Législatives ce mercredi
Geert Wilders, le leader néerlandais anti-islam, mieux placé que jamais

Il est l'ami d'Oskar Freysinger. Geert Wilders, le chef néerlandais du Parti pour la liberté est donné en forte progression dans les sondages à la veille des législatives de ce mercredi 22 novembre aux Pays-Bas.
Publié: 22.11.2023 à 08:03 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Les douze millions d’électeurs néerlandais vont-ils permettre l’entrée au gouvernement d’un admirateur déclaré d’Oskar Freysinger, le politicien UDC Valaisan à l’origine de l’initiative populaire de 2009 contre la construction des minarets?

A en croire les derniers sondages publiés avant les législatives convoquées aux Pays-Bas ce mercredi 22 novembre, Geert Wilders, 60 ans, peut réussir ce qu’il avait raté en 2021. Cet ami personnel d’Oskar Freysinger (qui avait dû renoncer à le faire venir en Valais en 2011) avait alors obtenu 17 sièges sur 150 pour son Parti de la liberté (PVV), classé à l’extrême-droite et ouvertement anti-Islam, nettement moins qu’escompté. Geert Wilders, l’homme à la chevelure blonde flamboyante, protégé jour et nuit par la police, avait alors dû se contenter des bancs de l’opposition. Seulement voilà: deux ans plus tard, son heure a peut-être sonné.

Trois personnalités s’affrontent, en fait, pour ce scrutin consécutif à la démission, en juillet, du Premier ministre sortant libéral Mark Rutte, incapable de trouver une majorité au parlement pour son projet de loi sur l’immigration.

Mocro Maffia

Geert Wilders, toujours tonitruant, mais désormais plus axé sur les questions de sécurité et d’ordre public dans un royaume menacé par la «Mocro Maffia» (la mafia marocaine du trafic de drogue), est le plus en vue. Il est d’ailleurs sorti vainqueur, selon les médias, du dernier débat télévisé organisé lundi soir, en direct de Rotterdam.

Son principal opposant est le social-démocrate Frans Timmermans, 62 ans, tout juste débarqué de Bruxelles où il était depuis presque dix ans vice-président de la Commission européenne en charge de l’environnement. Francophone parfait, il mise sur l’attachement des Néerlandais au projet européen, et sur sa crédibilité personnelle.

L'ancien vice-président de la Commission européenne Franz Timmermans (à droite sur la photo) est le leader de la gauche néerlandaise.
Photo: DUKAS
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Nouveau parti paysan

Troisième figure: la députée sortante Caroline van der Plas, fondatrice du parti paysan Mouvement agriculteur citoyen (BBB), qui surfe sur la colère rurale contre les réglementations environnementales, dans un pays où l’industrie agroalimentaire consomme d’énormes quantités d’eau et de pesticides.

Au-delà de ce tiercé de personnalités, le sujet de la campagne électorale a surtout été l’incapacité des Pays-Bas à faire face aux violences urbaines, aux enlèvements, aux règlements de compte et aux accusations d’être devenu un «narco-État» au cœur de l’Europe. Un basculement politique en a résulté pour la droite libérale et chrétienne-démocrate traditionnelle, désormais prête à gouverner avec le parti de Geert Wilders.

«Il est clair que le VVD [parti au pouvoir de Mark Rutte] a ouvert la porte du gouvernement à Wilders. Cela signifierait que quelqu’un participe à la gestion du pays en considérant un million de Néerlandais [musulmans] comme des citoyens de seconde zone», a tonné Frans Timmermans.

Percée de Wilders, jusqu’où?

Sauf que cette image a du mal à coller avec la réalité. La patronne du parti en question, Dilan Yeşilgöz-Zegerius, est d’origine turque et kurde. Elle est arrivée aux Pays-Bas à l’âge de trois ans. L’une de ses remarques les plus fameuses sur un plateau TV, face à une jeune immigrée, sur la suivante: «Il n’y a tout simplement pas de discrimination structurelle aux Pays-Bas. […] Si tu dis: 'je hais ce pays' […]. Alors je te réponds: qu’est-ce qui te retient ici? Tu n’es pas seulement citoyen néerlandais par ton passeport, mais aussi par ton comportement. […] Si tu es ici, qui que tu sois, et que tu utilises nos libertés […] pour te retourner contre nous, alors nous allons vraiment avoir un problème.»

Une nette percée de Geert Wilders – certaines enquêtes d’opinion lui prédisent jusqu’à 30 sièges de députés – constituerait un changement radical pour des Pays-Bas longtemps considérés comme un havre de tolérance, où les Verts dirigent la municipalité d’Amsterdam et les travaillistes (sociaux-démocrates) celle de Rotterdam, premier port européen.

Dimanche, la pasionaria turco-kurde Dilan Yeşilgöz-Zegerius a pris ses distances avec les points de vue extrêmes. «Je refuse d’exclure un seul électeur, […] mais le PVV de Wilders a des politiques telles que vouloir que les Pays-Bas quittent l’Europe. Il veut un Nexit. Il ignore les problèmes climatiques, ce qui détruirait complètement ce pays.»

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