Parcours raccourci
Les LGBTIQ+ maintiennent l'Europride à Belgrade malgré l'interdiction

Les représentants de la communauté LGBTQ ont annoncé vendredi qu'ils défileraient le lendemain à Belgrade sur un parcours raccourci, malgré l'interdiction de la marche de l'Europride par les autorités serbes.
Publié: 16.09.2022 à 18:04 heures

La Serbie, pays candidat à l'Union européenne, est soumise à d'intenses pressions internationales depuis qu'elle a interdit le défilé, point d'orgue de l'Europride, un événement paneuropéen qui se tient chaque année dans un pays différent.

«Nous avons été acculés dans une situation où nous n'avons pas le choix. Malgré l'interdiction, nous allons nous rassembler», a déclaré à la presse Goran Miletic, l'un des organisateurs de la Belgrade Pride.

Les organisateurs ont présenté une pétition au gouvernement serbe ayant recueilli près de 30'000 signatures selon eux.

En Serbie, les milieux LGBTIQ+ font l'objet de vives oppositions, comme ici cette semaine dans la capitale. Les marches des fiertés de 2001 puis 2010 (notre photo) avaient été entachées de violences après avoir été ciblées par l'extrême-droite.
Photo: keystone-sda.ch
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Ils ont accepté de raccourcir considérablement le parcours du défilé prévu en fin d'après-midi mais l'incertitude demeurait sur sa tenue, le président serbe, Aleksandar Vucic, réaffirmant que l'interdiction de manifester émise par le Ministère de l'intérieur serait respectée.

Belgrade sous pression et sous tension

Les ONG de défense des droits à travers l'Europe ont dénoncé la décision de Belgrade tandis que plus d'une vingtaine d'ambassades en Serbie, dont celle des Etats-Unis, d'Allemagne, de France, des Pays-Bas, du Canada ou du Japon, ont appelé vendredi à une «solution permettant qu'une marche de l'Europride puisse prendre place dans la sécurité, la légalité et la paix».

«Nous soutenons la lutte contre les discours de haine, la violence et les discriminations visant les individus et communautés LGBTIQ+ dans toutes les régions du monde, y compris la Serbie», dit le communiqué conjoint des ambassades.

Le Ministère de l'intérieur serbe avait formellement interdit la marche mardi en invoquant des raisons de sécurité, des groupes d'extrême-droite menaçant de mener une contre-Pride. Il a également interdit les contre-manifestations.

La Serbie est candidate à l'UE depuis une décennie mais des Etats membres ont fait part au fil des ans de leurs préoccupations quant à son bilan en matière de droits humains.

Homophobie profondément enracinée

L'interdiction est survenue après l'appel en ce sens fin août d'Aleksandar Vucic, invoquant des tensions avec l'ancienne province serbe du Kosovo ou des inquiétudes sur l'énergie.

Le mariage gay n'est pas légal dans le pays de moins de 7 millions d'habitants où l'homophobie est profondément enracinée malgré quelques progrès contre les discriminations. Les marches des fiertés de 2001 puis 2010 avaient été entachées de violences après avoir été ciblées par l'extrême-droite.

Voici quelques jours, des milliers de personnes, gangs de motards, prêtres orthodoxes et nationalistes d'extrême droite sont descendus dans la rue pour réclamer l'annulation du défilé. Dans des groupes de chats d'extrême-droite sur les réseaux sociaux, des usagers appelaient à manifester samedi devant des églises contre l'Europride.

(ATS)

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