Une victoire imminente?
Les Russes pourraient prendre Kiev plus tôt que prévu

Face à la progression à une cadence infernale de l'armée russe, une question hante désormais les officiels ukrainiens: la Russie lancera-t-elle une grande offensive à la fin du printemps pour finir le travail?
Publié: 10.04.2024 à 11:27 heures
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Dernière mise à jour: 27.04.2024 à 15:54 heures
Laurent Barbe

D'Oleg Kalachnikov, porte-parole d’une brigade ukrainienne engagée à Tchassiv Iar – non loin de Bakhmout – jusqu'à Volodymyr Zelensky sur la chaîne CBS le 28 mars, cité par «20 Minutes»... Tous l'avouent sans détours: l'armée ukrainienne souffre.

Mais pour le colonel et historien Michel Goya, «les Ukrainiens dramatisent forcément ce genre de situations [pour accélérer l’arrivée de l’aide occidentale] mais ils n’ont pas forcément d’éléments concrets pour savoir s’il y aura une offensive majeure ou pas.» Qu'importe: tous les dirigeants ukrainiens redoutent aujourd'hui une offensive majeure de Moscou, entre mai et juillet.

L’équivalent des deux tiers d’Andorre... grignoté en quatre mois!

En quatre mois, «les Russes ont conquis l’équivalent des deux tiers de la principauté d’Andorre» martèle Michel Goya.

Selon le général français Vincent Desportes, on ne peut pas exclure que «les Russes soient à Kiev en septembre, puis dans l'ouest du pays en octobre».

Pour le général français Vincent Desportes, les choses sont désormais claires: «Les dynamiques se sont inversées en faveur de la Russie, qui a rétabli sa capacité de combattre lors de la deuxième année de guerre. Aujourd’hui, l’industrie russe produit plus d’armements qu’avant la guerre et produit deux fois plus de drones que l’Ukraine.» Selon le général, la Russie dispose également d'une «épaisseur démographique qui lui permet de tenir le front et de former de nouvelles troupes».

Mais Michel Goya tempère là encore le débat, en précisant qu’il faut d’abord former les nouvelles recrues russes. Un travail éminemment chronophage: « Il peut y avoir un accroissement du potentiel russe à partir de l’été, à condition qu’on puisse équiper tout le monde correctement, estime-t-il, en admettant toutefois que d’ici là, la tendance favorable aux Russes allait se maintenir.

L'urgence? Fournir du béton, des mines, des obus et des armes

«Si les Ukrainiens continuent à être rationnés en termes de munitions, petit à petit, le rapport de force va un peu augmenter en faveur des Russes», prévient Michel Goya. Qui plus est avec l'augmentation des températures et l'assèchement des sols, qui faciliteront leurs opérations.

D'après le colonel, la pression devrait encore s'accentuer dans le Donbass: «Ça use les Ukrainiens.» «Une percée n’est pas probable, mais elle est tout à fait possible. Et si elle avait lieu, les Ukrainiens ne pourraient vraisemblablement l’arrêter», s’inquiète de son côté le général Desportes, qui appelle à donner aux soldats ukrainiens tout ce dont ils ont besoin pour, dit-il, «fermer le front».

En clair: fournir aux soldats ukrainiens du béton, des mines, des obus, des armes antichars, antiaériennes et anti-réseaux pour casser les capacités russes. Sinon? «L’Ukraine perdra la guerre», a prévenu dimanche Volodymyr Zelensky pour inciter les élus américains à débloquer l’aide de 60 milliards de dollars promise par Joe Biden.

Et Michel Goya de conclure: «Dans une guerre de positions comme celle-ci, si vous voulez attaquer une position retranchée avec de bonnes chances de la conquérir, il faut neutraliser la défense. Et ça passe par une pluie d’obus. Malheureusement pour les Ukrainiens, ces obus, ils ne les ont pas. Il faut que les Ukrainiens reconstituent leur puissance de feu, mais on ne sait même pas quand ce sera possible en réalité.»

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