Mardi, Volodymyr Zelensky a beaucoup ému avec son discours devant le Parlement européen. «Nous nous battons pour notre pays et pour notre liberté. Personne ne peut nous briser», a clamé le président ukrainien. Des mots qui ont touché les députés... et le traducteur, dont la voix a tremblé à plusieurs reprises.
L'ancien comédien de 48 ans en a profité pour demander aux États membres de l'UE d'accepter l'Ukraine dans l'Union européenne. «Sans vous, l'Ukraine se retrouve seule, a déclaré Volodymyr Zelensky. L'Ukraine appartient à l'Europe, cela a maintenant été prouvé. Montrez que vous êtes européens, et alors la vie l'emportera sur la mort, la lumière sur l'obscurité.»
Un discours qui a souligné encore une fois, s'il le fallait, son rôle-clé, celui d'un héros national qui se bat avec ferveur pour son pays et la liberté de ses citoyens pendant que Vladimir Poutine se terre dans un bunker. Que se passerait-il si le président ukrainien était capturé ou même tué par les Russes? Qu'en serait-il alors du moral des Ukrainiens au combat?
Une sorte de trophée?
Benno Zogg, expert en sécurité de l'EPFZ, est convaincu que ceux-ci continueraient à combattre, même sans leur président. «Zelensky incarne l'esprit de résistance dans le pays. Sa mort ou son arrestation porterait un coup massif au moral des combattants ukrainiens», concède Beno Zogg.
Mais tout ne dépend pas de lui, poursuit l'expert de 32 ans: le moral des Ukrainiens n'est pas lié à la personne de Zelensksy, mais à son discours de mobilisation vis-à-vis de la population. «Les Ukrainiens se battent pour ce que leur président représente», explique le Zurichois, qui travaille au Think Tank du Center for Security Studies (CSS) de l’ETH Zurich en tant que chercheur senior et co-éditeur de diverses publications.
Mais quels pourraient être les scénarios si Zelensky était capturé par les Russes? «Il pourrait par exemple être présenté au public comme une sorte de trophée, explique Beno Zogg. Il est également possible que les Russes fassent pression sur le président ukrainien pour qu'il réponde aux exigences russes, voire que Moscou en profite pour demander la reddition de l'Ukraine. Et dans le cas d'un assassinat? La situation serait différente, avec un choc énorme», anticipe l'expert.
(Adaptation par Adrien Schnarrenberger)
