Une ferveur hors normes
Le pape François accueilli comme une star au Timor oriental

Le pape François est arrivé lundi au Timor oriental où il a été accueilli par une foule immense et démonstrative massée le long des routes de Dili. Dans ce pays à majorité catholique, sa visite suscite une ferveur hors normes.
Publié: 09.09.2024 à 14:55 heures
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Dernière mise à jour: 09.09.2024 à 16:17 heures
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ATS Agence télégraphique suisse
Le pape François accueilli par le président du Timor oriental Nicolau Lobato à l'aéroport de Dili.
Photo: AFP

Après l'Indonésie et la Papouasie-Nouvelle-Guinée, François a atterri à 14h20 locales (07h05 en Suissee) à Dili, capitale du Timor oriental, pour la troisième étape de la tournée marathon du souverain pontife en Asie-Pacifique, la plus longue et lointaine de son pontificat, qui se poursuivra mercredi à Singapour et s'achèvera vendredi.

Le pape, apparu en bonne forme malgré un rythme effréné depuis une semaine et qui a reçu une écharpe en signe de bienvenue, a été accueilli par le président Jose Ramos-Horta à l'aéroport, fermé aux vols civils pour trois jours. François a ensuite été acclamé sur son parcours par des dizaines de milliers de personnes portant des drapeaux et parapluies officiels aux couleurs jaune et blanc du Vatican et frappés des blasons des deux Etats et du logo de la visite.

Scandale de pédocriminalité

Dans son premier discours aux autorités et au corps diplomatique au palais présidentiel, le pape a exhorté à «agir de manière responsable pour prévenir tout type d'abus» contre les «enfants et adolescents».

Une référence aux scandales de pédocriminalité dans l'Eglise de ce pays à 98% catholique, notamment incarnés par Mgr Belo, un évêque lauréat du prix Nobel en 1996 pour son rôle dans l'indépendance, accusé de violences sexuelles sur de jeunes garçons pendant une vingtaine d'années et secrètement sanctionné par le Vatican en 2020.

Si des associations et des groupes de défense des droits de l'Homme le lui réclamaient, le pape, qui a promis une «tolérance zéro» sur la question, n'a pas présenté d'excuses aux victimes, ni reconnu le rôle structurel de l'Eglise dans ces violences. Son programme ne prévoit jusqu'ici aucune rencontre avec des victimes, mais il doit s'exprimer mardi matin devant le clergé du pays.

Indépendant depuis 2002

A Dili, ville coincée entre les montagnes et les eaux turquoise du détroit d'Ombai, où les autorités avaient nettoyé les routes et relogé les SDF, on pouvait entendre des cris au passage du souverain pontife, alors que beaucoup portaient un T-shirt à l'effigie du pape.

L'histoire du plus jeune pays d'Asie du Sud-Est, une démocratie naissante de 1,3 million d'habitants, a été marquée par des siècles de colonisation portugaise, 24 ans d'occupation indonésienne (1975-1999) et un référendum soutenu par les Nations unies.

De lundi à mercredi, le pays – qui a vu l'arrivée du catholicisme par les missionnaires au XVIe siècle – connaîtra sa première visite papale depuis son indépendance en 2002, avec pour principal temps fort une messe en plein air où 700'000 fidèles sont attendus. Lundi dans la soirée, il s'exprimera devant les autorités au palais présidentiel

98% de catholiques

La dernière visite papale au Timor oriental remonte à Jean-Paul II en 1989, alors que le pays était encore sous occupation indonésienne. Depuis l'indépendance du pays au sortir d'une occupation sanglante qui a fait plus de 200'000 morts, les dirigeants de la «Génération des 75» sont considérés comme des héros de l'indépendance, à commencer par le président José Ramos-Horta, lauréat du prix Nobel.

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Dans ce pays pauvre où 98% de la population est catholique, la visite de François suscite un enthousiasme immense. «J'espère que par cette visite, le pape François apportera un message de paix», a déclaré Francisco Amaral da Silva, un professeur de 58 ans. François rencontrera entre autres des jésuites, des enfants handicapés et des fidèles catholiques.

L'un des pays les plus pauvres du monde

Les fidèles de l'Indonésie voisine traverseront même la frontière pour l'occasion: un bureau local des services d'immigration a annoncé qu'un millier de personnes feraient le déplacement. Malgré son poids dans la société, le catholicisme n'est pas la religion d'État au Timor oriental et le pays compte de petites communautés de protestants et de musulmans sunnites.

Il figure parmi les pays les plus pauvres du monde, fortement dépendant des revenus du pétrole et du gaz, qui, selon les experts, pourraient s'épuiser d'ici quelques années. Pour améliorer l'ordinaire, Silverio Tilman, enseignant de 58 ans, a installé un stand de rue à Dili pour vendre des marchandises à l'effigie du pape, récoltant 600 dollars (530 frs) en deux jours, soit plus du double du salaire mensuel moyen.

François pourrait aborder les questions économiques ou les problèmes sociaux auxquels le pays est confronté, à commencer par les violations des droits de l'homme. Le «Timor Leste» souffre aussi d'une corruption endémique, de graves violences sexistes, de violences domestiques envers les personnes handicapées et le travail des enfants reste monnaie courante.

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