«Trop grand nombre»
La Commission européenne veut assouplir la protection des loups

La Commission européenne a annoncé mercredi vouloir abaisser le niveau de protection dont bénéficient les loups dans l'UE. Elle juge que leur «trop grand nombre» représente désormais un danger, notamment pour le bétail. Le WWF dénonce une proposition «scandaleuse».
Publié: 20.12.2023 à 14:23 heures
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Dernière mise à jour: 05.01.2024 à 12:10 heures

En vertu de la directive européenne «Habitats» de 1992, la plupart des populations de loups en Europe bénéficient d'une «protection stricte», assortie de possibilités de dérogations. La Commission propose de passer au statut de simple protection, plus souple et permettant d'éliminer plus facilement les loups considérés comme «étant en trop grand nombre» dans certaines régions. Cette proposition, réclamée par les éleveurs dans plusieurs pays, doit encore être approuvée par les Etats membres de l'UE.

«Le retour des loups est une bonne nouvelle pour la biodiversité en Europe. Mais la concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes est devenue un réel danger, particulièrement pour le bétail», a soutenu la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen dans un communiqué.

Conflits avec les communautés locales

Pour la Commission, le retour du loup dans des régions de l'UE d'où il était absent depuis longtemps entraîne de plus en plus de conflits avec les communautés locales d'agriculteurs et de chasseurs. Le nombre des loups dans l'Union européenne a «significativement» augmenté au cours des 20 dernières années, assure-t-elle.

Pour le WWF, une des principales ONG de défense de la nature, l'intention de Mme von der Leyen de vouloir abaisser le niveau de protection des loups dans l'UE est une proposition "scandaleuse" qui n'a "aucune justification scientifique".
Photo: WALTER BIERI

Il y en aurait maintenant plus de 20'000 dans 23 pays de l'UE et ces meutes grandissent et occupent des territoires de plus en plus grands, affirme-t-elle, se fondant sur des données collectées à sa demande dans les Etats membres. Pour le WWF, une des principales ONG de défense de la nature, il s'agit d'une proposition «scandaleuse» qui n'a «aucune justification scientifique».

Mme von der Leyen «sacrifie délibérément des décennies de travail en faveur de la protection de la nature pour son propre intérêt politique», a dénoncé l'une de ses responsables, Sabien Leemans.

La question du nombre des loups présents dans différents pays d'Europe est au cœur de vifs débats – et d'une véritable bataille de chiffres – entre éleveurs et associations de protection de l'environnement. Mme von der Leyen a elle-même eu une mauvaise expérience avec le loup : en septembre 2022, l'un d'eux s'est introduit dans un enclos de la propriété de sa famille, dans le nord de l'Allemagne, et a tué son vieux poney, Dolly.

(ATS)

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