Nouveaux accords bilatéraux de réduction d'émissions
La Suisse paiera le Chili et la Tunisie pour continuer de polluer

Le Département fédéral de l'environnement (DETEC) a annoncé dimanche avoir conclu des accords avec la Tunisie et le Chili pour comptabiliser leurs réductions d'émissions de gaz à effet de serre. Ces accords sont jugés inéquitables par certaines ONG environnementales.
Publié: 10.12.2023 à 22:11 heures

Le ministre de l'Environnement Albert Rösti a signé samedi deux accords bilatéraux de réduction des émissions de CO2 avec le Chili et la Tunisie lors de la Conférence mondiale sur le climat (COP28) à Dubaï. Ces accords permettent de réduire les émissions au Chili et en Tunisie tandis que la Suisse peut comptabiliser les émissions ainsi économisées dans son propre bilan.

Ce type d'accords internationaux est vivement critiqué par certaines ONG environnementales. Elles estiment en effet que la Suisse profite de sa richesse pour payer des pays pauvres afin qu'ils fassent les efforts qu'elle refuse de réaliser sur son sol.

La Confédération avait déjà été épinglée sur cette question en 2022 par le «New York Times». Le journal étasunien se demandait alors si ce mécanisme est vraiment «équitable» et craignait que l'exemple helvétique encourage d'autres nations fortunées à continuer de polluer tout en payant d'autres Etats pour comptabiliser leurs réductions d'émissions à leur compte.

La Confédération a conclu un accord bilatéral avec le Chili pour comptabiliser les réductions d'émissions du pays sud-américain à son propre compte. Maria Heloísa, ministre de l'Environnement chilienne, prononce un discours lors de la COP28 à Dubaï le 9 décembre 2023.
Photo: DUKAS

Albert Rösti défend les accords

Les deux parties profitent de ces accords bilatéraux, a écrit dimanche le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) dans un communiqué. Le lieu où le CO2 est réduit ne joue aucun rôle pour le climat, a déclaré Albert Rösti sur les ondes de la SRF. Avec de tels projets à l'étranger, les émissions sont réduites plus rapidement qu'avec des mesures supplémentaires difficiles et coûteuses en Suisse, a estimé le conseiller fédéral UDC.

Lors de la COP28 à Dubaï, un bilan intermédiaire a été dressé sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre de l'accord de Paris. Selon ses propres indications, la Suisse s'est engagée à cette occasion pour que tous les pays participent de manière équitable au financement des dommages climatiques dans les pays pauvres.

Des paroles aux actes

Selon la SRF, Albert Rösti s'est rendu à Dubaï avec deux objectifs: il voulait montrer tout ce que la Suisse avait déjà accompli et faire comprendre qu'un cofinancement était attendu de la part des pays à fortes émissions. Le ministre suisse de l'Environnement a ajouté qu'il ne prononcerait toujours pas d'interdiction en Suisse, comme pour «le chauffage à mazout» par exemple.

En séance plénière de la COP28, Albert Rösti a déclaré qu'il fallait trouver un moyen de sortir des subventions pour les énergies fossiles. Sur la SRF, le chef du DETEC a justifié la récente décision du Conseil fédéral de continuer à subventionner le diesel et l'essence pour les agriculteurs et les exploitants de remontées mécaniques. Il a déclaré qu'une taxation supplémentaire pèserait davantage sur les personnes concernées, de sorte qu'elles n'auraient plus d'argent pour construire des installations solaires par exemple.

(Blick avec ATS)

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