Le surtourisme en chiffre
Tourisme méditerranéen: quelles destinations sont les plus touchées?

Alors que la saison balnéaire débute en Méditerranée, les critiques contre le tourisme de masse se font à nouveau entendre. Une récente étude calcule où l'afflux de touristes est le plus intense en Europe. Blick compare ces statistiques avec la Suisse.
Publié: 31.05.2024 à 16:52 heures
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Martin Schmidt

Se prélasser sur la plage et bronzer. Pour de nombreux Suisses, cette activité reste un passage obligé du programme estival. Et de manière générale, les amateurs de soleil de toute l'Europe sont attirés par les plages les plus connues, comme le sont les papillons de nuit par la lumière. Revers de la médaille: les habitants de plusieurs destinations de vacances peuvent s'attendre, cet été encore, à se faire envahir par des hordes de touristes.

Chez l'agence de voyages Kuoni, les destinations méditerranéennes ont la cote. Actuellement, c'est à Majorque, en Crète, à Chypre, à Kos et dans le sud de la Turquie que les clients suisses réservent le plus souvent des vacances, a appris Blick. Chez Hotelplan, les destinations méditerranéennes classiques comme la Grèce, l'Espagne ou Chypre sont également les plus prisées. En Italie, après des chiffres records l'année dernière, on s'attend à ce que le nombre de touristes reste élevé en 2024.

Calculer la «charge touristique»

Dans toute l'Europe, des protestations contre le tourisme de masse continuent à se faire entendre. Les autochtones souffrent des conséquences négatives de cette activité, que ces dernières soient écologiques ou sociales. De leur côté, les professionnels du tourisme et les commerçants, qui tirent des bénéfices financiers de l'afflux de touristes, font volontiers la sourde oreille aux critiques. Mais à partir de combien de visiteurs placer la limite? D'ailleurs, le tourisme de masse est-il un sentiment totalement subjectif? Il semblerait que non.

Flux de touristes à Majorque. (photo d'archives)
Photo: imago/Chris Emil Janßen
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Le rapport entre le nombre de nuitées et le nombre d'habitants peut donner une indication de la charge touristique d'une région. C'est précisément cette donnée que fournit une récente étude d'Eurostat, l'office statistique de l'Union européenne.

Selon ce calcul, ce sont les habitants des îles grecques du sud de la mer Égée qui doivent supporter la plus forte densité de touristes. En 2022, on y comptait 110 nuitées par habitant. La Grèce occupe la deuxième place avec les îles ioniennes. L'archipel comptait 81 nuitées par habitant. La côte adriatique croate et le Tyrol du Sud en Italie ont également atteint des valeurs de plus de 60 touristes par habitant. Deux destinations de montagne figurent également dans le top 8: le Tyrol du Sud et le Tyrol autrichien.

L'île de Zakynthos fait partie des îles ioniennes en Grèce. (photo d'archives)
Photo: imago stock&people

Samedi dernier à Majorque, des milliers d'habitants manifestaient contre le tourisme de masse, criant des slogans tels que «Touristes, rentrez chez vous». Une critique particulièrement forte est celle de l'augmentation extrême du coût des logements sur l'île, qui fait partie des huit régions les plus visitées de l'UE.

Et en Suisse?

Qu'en est-il de la Suisse? En 2022, dans le touristique canton des Grisons, plus de 8 millions de nuitées ont été enregistrées, pour quelque 202'500 habitants. Selon ses propres données, la commune de Saint-Moritz atteint 1,1 million de nuitées les bonnes années. Cela représente plus de 200 nuitées pour chacun des quelque 5200 habitants. A Zermatt, ce chiffre dépasse même les 350 nuitées par habitant.

A titre de comparaison, la ville de Zurich comptait 77 nuitées par habitant en 2022. Elle ne connaît donc pas de stress lié à la densité. Dans cette ville de près de 450'000 habitants, les nuitées sont ainsi bien réparties sur l'année. Dans les destinations méditerranéennes, la majeure partie des visiteurs se concentre sur l'été. Des masses de touristes y encombrent les restaurants et provoquent des bousculades sur les plages.

Même dans les hotspots touristiques suisses comme Zermatt, on se bouscule pendant la haute saison.
Photo: Sobli

Des signaux positifs

Certains signes indiquent toutefois que la situation pourrait s'apaiser légèrement dans le bassin méditerranéen. Chez Kuoni et Hotelplan, les réservations pour l'été sont actuellement inférieures au niveau de l'année précédente. Cela s'explique, d'une part, par l'effet de rattrapage de l'année dernière après la pandémie de Covid-19. Mais les deux agences de voyages enregistrent également une forte demande pour l'automne. «En principe, la demande de vacances balnéaires se développe bien. L'intérêt est particulièrement grand pour les vacances d'automne», explique-t-on chez Kuoni.

Chez Hotelplan, on signale encore une deuxième tendance positive pour les destinations. «Nos clients ne veulent pas 'seulement' se prélasser sur la plage et mettre les doigts de pieds en éventail», explique la porte-parole Bianca Gähweiler. Le nombre de voyages individuels, notamment avec une voiture de location, augmente.

Autre bonne nouvelle pour les régions méditerranéennes: le changement climatique pourrait conduire, de plus en plus, à une meilleure répartition des flux de visiteurs sur l'année. Pour autant qu'il ne fasse pas trop chaud. Dans le cas contraire, la tendance estivale aux vacances dans le nord de l'Europe pourrait prendre de l'ampleur. Et les hôteliers de la Méditerranée se retrouveraient soudain avec des lits vides sur les bras.

La paix sociale helvétique menacée?

Retour en Suisse: à Saint-Moritz et à Zermatt, la saison touristique est déjà nettement plus longue qu'en Méditerranée. Pendant les périodes de haute saison, comme à Noël et à Nouvel An, les stations de sports d'hiver sont malgré tout assez serrées. Pas possible de se rendre spontanément au restaurant à cette période. Et pour les autochtones, c'est encore plus fâcheux: la popularité de cette destination de vacances fait grimper les prix de l'immobilier, pour atteindre des niveaux inaccessibles à ceux qui gagnent un salaire standard.


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