La chronique de Benjamin Décosterd
Kucholl et Veillon au Paléo: pourquoi je ne suis pas objectif (ni sur scène)

Ce samedi soir, l’humour était à l’honneur avec les Vincent et leur «52’ sur scène». Un concert qui réunissait tout le gratin du rire romand. C’est donc très logiquement que notre chroniqueur Benjamin Décosterd n’était pas sur scène mais en coulisses.
Publié: 28.07.2024 à 08:10 heures
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Dernière mise à jour: 28.07.2024 à 12:29 heures
Benjamin Décosterd, auteur et humoriste

Comme brillamment démontré cette semaine, tant les programmateurices culturel·le·s·x, les politiciennes que les journalistes ne sont que des égos sur pattes qui médisent sur leur propre milieu. Et bien sachez qu’en humour, il n’en est rien. Non non vraiment, rien à signaler.

Votre chroniqueur préféré, pris en plein délit de lucidité sur l’humour romand.

Je vous assure, tout roule:

  • «Lui?! Sur France Inter?!»
  • «C’est quand même fou le décalage entre le nombre de vues et le nombre de blagues.»
  • «Elle fait un peu trop de stories, non?»

... sont autant de phrases qui n’ont JAMAIS été prononcées par des collègues ou moi-même.

Un concert a réuni tout le gratin du rire romand au paléo, ce samedi soir. L'occasion pour notre chroniqueur Benjamin Décosterd de nous inviter en coulisses.

C’est donc très confiant que j’arrive sur le site Paléo en ce samedi soir. Petit passage obligé par le Cosmo (bar sans plèbe et cellule psychologique pour professionnels en mal de reconnaissance), pour boire un (ok, deux...) pastis avec mon chef d’antenne à Couleur 3. Oui, je bouffe et bois à tous les râteliers. Mais ce n’est pas parce qu’on est indépendant qu’il n’y a pas de problèmes RH – Ressources Hépatiques.

Bon si ça se trouve, ce n’est pas mon chef d’antenne. Je n’en sais rien. L’organigramme RTS est aussi compliqué à comprendre que les paroles de Caravan Palace en concert (je cite: «Wadubidubiwadu»). Je sais juste qu’à la RTS, tout le monde est responsable de quelque chose, sauf des problèmes.

La biennale Illuminati

Et il y en a eu des problèmes cette semaine, avec les accusations de censure, par Couleur 3, de la cause palestinienne lors du concert de Sami Galbi (#EmojiPastèque). Alors... pour être un peu insider je peux vous assurer que tout cela est faux. J’en discutais encore l’autre jour avec Bernard-Henri Levy, Raphaël Enthoven et Gilles Marchand à la biennale Illuminati et nous étions tout à fait d’accord sur l’importance de rester neutres en la matière. Bon, après on s’est embrouillés pour savoir qui allait récupérer les deux francs de consigne des verres, mais ce n’est qu’un détail.

Revenons plutôt sur le concert de Caravan Palace: super! Contrairement à Gazo et Tiakola hier soir, j’étais en phase avec ce public qui aime danser tout en gardant le haut du corps digne. Rarement j’ai vu autant de trentenaires bobos sur la même longueur d’ondes: on était à deux doigts de s’inventer des névroses existentielles pour compenser nos enfances de privilégiés.

Et les Vincent dans tout cela?

Après Caravan Palace (aka Vanlife HotelCher, parce qu’il n’y a pas de raison que je fasse des jeux de mots de boomer uniquement sur les groupes de rap nuls/pour les jeunes), petit moment de flottement. Je dois retrouver mes amis, tout en correspondant avec mon immersion du soir, Thomas Wiesel. Résultat: un enchainement de «T’es où?», on se serait cru dans les DM d’Alexandre Kominek avec son public féminin à deux heures du matin.

Thomas m’informe que – pour une fois et contrairement aux apparences – il n’est pas le plus saoulé d’être là. Il faut dire que 52’ sur scène c’est une dizaine d’artistes optimistes et enthousiastes, ainsi que Vincent Kucholl.

Un cliché pris depuis les coulisses de Vega. Et vous n’avez pas idée à quel point c’est impressionnant... de recevoir cette photo sur WhatsApp.

Quant au concert des Vincent, je ne suis pas objectif. D’un côté, c’est les copains et ils sont à Paléo devant 20'000 personnes! Je ne sais pas si vous vous rendez-compte de ce que ce nombre implique en termes d’amour et de longévité d’amour. Donc ça, c’est super.

De l’autre, «les chansons drôles» sont l’un des trucs qui me cringe le plus au monde. Parce que bon, ce n’est pas en remplaçant «Oh Djadja» par «Oh Jura» que Baudelaire va se retourner dans sa tombe. Donc ça, c’est moins super.

Dans ce contexte, comment faire la synthèse de tout cela? Comme après un spectacle dont vous ne savez pas quoi penser, vous retrouvez les artistes, vous souriez un peu trop fort et vous dites «belle énergie!» Bien sûr, il faut faire attention d’encourager les éternels bileux (je ne vous donnerai pas de noms), tout en ne félicitant pas trop ceux dont on sait qu’on ne récupérera plus les egos après une jauge de 20’000 (je ne vous donnerai pas de noms, mais vous pouvez deviner qui).

Je vous laisse, il est tard et je dois aller boire des verres et parler de moi avec mes copains égocentrés. Je vous remercie pour votre lecture attentive. Vous êtes supers. Vraiment: belle énergie!

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