La chronique de Benjamin Décosterd
Vendredi au Paléo: j’aurais mieux fait de regarder les JO

Quatrième jour de Paléo et une absence totale de forme olympique chez Benjamin Décosterd au moment de cette chronique en immersion avec les campeurs et bénévoles du festival nyonnais.
Publié: 27.07.2024 à 08:00 heures
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Dernière mise à jour: 27.07.2024 à 09:47 heures
Benjamin Décosterd, auteur et humoriste

Désolé, mais je n’en PEUX PLUS. Alors oui, cette semaine, je suis grassement payé pour un job relativement simple: me moquer de gens qui tendent le bâton. Mais cela implique des trucs plus compliqués comme, par exemple, NE (QUASIMENT) PAS DORMIR.

Sans compter que tous les matins, à chaque publication de chronique, je dois ménager les égos des gens nommés et protéger l’anonymat de ceux évoqués. Flemme de faire du service après-vente: débrouillez-vous pour trouver quelqu’un qui suce sur le dos.

Donc voilà, je vous préviens déjà, cette chronique n’aura aucun sens.

La cérémonie d’ouverture des JO – entre la pluie et Céline Dion – ressemblait plus à Paléo que Paléo, selon Benjamin Décosterd.
Photo: AFP

Et pour ne rien arranger à ma fatigue, mon immersion du vendredi consistait à retrouver Robin Chessex (pote/humoriste/campeur du Paléo). Il est 11h du matin, Robin me téléphone «pour savoir ce qu’on fait». Parce qu’évidemment quelqu’un qui a remplacé les murs par de la toile de tente sous 30° ne peut pas faire de grasse matinée pépère. Même s’il a fini à 4h du matin la veille/tout à l’heure et qu’au téléphone, il vous parle avec la voix de Michel Zendali:

«
«J’te cache pas qu’on arrive dans le dur. Bon en même temps, c’est pas comme si on devait faire décoller Apollo aujourd’hui»
Robin Chessex, pas employé de la NASA
»

Donc direction la plage de Crans (VD) pour se baigner dans le lac et les restes de jus de caves de Crans (VS) portés jusqu’à nous par les crues du Rhône d’il y a trois semaines. Robin trouve que «ça fait vraiment du bien», je n’ose pas lui parler de l’invention de la douche (après tout, ce monsieur vit dans une tente).

Il est 13h, soit le moment d’aller manger des filets de perche du Léman élevés au jus de cave de Crans (VS), en buvant 5 dl de Chasselas, deux bières et deux expressos. On était donc à un digestif d’avoir également le mode de vie de Michel Zendali.

Le repas des champions.

Après avoir mangé, nous nous dirigeons vers le camping du Paléo. En signe de reconnaissance pour lui avoir offert le repas, Robin me tend un bon pour une douche chaude. Je crois qu’il s’agit de la monnaie d’échange des gens qui dorment ici.

Histoire de ne pas choper des puces de caves de Crans (VS), je traverse le camping jusqu’aux sanitaires. En chemin, je constate que les campements regroupés sont autant d’occasions d’afficher des causes défendues. Causes qui vont des drapeaux de prières tibétains au FC Liverpool. Et évidemment, comme dans tout camping de festival, il y a un drapeau jurassien avec des types bourrés à côté.

La douche chaude (valeur CHF 4.-) est effectivement chaude, même s’il fait tellement chaud qu’on aurait préféré qu’elle soit froide. Est-ce la preuve que – face au réchauffement climatique – le système capitaliste est vain et court à sa perte? Je ne sais pas, je suis fatigué.

Enfin propres, Robin et moi nous dirigeons vers le festival. Le concert d’Olivia Ruiz a déjà commencé. Il est retranscrit sur les écrans par une interprète en langue des signes. L’occasion de constater deux choses:

  • Olivia Ruiz – estimant qu’il n’y a pas de raison que les sourds passent à côté d’Olivia Ruiz – arrive à déguiser son égocentrisme en inclusivité (et franchement, chapeau).
  • Pendant les solos de guitare, la femme qui signe fait du «air guitare». Comme si en plus d’être sourds, ces gens étaient cons.

Je suis assez vite parti pour suivre l’équipe qui accepte de nettoyer les toilettes du Paléo bénévolement (et dire que je galère à trouver des potes pour m’aider à déménager). Blick, numéros 1 sur l’investigation: je suis l’Élise Lucet du transit des festivaliers.

Désolé, c’est la fatigue.

Malheureusement pour la dramaturgie de cette chronique, tout est calme niveaux WC. Trop occupé à constater cela, vous vous doutez bien que je n’ai pas entendu Véronique Sanson... (Vous l’avez? Désolé, c’est la fatigue.) Comme jeudi quand je n’ai pas pu entendre la chanteuse lausannoise Silance (PTDR jpp).

Je me suis rattrapé en écoutant le début du show de Gazo et Tiakola. Après les Jurassiens du camping, je crois que le public était valaisan: tout le monde s’appelait «frère», ou «cousin» (à ce stade je ne sais pas si cette vanne de boomer me fait rire ou me désespère). Sinon:

  • Tiakola avait l’air un peu bête avec son sac à dos d’écolier Louis Vuitton qui avait l’air cher.
  • Tiakola, ça me fait penser à un nom de marque de cola alternatif pour bars à bobos («Désolé, on n’a pas de coca, mais on peut vous proposer un Tiakola zéro, il est brassé dans une maison de quartier par des réfugiés ukrainiens sous statut S.»)
  • Il y avait beaucoup d’auto-tune. C’était pas très bien. Je suis vieux.

Mais le plus grave avec tout ça, c’est que j’ai raté la cérémonie d’ouverture des JO qui – entre la pluie et Céline Dion – ressemblait plus à Paléo que Paléo. Alors qu’à la base, ces Jeux olympiques tenaient plus du Vibiscum Festival: plus ça avançait, moins ça avait l’air prêt.

FIN

(Désolé mais comment voulez-vous qu’un article qui n’a aucun sens ait une conclusion?)

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