Pour remplacer le dollar
Le bitcoin officiellement adopté au Salvador

Une panne du système informatique a marqué le premier jour mardi de l'adoption par le Salvador du bitcoin comme monnaie légale, à côté du dollar américain. La cryptomonnaie a également subi une forte chute de sa valeur, avant de rebondir légèrement.
Publié: 08.09.2021 à 06:49 heures
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Dernière mise à jour: 08.09.2021 à 11:18 heures

«@chivowallet ne fonctionne pas. Nous l'avons déconnecté pendant que nous augmentons la capacité des serveurs», a écrit sur Twitter tôt mardi le populaire président salvadorien Nayib Bukele, initiateur de la réforme monétaire en dépit d'une forte réticence au sein de la population. Le gouvernement salvadorien a acheté ses 400 premières pièces, pour une valeur marchande de 21 millions de dollars.

Il a également lancé le porte-monnaie électronique «Chivo» ("Super», en langage familier) nécessaire pour effectuer des transactions de la vie quotidienne en bitcoins avec son téléphone portable et offert 30 dollars de bienvenue lors de son téléchargement.

Une alternative au dollar?

Pour le chef de l'Etat et son gouvernement, le bitcoin permettra notamment aux Salvadoriens d'économiser 400 millions de dollars de frais bancaires lors des envois d'argent par la diaspora, notamment installée aux Etats-Unis, qui représentent 22% du PIB du pays.

Le bitcoin a perdu 9% de sa valeur en quelques heures mardi (archives).
Photo: Sascha Steinbach

Mais, selon de récents sondages, plus des deux-tiers des 6,5 millions de Salvadoriens disent vouloir continuer à utiliser exclusivement le dollar américain, la monnaie légale du Salvador depuis 20 ans.

«Nous n'en voulons pas», a lancé Rosa Martha Perez, une paysanne de 68 ans. Venue manifester avec des centaines de personnes dans le centre de la capitale, elle ne voit pas, comment elle va vendre ses fruits au marché en bitcoin. Les manifestants, sous étroite surveillance de policiers anti-émeutes, ont brûlé des pneus sur le parcours vers le Parlement.

«Je n'ai pas confiance, pour trois raisons. Un, parce que c'est une monnaie volatile. Deux, [le bitcoin] se prête au blanchiment d'argent. Trois, on peut devenir un narco-Etat», a énuméré Luis Mejillon, âgé de 28 ans.

Scepticisme international

Des économistes, mais également la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou la Banque interaméricaine de développement (BID) ont, eux aussi, exprimé leur scepticisme.

Au premier jour de sa légalisation au Salvador, le bitcoin a subi ses plus fortes pertes depuis son plongeon de mai, chutant de 5000 dollars en quelques minutes. Vers 18h15 (heure en Suisse), la cryptomonnaie reculait de 9% à 47'225 dollars, effaçant une bonne partie de ses gains des dernières semaines, avant de rebondir légèrement.

(ATS)

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