L'organisation a perdu de nombreux financements
Israël avait accusé l'UNRWA d'être une base du Hamas, mais sans preuves

Ces derniers mois, l'organisation humanitaire des Nations unies responsable des réfugiés palestiniens a été régulièrement mise sous pression. Un rapport montre désormais qu'Israël n'a présenté aucune preuve pour étayer les graves accusations portées contre l'UNRWA.
Publié: 23.04.2024 à 13:07 heures
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Dernière mise à jour: 23.04.2024 à 16:41 heures
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Melissa Müller

L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) fournit à des millions de Palestiniens une éducation, des soins de santé, une aide d'urgence et bien plus encore. Rien que dans la bande de Gaza, il y a 180 écoles de l'UNRWA. L'organisation humanitaire gère également 22 centres de santé. Pratiquement toute l'infrastructure de Gaza repose sur l'UNRWA.

Ces derniers mois, l'organisation humanitaire a toutefois rencontré des difficultés considérables. Des dizaines d'États occidentaux ont cessé leurs versements à l'organisation. Alors que certains pays ont entre-temps rétabli leur aide à l'UNRWA, les 20 millions de francs qui devaient être versés par la Suisse à l'organisation humanitaire en 2024 restent gelés.

Graves accusations d'Israël

Le gel des paiements a été motivé par des accusations israéliennes pour lesquelles aucune preuve n'a été apportée. Fin janvier, Israël a indiqué que 12 des 13'000 employés de l'UNRWA travaillant à Gaza auraient été impliqués dans l'attaque du Hamas du 7 octobre. Début février, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait en outre déclaré que l'organisation humanitaire était «totalement infiltrée par le Hamas» – là encore sans fournir de preuves.

Le rapport d'enquête de l'UNRWA est disponible.
Photo: UN
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Mi-février, il a été dit que le quartier général de l'UNRWA était utilisé par le Hamas comme base militaire. Là encore, aucune preuve solide n'a été apportée. Israël a néanmoins exigé la suspension de l'UNRWA et son remplacement par une nouvelle organisation humanitaire.

Mais Israël n'a fourni aucune preuve

Le diplomate italo-suisse Philippe Lazzarini, qui dirige l'UNRWA depuis 2020, a immédiatement suspendu les collaborateurs concernés par les accusations. Il a en outre lancé deux enquêtes indépendantes. L'une portant sur les accusations portées contre les différents collaborateurs et l'autre sur «l'infiltration systématique du Hamas» au sein de l'organisation, accusée par Israël.

Ce dernier rapport d'enquête, rédigé par l'ancienne ministre française des Affaires étrangères Catherine Colonna, a été publié lundi. Un porte-parole du secrétaire général a souligné devant les journalistes: «Le rapport contient des recommandations claires et le secrétaire général les accepte toutes.»

Catherine Colonna a ensuite pris la parole. D'emblée, elle a constaté que l'UNRWA jouait un «rôle irremplaçable». Puis elle a souligné: «Dans l'ensemble, l'examen conclut que l'UNRWA dispose de nombreux mécanismes pour maintenir la neutralité. Ils ont probablement un standard de neutralité plus élevé que d'autres organisations ONG». Selon elle, Israël lui-même «n'a pas fourni de preuves des accusations portées contre l'UNRWA», malgré de multiples demandes.

«Le financement de l'organisation est une nécessité fondamentale»

Néanmoins, il y aurait quelques problèmes avec la neutralité. Il s'agirait notamment de déclarations politiques de collaborateurs, de manuels scolaires au contenu problématique et de menaces de syndicats politiques à l'encontre de la direction de l'organisation. «Il est arrivé que des institutions de l'UNRWA soient parfois utilisées abusivement par des groupes politiques comme bases militaires ou politiques», a en outre déclaré Catherine Colonna. Pour éviter cela à l'avenir, il devrait y avoir plus de contrôles. Plus loin, l'ancienne ministre française a souligné: «Il faut plus de personnel international dirigeant à des postes sur place».

Selon Catherine Colonna, il existe au total une cinquantaine de recommandations. «Je suis convaincue qu'elles aideront l'UNRWA à poursuivre son travail», a-t-elle souligné, «et je suis fermement convaincue que les États membres doivent également aider l'UNRWA à les mettre en œuvre. Le financement de l'organisation est une nécessité fondamentale.»

Une «campagne insidieuse»

Pour Philippe Lazzarini, les résultats du rapport sont un succès attendu depuis longtemps. Fin janvier, il a souligné que le gel des paiements avait entraîné de grandes difficultés: «Notre aide humanitaire, dont dépend l'existence de deux millions de personnes à Gaza, s'effondre».

Mercredi, Philippe Lazzarini a en outre qualifié les nombreuses tentatives de sabotage d'Israël de «campagne insidieuse visant à mettre fin aux opérations de l'UNRWA». Et d'ajouter: «Les appels à la fermeture de l'UNRWA ne visent pas à respecter les principes humanitaires, mais à mettre fin au statut de réfugié de millions de Palestiniens».

L'UNRWA est une agence d'aide de l'ONU, fondée en 1949 – donc peu après la création de l'État d'Israël et l'expulsion violente de plus de 700'000 Palestiniens qui en a découlé. La mission de l'UNRWA était d'agir comme une solution temporaire pour aider les Palestiniens déplacés. L'UNRWA dispose ainsi des noms des réfugiés déplacés à l'époque et de leurs parents et est la seule instance à gérer leur statut de réfugié.

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