La chronique de Jacqueline de Quattro
Asile ou comment décourager les bonnes volontés

Pour cette chronique, la conseillère nationale PLR vaudoise Jacqueline de Quattro revient sur le manque d'indemnisation, en cas de dégâts, des personnes hébergeant des demandeurs d'asile. Cette absence de réparation est, selon la Vaudoise, une lacune qu'il faut combler.
Publié: 03.07.2024 à 13:09 heures
Jacqueline de Quattro, conseillère nationale PLR

Saviez-vous que les personnes, qui hébergent chez elles des demandeurs d’asile ou des détenteurs du permis S, ne sont pas correctement indemnisées en cas de dégâts occasionnés par ces derniers? Seule une partie des coûts est remboursée par les assurances. Et pour décrocher une réparation, il faut endurer un véritable parcours de combattant: multiplier les démarches, relancer, faire preuve d’une très grande patience. De quoi décourager toutes les bonnes volontés.

Pourtant, de nombreux citoyens acceptent d’accueillir des personnes ou des familles qui fuient la guerre et les crises. Elles les aident à se loger, à trouver un emploi, à organiser leur quotidien. Elles ne ménagent ni leur temps ni leur énergie. Mais leur générosité est souvent mal récompensée. Le matériel mis à disposition est endommagé, cassé, les surfaces habitables mal entretenues, abîmées, crasseuses. Ces cas ne sont malheureusement pas des exceptions. 

Cette lacune doit être comblée!

La facture peut atteindre plusieurs milliers de francs. Les personnes lésées se retrouvent démunies, abandonnées avec le désagréable sentiment d’avoir été utilisées. Certes, l’assurance en responsabilité civile des établissements d’accueil des migrants couvre une partie des risques mais à des conditions très strictes. Car les personnes assurées par la RC (aux frais des contribuables d’ailleurs), sont les requérants qui souvent disparaissent dans la nature.

Les personnes qui hébergent des demandeurs d'asile ne sont pas correctement indemnisées en cas de dommages, s'indigne Jacqueline de Quattro. La conseillère nationale souhaite y remédier.
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«Ne serait-il pas plus judicieux que ce soient les centres d'accueil qui concluent directement une assurance RC pour pouvoir dédommager les citoyens?»
Jacqueline de Quattro, conseillère nationale PLR
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Les complications commencent alors et s’enchaînent. L’établissement d’accueil des migrants renvoie à l'assurance. Celle-ci exige des factures et des quittances que personne ne conserve. Elle n'envoie pas non plus d'expert sur place, contrairement à ce qui se passe en cas de véhicule sinistré. Dans le meilleur des cas, elle accorde un forfait à bien plaire mais le solde et la remise en état sont à la charge des citoyens. C’est une protection insuffisante.

Cette lacune doit être comblée rapidement. A la rentrée parlementaire, je vais demander au Conseil fédéral comment il entend remédier à cette situation. Ne serait-il pas plus judicieux que ce soient les centres d'accueil qui concluent directement une assurance RC pour pouvoir dédommager les citoyens, quitte ensuite à se retourner ensuite contre les personnes ayant commis des déprédations?

Une politique d'asile explosive

Surtout qu’iI est inutile d’ajouter de nouvelles tensions sur le front de l’asile. Notre politique migratoire est déjà assez explosive. En effet, l’exaspération de la population grandit. Elle a du mal à comprendre que les requérants puissent bénéficier dès le premier jour de leur arrivée en Suisse de soins médicaux et dentaires, d’un logement et même d’argent de poche, alors que de nombreux citoyens ont de la peine à joindre les deux bouts. Colère également face aux incivilités et à la petite délinquance de certains requérants. 

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«Aucun manquement n’est acceptable quand la solidarité et le dévouement sont en jeu»
Jacqueline de Quattro, conseillère nationale PLR
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Si nous voulons rester fidèles à nos valeurs humanitaires et continuer à accueillir ceux qui ont droit à notre protection, nous devons combattre les abus et les conséquences négatives de notre système. Le problème du dédommagement est incontestablement une faille. Aucun manquement n’est acceptable quand la solidarité et le dévouement sont en jeu. Il n’est pas admissible de laisser ces personnes sans appui. La bienveillance a des limites. 

D’autant plus que la Confédération et les cantons encouragent la population à accueillir les personnes en détresse. Trouvons donc des solutions qui permettent aux personnes de poursuivre leur engagement sans pour autant être pénalisées. Apportons-leur notre soutien. Montrons notre reconnaissance, car leur engagement est aussi exemplaire qu’indispensable. 

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