Le point en huit questions
L'Ukraine se montre intrépide et Poutine menace de riposter

La région de Koursk est attaquée par l'Ukraine depuis la fin de la semaine dernière. Il s'agit de la première incursion de Kiev en territoire russe depuis le début de la guerre en 2022. Poutine promet une riposte. Blick fait le point sur les enjeux en huit questions.
Publié: 14.08.2024 à 06:02 heures
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Dernière mise à jour: 14.08.2024 à 06:43 heures
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Angela Rosser

Cela fait une semaine que les forces ukrainiennes ont attaqué la région russe de Koursk. Les combats font rage. Comment Vladimir Poutine réagit-il à cette attaque et que prévoit le président russe? Blick fait le point sur les enjeux en huit questions.

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Quelle est la position de Zelensky sur l'attaque?

L'avancée ukrainienne en territoire russe est considérée par les experts comme la décision la plus risquée du président Volodymyr Zelensky. Ce dernier estime qu'une victoire est à portée de main. «Koursk est la fin de Poutine. C'est la catastrophe de sa guerre», a-t-il prévenu. 

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Quel est l'objectif de cette offensive?

Avec cette nouvelle stratégie, l'Ukraine veut montrer «que le territoire russe n'est plus intouchable et que l'Ukraine attaque pour détourner les forces russes du front ukrainien», explique Jen Spindel, professeur à l'université américaine du New Hampshire, à «Focus».

L'entrée des troupes ukrainiennes à Koursk est à ce jour l'attaque la plus importante sur le sol russe depuis le début de la guerre en février 2022.
Photo: AFP
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Il y a plusieurs mois déjà, l'expert avait déclaré dans une revue spécialisée américaine que la conduite de la guerre par Zelensky mènerait à une guerre d'épuisement. Mais le dirigeant russe Vladimir Poutine ne se laissera pas humilier de la sorte.

L'objectif de l'Ukraine pourrait en outre consister à influencer la politique intérieure et extérieure de la Russie en tentant de saper la réputation politique, la stratégie de propagande et la politique d'information du Kremlin.

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Quelle est l'étendue de la zone actuellement disputée?

Dans la région de Koursk, située au nord-est de l'Ukraine, près de 130'000 personnes ont déjà dû être évacuées après les attaques, selon les données russes. Le canal Telegram de l'armée ukrainienne fait état d'au moins 44 localités «libérées». C'est la première fois que des troupes sont engagées du côté ukrainien pour s'emparer du sol russe. Ce n'est donc plus une guerre défensive pour l'Ukraine, mais une guerre de conquête. 

Dans une vidéo publiée lundi par Volodymr Zelensky sur Telegram, le général ukrainien Olexander Sirski fait savoir qu'une zone de 1000 kilomètres carrés est sous contrôle ukrainien dans la région frontalière russe de Koursk. «Les combats se poursuivent effectivement tout au long de la ligne de front», rapporte le Redaktionsnetzwerk Deutschland (RND). Les forces ukrainiennes sont parvenues à s'emparer de plus de dix localités. Le centre administratif de Soudja en fait partie.

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Quelle pourrait être la réaction de Poutine?

Vladimir Poutine a qualifié les attaques des forces ukrainiennes de «provocation à grande échelle». Lundi, il s'est exprimé sur les combats à Koursk, estimant que son adversaire tente d'améliorer sa future position de négociation. Les forces ukrainiennes n'y parviendront toutefois pas selon lui. «La tâche principale du ministère de la Défense consiste bien entendu à chasser l'ennemi de notre territoire», explique Poutine au «Moscow Times».

Il promet un soutien à «toutes les personnes en détresse» et affirme que «l'ennemi recevra une réponse digne». Le journal précise que des attaques de missiles russes se préparent en réponse à l'avancée à Koursk.

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Comment l'Ukraine se prépare-t-elle à une riposte?

Selon un informateur du «Moscow Times», la Russie pourrait lancer «non pas quatre missiles» sur Kiev, mais des centaines. Un fonctionnaire ukrainien a déclaré à l'AFP qu'une attaque de missiles était prévue contre des ministères et des bâtiments gouvernementaux en Ukraine. «Cela pourrait certes poser un problème à la défense aérienne ukrainienne, mais nous serons en mesure de les arrêter.» La date de la riposte n'est pas encore connue. 

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Pourquoi cette incursion est surprenante?

Il s'agit d'une offensive militaire classique des forces armées officielles ukrainiennes, comme l'écrit l'analyste et expert de l'Ukraine Andreas Umland pour «Focus». Des attaques précédentes ont été menées par la Légion de la Russie libre et le Corps des volontaires russes. Ce dernier est composé de citoyens russes qui se battent pour l'Ukraine.

Comme l'explique Andreas Umland, les attaques se sont déroulées avec un succès inattendu. En peu de temps, les forces armées sont parvenues à occuper un territoire russe important sans subir de pertes significatives en termes de troupes ou de matériel.

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Comment l'Ukraine profite-t-elle de ce gain de terrain?

D'un point de vue militaire, il s'agit d'exercer une pression, explique Fabian Hoffmann, expert en politique de sécurité, dans une interview accordée au «Tages-Anzeiger». Il explique que l'attaque constitue un signal important pour montrer que l'Ukraine n'est pas seulement un acteur qui subit dans cette guerre. «Pour Poutine, l'embarras est certain», déclare l'expert.

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Que va-t-il se passer maintenant?

Comme l'ont annoncé lundi les autorités de la région de Koursk, la zone d'évacuation a été étendue au district de Belovsky. Dans la région voisine de Belgorod, des personnes du district de Krasnoïarouchski ont été mises en sécurité. «Pour la santé et la sécurité de notre population, nous commençons à déplacer les personnes vivant à Krasnoïarouchski vers des lieux plus sûrs», a déclaré le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, sur la plateforme en ligne Telegram.

Des personnes ont également été mises en sécurité du côté ukrainien de la frontière. Dès la fin de la semaine dernière, les autorités de la région de Soumy ont émis un ordre d'évacuation pour environ 20'000 personnes. Dans un centre d'évacuation, un retraité de 70 ans a fait l'éloge de l'offensive ukrainienne. «Les Russes ne comprennent pas ce qu'est la guerre. Laissons-les y prendre goût», peut-on lire dans une dépêche de l'AFP. 

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