Une petite lueur d'espoir
Des chercheurs réussissent à extraire le sida des cellules infectées

Grâce aux ciseaux moléculaires Crispr, une technologie récompensée par le prix Nobel de 2020, des chercheurs pensent avoir trouvé un moyen d'extraire les cellules du VIH des personnes infectées. Une lueur d'espoir pour l'Aide Suisse contre le Sida.
Publié: 22.03.2024 à 15:40 heures
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Dernière mise à jour: 22.03.2024 à 16:05 heures
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Natalie Zumkeller

Jusqu'à présent, les personnes touchées par le VIH étaient dans la situation suivante: des médicaments, mais une infection incurable. Si le virus sexuellement transmissible n'est pas détecté et évolue vers le sida, cela peut, encore aujourd'hui, signer l'arrêt de mort des patients. Des scientifiques de l'université d'Amsterdam apportent une lueur d'espoir: ils ont annoncé avoir extrait le virus du sida de cellules infectées. Ils ont utilisé pour cela les ciseaux moléculaires Crispr, une technologie qui a reçu un prix Nobel en 2020, comme le rapporte la BBC.

La technologie Crispr est un traitement de l'ADN par biologie moléculaire. Elle est également appelée «ciseaux moléculaires», car elle consiste à couper le brin d'ADN à un endroit localisé. Les petits éléments d'ADN de l'endroit traité peuvent ensuite être échangés, modifiés ou supprimés, y compris les parties introduites par le virus. Le VIH est un virus à ARN, ce qui signifie qu'il s'enferme dans l'ADN des personnes concernées et peut s'y reproduire facilement, explique Andreas Lehner, directeur de l'Aide Suisse contre le Sida. «Le VIH s'attaque aux cellules auxiliaires de notre système immunitaire. Cela signifie que les cellules qui déclenchent une réaction lorsque les virus entrent dans l'organisme ne fonctionnent plus. C'est donc notre système immunitaire qui s'effondre», détaille-t-il à Blick.

Une «petite lueur d'espoir»

Dans l'interview, Andreas Lehner explique que le traitement par la manipulation de l'ADN est certes une petite lueur d'espoir, mais qu'il a aussi ses côtés d'ombre: «Comme toute guérison possible du VIH, la technologie ciseaux moléculaires Crispr est une lueur d'espoir. Mais il est actuellement encore très incertain de savoir quand ou même si cette méthode sera un jour disponible avec succès». Les recherches doivent d'abord être poursuivies. Un traitement avec la technologie du prix Nobel coûte en outre près de deux millions de francs – des coûts à peine supportables pour le quidam. Pour le directeur de l'Aide Suisse contre le Sida, le problème n'est donc pas résolu: «Nous le mesurons aussi à l'aune l'accessibilité pour toutes les personnes touchées par le VIH. Car bien qu'il existe déjà aujourd'hui des possibilités de traitement, des millions de personnes n'ont pas accès aux médicaments vitaux».

Manipuler artificiellement l'ADN: un remède possible à l'avenir pour les personnes touchées par le VIH.
Photo: Getty Images
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À ce jour, le virus est traité avec des médicaments qui empêchent la réplication des cellules virales. C'est ce qu'on appelle la thérapie antirétrovirale. Si les médicaments sont pris quotidiennement, le virus finit par ne plus être détectable dans le sang – et donc par ne plus être transmissible. «Jusqu'à présent, les transplantations de cellules souches ont permis de guérir le VIH, mais ce procédé coûteux et risqué n'est pas adapté à une utilisation à grande échelle, il s'agit avant tout d'un traitement contre le cancer». Une guérison ne sera probablement pas possible dans un avenir proche.

Le virus est faiblement transmissible

Le VIH se manifeste à quatre stades différents, la première phase pouvant notamment donner lieu à des symptômes tels que la fièvre, des douleurs musculaires ou des éruptions cutanées, et le virus se propage beaucoup. «Vient ensuite une phase sans symptômes, qui peut durer plusieurs années», explique Andreas Lehner. «Le VIH affaiblit cependant continuellement le système immunitaire». Dans une troisième phase, on assiste à une déficience immunitaire, le sida apparaissant réellement: «A ce stade, le système immunitaire est si fortement altéré qu'il ne peut plus empêcher des maladies graves, potentiellement mortelles, et effectivement mortelles.»

Or, le virus se transmet exclusivement lors de rapports sexuels non protégés, du partage d'aiguilles, de l'accouchement ou de l'allaitement. La prévention et l'utilisation d'aiguilles propres sont donc essentielles.

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