedy leur ravir des voix indispensables dans les swing states. Début mai, Biden avait récoltaite entre 40% et 45% d'opinions favorables dans les états pivots, montre un document de la plateforme de données Statista. La course est donc serrée.

Un récent sondage de NBC News a toutefois révélé que 15% des partisans de Donald Trump donneraient leur voix à Kennedy – contre 7% des électeurs de Joe Biden. Car Kennedy est un vrai caméléon.

Au cours des derniers mois, son équipe de campagne a également adressé des messages aux électeurs républicains. Kennedy intervient régulièrement dans des podcasts comme celui du coronasceptique Joe Rogan ou de l'ancien présentateur de Fox News Tucker Carlson. Ces deux programmes atteignent non seulement des millions de personnes qui se sont détournées des «médias mainstream», mais ils sont aussi très écoutés par des personnes qui voteraient traditionnellement pour Trump. Tant mieux pour Kennedy.

Cela signifie donc que Kennedy ne sera pas président, mais qu'il décidera qui sera président. Un véritable faiseur de roi.

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