Zelensky à l'OTAN
Vilnius, une capitale dont le coeur bat pour l'Ukraine en lutte

Impossible de ne pas les voir ou de ne pas les croiser. Partout dans les rues de la capitale lituanienne, les affiches et les slogans de soutien à l'Ukraine en lutte ont fleuri pour le sommet de l'OTAN
Publié: 11.07.2023 à 19:16 heures
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Dernière mise à jour: 11.07.2023 à 22:47 heures
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Richard WerlyJournaliste Blick

Vilnius n’est pas la capitale d’un pays en guerre. Mais partout, l’Ukraine en lutte pour sa survie y est omniprésente. Posters, photographies, slogans, caricatures dessinées sur les murs… et des drapeaux bleu et jaune plantés sur les balcons, les autobus ou les voitures.

La Lituanie, comme ses deux autres voisins baltes, ne pouvait pas être plus explicite alors que le sommet de l’OTAN se déroule à l’écart de la ville. À chaque pas dans cette cité historique, les diplomates, les ministres et les chefs d’État ou de gouvernement des 31 pays membres de l’Alliance tombent sur le même spectacle: un soutien affiché à l’Ukraine et à son président, Volodymyr Zelensky. Lequel s'est, dès son arrivée, offert un bain de foule lors d'une allocution publique suivie par des milliers de spectateurs.

Kiev, contre Moscou

Pas une capitale en guerre? La question mérite d’être posée. Pour beaucoup de Lituaniens rencontrés ici, la nécessité de soutenir Kiev contre Moscou est juste une évidence. En face de la scène où le président ukrainien prendra la parole ce mardi soir, les murs d’un bâtiment gouvernemental exposent une série de photos incrustées dans la pierre. Elles disent la lutte des dissidents lituaniens sous le joug soviétique. Une sorte de chemin de croix politique. Un parcours de la rédemption avec force légendes et témoignages.

Des milliers d'habitants de Vilnius sont venus applaudir Volodymyr Zelensky dès son arrivée dans la capitale lituanienne
Photo: Richard Werly
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Marta a la soixantaine. Toute la soirée de lundi, cette enseignante a patienté devant la place de la cathédrale Saint-Stanislas dans l’espoir d’apercevoir, au milieu des cortèges de Mercedes noires, la voiture de Joe Biden. Raté. Le président américain, après un court échange avec un petit groupe d’habitants à sa descente d’avion, n’a pas recommencé l’exercice. Tant pis. Marta fait partie de ces Lituaniens pour qui accueillir le sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord est un événement historique majeur. «Nous montrons à Poutine et aux Russes qu’ils ne nous domineront plus jamais, explique-t-elle, en tendant un fanion aux couleurs ukrainiennes à son petit-fils, affairé sur sa trottinette. A Moscou, ils ne comprennent que la force.»

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Certains dessins sont plus émouvants que d’autres. Au pied du ministère des Finances, sur l’avenue principale de Vilnius, une jeune fille porte à bout de bras la carte de l’Ukraine, auréolée d’étoiles européennes. Même spectacle de solidarité sur la façade de la représentation de la Commission européenne: de grandes photographies relatent les visites à Kiev de tous les dirigeants de l’UE, venus témoigner leur solidarité.

La Lituanie sait qu’elle ne pèse pas lourd avec ses 2,8 millions d’habitants, face au géant Russe. Mais dans ce pays dont environ 10% des citoyens sont russophones, le fantôme de l’ex-URSS plane toujours. La loyauté de cette communauté toujours proche de la Russie voisine, avec l'enclave de Kaliningrad, est souvent questionnée. Un musée entier est dédié aux souffrances de l’époque soviétique: entendez les exécutions, les déportations, les emprisonnements arbitraires. Soutenir l’Ukraine? «C’est nous défendre aussi», juge un jeune homme, assis avec sa copine sur l’herbe, devant la scène où Volodymyr Zelensky doit prendre la parole.


Que penseront-ils, ces habitants de Vilnius, si l’OTAN ne promet pas à l’Ukraine les garanties de sécurité qu’elle réclame? Difficile d’obtenir une réponse. La Lituanie, comme l’Estonie ou la Lettonie, est, depuis son intégration en 2004, un pays membre de l’Alliance aux ordres des États-Unis. Mieux: le pays possède une frontière avec la Russie, où l’Allemagne vient d’accepter de déployer sous peu une brigade de la Bundeswehr, forte de 4000 soldats.

Pas question, à Vilnius, de critiquer le protecteur américain dont le parapluie sécuritaire est si indispensable. La police du ciel des pays Baltes est pourtant assurée par les armées de l’air des pays européens, dont la France. C’est à l’Union européenne que ces trois états doivent leur nouvelle prospérité depuis vingt ans. Mais en matière de défense, les consignes de Washington sont vécues comme des ordres.

«Il nous faut être unis face à la Russie. Unis derrière l’Ukraine bien sûr. Mais unis d’abord derrière la première puissance mondiale que sont les États-Unis», assène un diplomate lituanien, dans la salle de presse du sommet.

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